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Le Blog de Cristau de Hauguernes

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13 juillet 2025

Saison des champignons 2025 : les morilles s'accrochent à la vie...

Adishatz,

Alors que l'automne 2024 a plongé le règne fongique béarnais dans un coma dépassé dont il n'est, à la date où je rédige, toujours pas sorti, la courte saison des morilles, qui nourrissent nos inquiétudes ces dernières années, était particulièrement guettée. Et l'occurrence d'un mois de mars assez chaud et plutôt sec n'aidait pas à l'optimisme.

Aussi c'est avec un certain soulagement que j'accueillis les premières le 27 mars, filiation de passages pluvieux assez faiblards intervenus à partir du 23 mars. Une bonne semaine de retard par rapport aux années précédentes. Les morilles juvéniles étaient un peu plus nombreuses à la date du 31 mars, malgré un ciel toujours aussi avare.

Je fus un peu surpris en constatant qu'une pousse un peu plus importante s'est déclenchée entre le 1er et le 6 avril en l'absence de conditions météorologiques plus amènes et alors qu'une nouvelle hausse annoncée des températures faisait craindre un scénario à la avril 2024.

 

Pour une fois, le coup de chaud se limita à une pointe à 25°C le 8 avril et par la suite le retour de conditions beaucoup plus humides et fraîches a permis aux morilles d'accomplir leur destin jusqu'au début de la dernière décade du mois, la pousse prenant encore de l'ampleur entre le 10 et le 13 avril avant de plafonner puis de s'éteindre dans le silence des ripisylves et des parterres d'ail des ours.

Sur ma seule morillère d'élection, 2025 termine à 48 spécimens recensés, c'est plus du double de l'an dernier et près de quatre fois le résultat de 2023, un des plus piètres des vingt dernières années. On est très en deçà des standards des années 2000 mais on ne peut que se réjouir, même si cela demande confirmation, en observant que la courbe est enfin repartie à la hausse. Sur l'ensemble des placiers parcourus entre la fin du mois de mars et du mois d'avril le ressenti est autrement plus mitigé, des morilles en comité bien restreint dans la plupart des cas, une ou deux grosses déceptions en constatant que certains de mes rares "coins" mirifiques avaient passé leur tour et, de façon minoritaire une ou deux bonnes surprises dans des sites fréquentés. Les amateurs sont en droit de se demander ce que cette saison aurait donné avec des pluies plus abondantes fin-mars...

Je referme cette toujours trop brève parenthèse morilles 2025 sur une réflexion inspirée par la contemplation de quelques très beaux sujets épanouis sous les ailes luxuriantes de l'ail des ours en deuxième quinzaine d'avril. On s'accorde pour dire qu'une végétation trop haute et trop avancée est un facteur limitant de la pousse des morilles, le mycélium renonçant, comme d'emblée disqualifié avant même le départ d'une course perdue d'avance. Or c'est aussi cette couverture végétale qui permet à quelques morilles courageuses de prospérer et de perpétuer l'espèce en tempérant la chaleur et l'ardeur des coups de soleil dans la traversée du mois d'avril.

 

La chose devient si rare ces dernières années, en cette mi-juillet, alors que les mousserons, leurs contemporains, ont fortement déçu, et que les cèpes ont migré avec Tintin sur la face cachée de la Lune, les morilles, même timidement, constituent pour notre seul motif d'espoir et de satisfaction.

Adishatz.

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10 juillet 2025

Saison des champignons 2025 : Rêves de cèpes...

Adishatz,

Je traverse des heures insolites. Mes nuits sont peuplées de cèpes. Je rêve de chapeaux roux émergeant de la litière du dernier automne et de têtes noires coiffées par ces chattons de juin dont l'odeur puissante et singulière donne toujours le coup d'envoi de mes étés. Voilà qu'il me semble voir des cèpes comme un voyageur mourant de soif croit apercevoir des étendues d'eau dans le lointain des sables désertiques.

Depuis la pousse soudaine et atypique de la fin du mois d'août 2024 mes écosystèmes ont sombré dans une indigence fongique telle que la simple rencontre d'une russule émétique vous transporte de joie. Les amanites et les russules sont rarissimes et les bolets autres que cèpes tout bonnement introuvables. Seules les girolles dans des conditions moins favorables (il fait plus chaud et plus sec) envoient timidement des signaux indiquant qu'avec un peu moins de chaleur et davantage de pluie la fièvre jaune pourrait repartir comme en 2024.

Les mois d'avril et de mai ont sensiblement reproduit les mêmes conditions défavorables à la venue des premiers cèpes que l'an dernier. Même modérée, l'instabilité orageuse tenace a généré des précipitations froides itératives sur des sols encore saturés en eau et peinant à se réchauffer. Aux abats d'eau record du début de l'automne ont succédé un hiver et un début de printemps si faiblement ensoleillés qu'il y eut très peu d'évaporation. Hormis les milieux à découvert, les écosystèmes n'ont commencé à sécher que très tardivement et on sait depuis longtemps que ces conditions humides font le vide dans nos paniers.

Il aura donc fallu attendre  une dernière semaine de mai beaucoup plus ensoleillée et ponctuée d'un pic de chaleur pour que je décelasse un premier aestivalis le 5 juin, à l'expérience et de très haute lutte. Mais très vite il fallut se rendre à l'évidence, ce cèpe était désespérément seul dans les bois de ma connaissance.

Par la suite ni les orages assortis de grêle de la première quinzaine ni la hausse sensible des températures observée dans le courant d'un mois de juin de plus en plus ensoleillé et sec n'ont réellement infléchi la tendance, on a bien vu quelques cèpes à l'unité entre le 20 et le 26 juin mais les sujets étaient chétifs, manifestement en souffrance, ce qui n'est pas sans me rappeler ceux de la saison 2023 de sinistre mémoire.

Depuis le 26 juin l'activité fongique est retournée à la poussière. Seuls quelques palomets, signatures des saisons chaudes, sourdent encore de l'argile. Si l'on admet que le sol des sous-bois était encore riche en eau avant la grande bascule vers la chaleur et l'aridité à la mi-juin, peut-être devrons-nous tout simplement attendre que le stress hydrique opère pour que la situation se débloque dans le courant de l'été ou de l'automne. La belle saison ayant ce pouvoir de transformer des citrouilles en carrosse. À condition bien sûr qu'il pleuve en quantité dans des délais raisonnables.

 

Ceci étant posé je me garderai bien de tout pronostic pour la bonne et simple raison que ce que j'observe dans mes écosystèmes est inédit et que l'explication facile, et donc tentante, de sols trop froids et durablement saturés en eau en début de saison, peut nous faire passer à côté d'un problème beaucoup plus grave, de nature à influer sur l'année entière voire au-delà. Avec le climat déjanté et extrême qui est notre lot, le vivant est soumis à rude épreuve...

En attendant croisons les doigts et continuons à rêver...

Adishatz.

11 février 2025

Le temps de l'année 2025 près de Salies de Béarn

Adishatz,

(Mise à jour le 09 juin)

Comme Mulat Barbe, le berger de 1000 ans moins un jour, je finis par me demander si je reverrai avant de quitter ce monde ma verte campagne de Lasbordes sous blanc manteau de neige. Naguère, ce spectacle enchanteur se donnait à admirer au moins une fois par hiver, le temps d'une matinée, rarement plus d'une ou deux journées. Depuis la fin du mois de février 2018 plus aucune chute de neige avec tenue au sol ne s'est produite par ici et jamais un si long délai n'avait été observée jusque là.

Sale temps sur le climat, sale temps sur les hommes retranchés ou (en)trainés dans la folie furieuse et les passions morbides d'une poignée de décideurs tout puissants et leurs larbins forcenés qu'on appelle abusivement "politiques" pour entretenir l'illusion de tous ceux qui n'ont pas encore compris le manège et retarder le plus possible le moment où ils en descendront comme nous l'avons fait. Débranche...

Dans ces circonstances crépusculaires, nous chercherons à nous consoler en constatant que localement, sur le plan des températures, à ce jour, l'hiver a été correct, contrairement au précédent.

Janvier :

La matinée du 1er de l'an aura marqué le point d'orgue de la période froide assez vive qui a caractérisé les fêtes de fin d'année 2024. Une gelée sévère, -5°C, puis une rapide remontée à 7°C dans l'après-midi.

Du 2 au 11 janvier dans une ambiance radoucie mais sans excès (9 à 14°C en après-midi,) plusieurs perturbations actives survolent la contrée à jour passé, générant des précipitations copieuses (un cumul de 66 mm.

Dans la nuit du 11 au 12 janvier un très net basculement des vents au nord, doublé d'un retour de l'anticyclone, favorise un refroidissement spectaculaire. Après un retour des gelées dès la matinée du 12 (-2°C) la journée du lundi 13 est glaciale, sans doute la plus froide de l'hiver. Il gèle à -7°C en fin de nuit et on atteint péniblement 1°C en début d'après-midi. La nuit suivante promettait d'être encore plus froide mais la survenue de nuages bas imprévus a enrayé la mécanique, on se satisfera de -5°C. Le temps reste sec et très froid jusqu'au 19 janvier où il gèle encore à -4°C tandis que les après-midis restent bloqués à 3 ou 4°C.

Entre le 20 et le 30 janvier, le flux zonal revient en force. La bascule des vents au sud-ouest dans un premier temps sonne le glas des gelées tout en faisant remonter les températures maximales entre 11 et 16°C. Il favorise aussi des précipitations modiques et espacées car les paquets nuageux les plus généreux restent bloqués en Espagne par effet de foehn. Jusqu'à ce qu'une nouvelle bascule des vents au nord-ouest nous rabatte des précipitations plus copieuses (26 mm) et fasse redescendre les températures maximales sous les 10°C, les minimales résistant pour un temps à l'appel des gelées.

La dernière journée du mois est sèche et assez froide (2 et 8°C,) en prélude à un début de mois de février un peu plus hivernal...

Au final, le mois de janvier 2025 affiche des températures légèrement plus élevées que les normales mais avec quelques bonnes sensations hivernales en deuxième décade, le froid radiatif ayant quelque peu prolongé en basse-couche les effets de l'advection des 11 et 12. Il s'avère aussi très légèrement déficitaire sur le plan des précipitations mais avec le très faible ensoleillement qui est notre lot depuis la fin du mois d'août nos sols restent saturés et rien ne sèche.

Février :

Après une première journée pluvieuse (6mm) ce dernier mois de l'hiver va marquer une pause, on se gardera encore de parler de rupture, avec l'interminable séquence de pluie et d'ensoleillement déficitaire qui a couru de la mi-août à la totalité du mois de janvier.

Dans une ambiance froide ou fraîche (faibles gelées autour de -1 ou 0°C, températures maximales de 8 à 12°C) les journées du 2 au 6 février sont ensoleillées.

Le flux zonal reprend temporairement du 7 au 13 février mais il est davantage contesté et dévié par les poussées anticycloniques plus pressantes qu'au cours des mois précédentes et il génère moins de pluie, hormis les 15 mm du 7 et du 8. Après deux faibles gelées (0°C) le 8 et le 9, les températures s'orientent sensiblement à la hausse à partir du 10 février. À l'instar de ce qu'il advient depuis près de dix ans, l'hiver semble avoir perdu la main sur les deux dernières décades de février dans le climat actuel.

Du 14 au 24 février les temps est très ensoleillé et très doux (hormis un bref passage pluvieux le 22.) Les températures maximales remontent entre 5 et 9°C et les maximales dépassent quotidiennement la barre des 15°C avec un pic à 20°C le 20.

Le retour de la pluie dans la soirée du 24 précède un retour à la normale des températures (12 à 13°C pour les maximales et matinées frisquettes entre 1 et 2°C.) Les précipitations modiques observées entre le 24 et le 26 février (moins de 7 mm) prennent un caractère de giboulées. Puis le temps se remet au sec jusqu'à l'expiration du mois.

Pour la première fois depuis le mois d'août 2024, on observe un déficit sensible des précipitations en ce mois de février (approchant les 50%.) Après un janvier et un décembre offrant parfois de bonnes sensations hivernales, ce dernier mois de l'hiver termine sur une anomalie thermique positive d'un bon degré.

Bilan de l'hiver :

Malgré quelques bonnes périodes froides en décembre et janvier l'hiver 2024-2025 termine en anomalie thermique positive d'environ 1°C. À l'heure où je rédige, le 1er mars, la basse saison totalise 26 gelées ce qui est bien peu par rapport aux standards du 20° siècle, même s'il faudra attendre fin-avril ou début-mai pour des statistiques définitives.

Certains souriront en parcourant ces lignes, mais il se fait que, alors que nos sols sont encore bien gras, ce mois de février nettement déficitaire faisant suite à un mois de janvier tangent fait basculer la pluviométrie de l'ensemble de l'hiver en léger déficit de précipitation. Après une nette décélération observée en novembre les derniers mois ont été beaucoup moins pluvieux (surtout quantitativement) que les mois de septembre et d'octobre. Il va être intéressant de voir comment tout cela va évoluer dans le courant du printemps météorologique, installation d'un temps plus sec ou simple embellie avant un retour de l'instabilité ?

Mars :

Dans la continuité des derniers jours de février le temps reste ensoleillé et presque entièrement sec jusqu'au 8 mars. Les trois premiers jours du mois sont particulièrement frais avec trois gelées dont deux à -2°C le 1er et -3°C le 2. Les températures maximales ne descendent pas sous les 10°C, on a connu beaucoup plus froid par le passé au mois de mars. À partir du 4 net redoux en après-midi, jusqu'à 21°C le 7 et fin des gelées.

Après une lente dégradation entre le 9 et le 11 mars en matinée un fort passage pluvieux intervient du mardi 11 au jeudi 13 mars à la mi-journée (environ 45 mm de pluie), assortie de giboulées de grêle le 12. Les températures maximales s'abaissent entre 8 et 11C du 12 au 16 mars, malgré une amélioration rapide des conditions météorologiques et quatre nouvelles gelées entre -2 et 0°C viennent abonder les statistiques de la basse saison..

Du 17 au 28 mars le temps est instable mais les précipitations sont généralement brèves et les cumuls modiques. Après être remontées entre 17 et 20°C du 18 au 22, les températures maximales se stabilisent autour des 15°C quand les minimales sont relativement douces pour la période, dépassant le plus souvent les 5°C.

Les trois derniers jours du mois sont ensoleillés et progressivement plus doux (19°C le 31) après une ultime petite gelée le 30.

Au bilan ce mois de mars termine en déficit de précipitations d'un bon tiers par rapport aux normales, il semble confirmer la tendance observée en février après plusieurs mois de pluviométrie remarquable. Les températures minimales sont assez basses, l'effet de huit gelées qui sont venues améliorer le score jusque là assez piètre de l'hiver. Malgré de fortes variations tout au long du mois les maximales en léger excédent tirent la moyenne mensuelle un peu au-dessus des normales. Cela devient hélas une habitude, malgré de bonnes incursions froides à l'instar des derniers mois de décembre et janvier, la prégnance des masses d'air douces ou chaudes est telle que la balance finit toujours par pencher du côté de l'anomalie positive de températures.

Avril :

Malgré un faible passage pluvio-orageux dans la nuit du 2 au 3 la tendance sèche entrevue en février et mars traverse la quasi totalité de la première décade puisque le changement vers un temps beaucoup plus perturbé n'adviendra que dans l'après-midi du jeudi 10 avril avec le retour de la pluie. Sur toute cette période les températures diurnes sont très douces voire chaudes avec deux pics à 25°C le 8 et le 9, ou encore 24°C le 10 et 23°C le 1er. On reste tout de même en deçà des maximas très élevés de la première décade d'avril 2024. Avec une seule valeur à 3°C le 3, et un niveau global oscillant entre 5 et 10°C, les températures minimales sont également assez élevées pour cette époque de l'année.

La pluie qui est revenue dans l'après-midi du 10 avait dans son sillage une très longue période de temps beaucoup plus perturbé qui sera notre lot jusqu'au 27 avril à la mi-journée. Associés aux premiers orages de printemps les averses et les passages pluvieux se succèdent avec parfois des cumuls copieux (près de 50 mm entre 14 et le 17, 33 mm entre le 18 et le 20.) Malgré quelques pics isolés à 23°C à la faveur du basculement temporaire du flux au sud-ouest le 18 et le 25 les températures de ce long couloir perturbé  sont nettement plus basses que celles de la première décade, généralement comprises entre 12 et 18°C en après-midi et descendant à 3°C les 16 et 23 avril en matinée, les minimales fluctuant le plus souvent entre 5 et 8°C. Notons au passage que les éléments nous ont pour cette fois épargnés les gelées tardives qui sont quasiment incontournables lorsque le temps se dégrade sensiblement en avril après un mois de mars bien (trop?) printanier.

Les conditions météorologiques s'améliorent radicalement dans l'après-midi du 27 avril et les trois derniers jours du mois nous tournent résolument vers le mois de mai qui est toujours la dernière marche avant l'été, même si chacun sait qu'en climatologie aussi une marche peut être ratée. Soleil radieux, rares nuages vers les Pyrénées et hausse sensible des températures, jusqu'à 27°C le 29 et 26°C le 30.

Au final le mois d'avril 2025 affiche des températures supérieures aux normales mensuelles, pour changer, même si nous n'avons pas renoué avec les niveaux inquiétants des premiers jours de son prédécesseur en 2024. En revanche, et ce n'était pas forcément anticipé par les modèles saisonniers, la pluviométrie de ce quatrième mois de l'année est légèrement excédentaire après deux mois qui avaient accusé un déficit. Pour le coup la question est de savoir si ce retour à des précipitations excédentaires va s'inscrire dans la durée, auquel cas les deux mois de février et mars un peu plus secs n'auront été qu'un court répit dans une remarquable séquence pluvieuse inaugurée en août 2024, ou si, au contraire, le régime des précipitations va repasser en dessous des normales dès le mois de mai. Certains spécialistes, forts de leurs modèles, tablent sur un été orageux vers les Pyrénées, au vu des errements de ces mêmes projections saisonnières depuis quelques années, la prudence est de mise...

Mai :

Un cas d'école pour illustrer à quel point quelques valeurs très élevées de températures isolées dans une courbe bien atone peuvent infléchir la moyenne à la hausse (en l'occurrence supérieure à 22°C) et altérer la perception de l'ensemble quand la médiane proche de 21°C correspond déjà mieux au sentiment de chacun sur la période envisagée. Ce cas de figure devient fréquent, semble-t-il, en toute saison dans le contexte du réchauffement climatique. On peut vivre 90% d'un mois de mai en pantalon, en pull ou en sweat et puis deux ou trois journées exceptionnellement chaudes viennent vous dire que le mois fut au-dessus des normales, as usual...

Après une première journée ensoleillée et chaude, 26°C, sur la lancée de la fin du mois d'avril, le temps se gâte durablement jusqu'au 22 mai, en cours de nuit. Seules les journées des 7, 8, 16, 17, 18 et 20 mai seront exemptes de pluie, mais pas forcément très agréables. Cette dégradation donne lieu à de splendides développements de cumulonimbus débouchant sur des orages violents comme celui du samedi 3 mai qui a généré une courte averse de grêlons jusqu'à 2 cm de diamètre. Les précipitations orageuses sont souvent copieuses ( plus de 32 mm le 5 et le 6 et plus 42 mm entre le 9 et le 11.) Malgré un pic isolés 27°c le 18, les températures maximales qui ont dévissé à partir du 3 mai oscillent le plus souvent entre 16 et 20°C, peinant à dépasser cette valeur. Mais cette baisse est compensée par la bonne tenue des températures nocturnes, en dépit d'une faiblesse à 4°C le 7 et le 8, fluctuant le plus souvent entre 8 et 12°C.

Dans la matinée du 22 mai le temps se met au sec jusqu'à la fin du mois mais la sensation n'est pas forcément très agréable car l'évolution nuageuse diurne doublée d'un vent dominant de nord à nord-ouest limite la hausse des températures en dessous de 24°C jusqu'au 27. Par la suite le flux tourne à l'est puis au sud-est, l'atmosphère s'assèche et le ciel se nettoie, déroulant le tapis rouge au premier gros pic de chaleur significatif de l'année, 30°C le 29 et 35°C le 30, avant que le vent d'ouest dès l'après-midi ne vienne écrêter et chasser dans les terres cette bouffée torride. L'orage sec retentit dans la soirée et la dernière journée du mois est modérément estivale et sèche, culminant à 27°C après une nuit très douce, 16°.

 

Mai 2025 termine en excédent modéré de précipitation, fort heureusement les nombreux orages observés n'ont pas donné lieu aux précipitations exceptionnelles, aux crues et au coulées de boue observées à maintes reprises localement en mai et juin 2024.

Même si l'on décomptait les deux pics isolés à 30 et 35°C les températures mensuelles seraient supérieures aux normales d'environ 1°C, la première décade de mai n'a vu que de façon très atténuée les quelques traditionnelles nuits s'abaissant sous les 5°C et qui font redouter aux jardiniers la gelée tardive.

Bilan du printemps 2025 :

Après un mois de mars assez sec qui a pu un temps légitimer d'hypothèse que le trimestre serait déficitaire, le mois d'avril a recollé aux normales et le mois de mai a dépassé les siennes. On termine donc à l'équilibre. Je ris un peu dans ma barbe et je retiens mes mots lorsque j'entends ici ou là parler de sécheresse. Pour le nord et d'autres régions soit, mais localement, même si les quantités de pluie se sont normalisées depuis décembre, on vit encore sur les réserves constituées entre mi-août et octobre 2024 et ceux qui comme moi vivent au contact réel de la nature savent qu'à la moindre averse les sols dégueulent...

Concernant les températures il n'y a hélas rien de nouveau, nous sommes localement happés par l'ascenseur vertigineux du réchauffement climatique global et même lorsque la réalité nous semble au mieux mitigée, une somme de températures ternes à 22 ou 23°C accouchera toujours sur le plan mathématique d'une moyenne plus élevée que la normale. On est plus d'1 °C au-dessus de cette dernière sur le trimestre.

à suivre...

2 janvier 2025

La fièvre jaune

Adishatz,

Si le caractère primordial du facteur climatique dans la fortune du chercheur de champignons ne souffre pas l'ombre d'un débat, rarement ce dernier aura autant pesé en notre défaveur qu'en cette année 2024. Et c'est avec un certain soulagement que je vous retrouve à l'aube de 2025 pour en parler. Car on a beau dire que les "vrais" savent se satisfaire de peu, entre le peu et le néant absolu il y a une nuance appréciable et ces dernières semaines firent à beaucoup l'effet d'un interminable cortège funèbre, à cette nuance près qu'on espère toujours qu'ici ou là le cher disparu aura mis sur notre chemin quelque signe de vie.

Un printemps des morilles sur le gril...

Cela devient hélas une habitude, les pics de chaleur à plus de 30 degrés des premières semaines d'avril contrarient, écourtent et amoindrissement gravement la saison des morilles. Cette année, les petites fées des ripisylves n'étaient pas très en avance, les premières pointant seulement le 28 mars, en tout petit comité, juste avant le coup de chalumeau. Il est d'ailleurs fort probable qu'à quelques individus près cette première pousse ait tout bonnement avorté. Malgré tout, une deuxième, un peu plus importante, verra le jour, à partir du 8 avril, et certaines morilles survivront tant bien que mal au deuxième coup de chalumeau, plus modéré, ce qui leur donnera de prendre leurs aises au cours d'une seconde quinzaine humide et fraîche. Reste que le bilan 2024 est bien maigre, 19 morilles dans ma morillère fétiche, c'est un peu mieux qu'en 2023 mais c'est très en deçà des standards des années précédentes et je n'ose même pas comparer avec ceux de la décennie 2000. Dans toutes les autres morillères de plaine de ma connaissance, le tableau est également famélique. Plus inquiétant encore, l'indigence observée à très basse-altitude ces dernières saisons semble gagner les stations de certains fonds de vallées pyrénéennes ou de "basse-montagne" où pour la première fois nos sorties ont donné lieu à très peu de trouvailles. Quelques semaines plus tard en altitude, la saison des morilles coniques a également tourné court et presque à vide...

Dans ce contexte, seuls les mousserons, bien que moins en vu qu'en 2023, ont rendu une copie honorable...

Des cèpes qui se font attendre...

Alors que le coup de chalumeau de la première quinzaine d'avril, coïncidant avec l'apparition des premières russules et d'amanites, laissait espérer un démarrage prochain du seigneur des beaux jours, les conditions fraîches et pluvieuses de la deuxième quinzaine et du mois de mai ont considérablement retardé sa venue, rendant l'attente encore plus fébrile après la saison 2023 que l'on sait... Finalement c'est avec un certain soulagement que les premiers furent accueillis, à partir du 10 juin, à la faveur d'une remontée des températures les jours précédents.

Par la suite, dans la traversée des mois de juin et de juillet, je ne boudai pas mon plaisir en constatant que sans renouer avec l'exubérance de certains étés récents, les bolets comestibles étaient nettement plus à leur avantage qu'au cours du précédent.

Un bon mois d'août pour dissiper les doutes...

L'occurrence d'un mois de juillet assez chaud, mais surtout nettement plus sec que les mois précédents, suivi d'une première décade d'août bien chaude et ponctuée par un pic caniculaire à près de 40°C le 11, aura vraisemblablement permis à la saison des cèpes de basculer localement et temporairement dans une toute autre dimension après la survenue d'un intense arrosage pluvio-orageux entre la soirée du 13 et la matinée du 14 août, secteur Salies et Sauveterre de Béarn (100 à 150 mm.) Dès le 21 août une pousse de cèpes se déclenche dans certains bois des environs et gagne très rapidement en intensité. Les cèpes poussent et foisonnent jusque sur le talus de petites routes très fréquentées et de nombreux automobilistes (dont certains amateurs de ma connaissance) fendent ces haies d'honneur sans les remarquer tellement 2023 les a sevrés du divin bolet. Cette pousse va durer 10 jours, le temps de faire mes conserves dans la plus grande discrétion, aidé en cela par le fait qu'à quelques hectomètres de distance, parfois dans le même bois, de nombreux placiers et leurs habitués n'ont pas vu le moindre cèpe. Les bas-fonds, les plaines, beaucoup de versants nord (dont certains excellents à l'accoutumée) n'auront pas vu un chapeau marron de la saison quand les bois de crête et bien exposés auront fait montre de dix jours de folie. Avant que la pluie, qui ne nous a jamais lâchés après le 15 août, ne remette tout le monde au même régime d'indigence absolue, décourageant jusqu'aux Marteroets pourtant réputés hygrophiles, qui sont apparus timidement à la mi-septembre mais dont les dernières trouvailles n'ont pas dépassé le 10 octobre pour ma part.

Malgré quelques tentatives héroïques de redémarrage jusque début-novembre, notamment sur les bordures surélevées et ensoleillées, cette pousse de cèpes n'a pas eu de suite et les oronges dont on a pu trouver quelques forts beaux exemplaires en assez grand nombre n'ont pas survécu au 20 septembre. Les espèces thermophiles ont été très rares en 2024, à commencer par les bolets bleuissant rondouillards et les excellents bolets appendiculés n'ont pas poussé dans tous les placiers que je leur connais.

Sur la remarquable disparité de cette pousse (et dans une moindre mesure de l'ensemble de la saison des cèpes,) je suis d'avis que quelque chose s'est joué entre le pic de chaleur caniculaire du 11 août et le déluge des 13 et 14. À ce moment-là certains écosystèmes, les hauteurs, les crêtes exposées, avaient commencé à basculer en stress hydrique (sans excès) et ces écosystèmes ont par ailleurs peut-être bénéficié d'un reliquat de pousse en attente de la saison 2023. En revanche, les bas-fonds, les plaines bordant les cours d'eau et de nombreux secteurs en versant nord commençaient à peine à sécher et à chauffer, or ce même apport d'eau les a définitivement replongés dans l'excédent hydrique chronique. À titre personnel je serais curieux de savoir ce que la saison des cèpes 2024 aurait donné un peu partout avec ces conditions modérément chaudes et sèches jusqu'à la fin du mois d'août et pourquoi pas, débordant en septembre (il a peut-être tenu à quelques jours ou semaines que la saison sourit un peu plus pour tout le monde.) Quoi qu'il en soit je suis nettement moins alarmiste que l'an dernier sur le sujet dans la mesure où je fus aux premières loges pour constater que dès que les cèpes ont été en mesure de pousser, là où les conditions pré-requises étaient réunies, ils ont poussé et pas qu'un peu...

 

Puisque les chiffres sont indispensables pour établir des comparaisons la levée de cèpes de la dernière décade du mois d'août m'a gratifié de plus de 500 bolets, c'est bien en deçà des poussées prodigieuses et assez récentes de 2020 ou 2022 mais c'est d'autant plus remarquable que jusque dans mes bosquets de comptage l'amplitude fut énorme entre quelques placiers qui ont délivrés pléthore de cèpes, d'autres (assez nombreux,) quelques uns mais loin de leur maximum observé, et d'autres enfin n'ont rien concédé de la saison. Sur ces seules dix dernières journées d'août, 2024 est très rapidement monté à la 7ème place du classement, mais l'indigence de l'automne ne lui a jamais permis de se rapprocher à moins de 100 spécimens des saisons qui la précèdent. À noter que ces dernières ont toutes réalisés plus de 50% des effectifs record de 2022...

La fièvre jaune...

Outre cette trop brève, disparate, mais localement spectaculaire pousse de cèpes de la dernière décade d'août, la rédemption de la saison 2024 tient à cette multiplication de girolles qui s'est emparée des sous-bois nord-béarnais dès la fin du mois de mai, sans jamais faiblir dans la traversée de l'été pour repartir de plus belle début septembre et culminer entre la deuxième quinzaine de ce même mois et la mi-octobre. Pour ma part je n'avais jamais dénombré autant de girolles dans mes coteaux malgré des décennies de prospection assidue. Il y en avait partout, jusque dans des bois où je n'en avais jamais vu. Réponse heureuse du mycélium à une belle saison exceptionnellement pluvieuse et modérément chaude, et pour l'observateur soucieux que je suis des équilibres naturels, motif de joie inespérée alors que jusqu'à ces dernières années tout donnait à penser que cette espèce était en régression.

Avec les fortes pluies de septembre les amateurs ont également pu goûter une fort belle pousse de trompettes de la mort, souvent dans les mêmes habitats et en compagnie des girolles, mais pas partout, si les craterelles ont foisonné dans certains bois, notamment en versant nord, d'autres pourtant à faible distance n'en ont pas vu une seule. La remarque vaut pour les pieds de mouton que l'on rencontre encore par endroit en ce début janvier.

Un arrière-automne sur les chemins de crêtes...

 

L'extinction des girolles et des trompettes après la mi-octobre, précipitée par les pluies diluviennes qui n'ont faibli qu'après la Toussaint, a sonné le glas de la plupart des espèces connues de ma campagne béarnaise. Même les plus hygrophiles ont accusé le coup et des champignons très appréciés comme les Têtes de Moine et les Hygrophores des prés ont déserté les bas-fonds et les plaines saturés pour se réfugier dans leurs stations tout en haut des collines sur les lignes de crête, au dernier soleil... Reproduisant à l'identique cet étonnant contraste observé au mois d'août à l'occasion de la pousse des cèpes.

 

À l'heure où j'écris il est bien trop tôt pour aborder les conséquences possibles de cette année 2024 exceptionnellement pluvieuse sur la saison fongique qui s'ouvre à nous. Surtout que, à l'instar de ce qui s'est passé au mois d'août dans mes terres, tout indique que les situations les plus mal embarquées voire désespérées peuvent très vite évoluer favorablement (ou défavorablement) dans ce domaine. Ce qui me semble certain c'est qu'une longue période sans pluie ne serait pas de trop pour que les sols absorbent les excédents de surface avant la fin de l'hiver et le début de la saison des morilles... (Sans négliger qu'un peu de soleil nous ferait grand bien.)

Adishatz !

2 décembre 2024

Saison des cèpes 2024 : les passions tristes

Adishatz,

Depuis combien de jours en fait, avons-nous dépassé les bornes de l'espérance raisonnable ? Mon dernier message, au grand tournant de la Toussaint, est resté lettre morte parmi les feuilles dans nos bois. Non seulement la pousse de Marteroets que nous espérions tous n'a pas eu lieu, mais bien pire, à l'heure où je m'adresse à vous, l'immense majorité d'entre nous n'a pas vu le moindre cèpe de Bordeaux cette année. Indigence rarissime dans les sylves gasconnes depuis que les girolles, pourtant si en vue jusque là, ont tiré leur révérence début octobre. Les pieds de mouton restent introuvables en de nombreux endroits et les espèces les plus tardives et hygrophiles, les Têtes de Moine et les Hygrophores des prés, souvent contemporaines des Marteroets, restent très rares pour l'heure, se montrant uniquement et en très petit nombre sur les bords de routes et de chemins de crêtes ensoleillés tandis que les bas-fonds qui sont leur place forte à l'accoutumée sont désespérément vides.

Pour en revenir aux seuls cèpes, finalement, mes dernières trouvailles, qui se comptent à quelques unités, remontent à la mi-novembre et curieusement il s'agit surtout de cèpes d'été. En effet, malgré un premier tour de piste (très modeste) de la mi-septembre au 10 octobre, les Marteroets ne sont jamais ressortis en novembre qui est habituellement le mois optimum de leur saison. Et nous avons, hélas, tout lieu de penser que cette situation ne s'améliorera au mieux qu'à la marge d'ici la fin de l'année. Si amélioration il y a...

Ce triste constat étant posé il importe désormais d'avancer quelques hypothèses pour expliquer un tel naufrage. Que s'est-il passé entre la mi-septembre et ce mois de novembre en déroute pour que les cèpes de Bordeaux mangent à ce point leur chapeau ? Longtemps, quelque peu aveuglé par cette espérance (parfois déraisonnable) d'en trouver malgré tout, qui est inhérente à la passion, j'ai mis ce retard au démarrage sur le compte des températures de sol redevenues trop élevées pour les Marteroets dans la traversée du mois d'octobre et jusqu'en première décade de novembre. La rareté des amanites tue-mouches, aux écosystèmes et modes de vie très proches, et qui d'ailleurs ne se sont également pas remontrées depuis le 10 octobre, me confortait dans cette hypothèse où l'espoir faisait son nid. Or depuis, ce facteur a évolué très favorablement et les placiers sont restés désespérément vides. Tant et si bien qu'à l'aube de ce mois de décembre la scène du crime semble figée.

Que le facteur températures des sols semble hors de cause n'innocente pas les conditions climatiques, loin s'en faut. De la deuxième quinzaine d'août aux derniers jours du mois d'octobre, presque sans répit, mon coteau de Salies a réceptionné près de 650 mm de pluie. Si l'on ajoute un ensoleillement déficitaire freinant l'assèchement superficiel et réduisant l'évaporation, nos sols étaient saturés dès le début du mois d'octobre (époque où les quelques cèpes thermophiles qui s'essayaient encore ont abdiqué) et un mois de novembre moins pluvieux (100 mm) et passagèrement plus ensoleillé n'a jamais été en mesure d'améliorer cette situation dans un contexte où pour l'instant la moindre goutte de pluie est de trop. Nous avons de bonnes raisons de penser que c'est cette pluviométrie exceptionnelle qui a fini par décourager le mycélium des Marteroets (et celui de ses cousins) dans le courant du mois de novembre.

Un scénario d'autant plus rageant qu'à plusieurs reprises, ces dernières semaines, j'ai pu voir le sol de mes meilleurs placiers se couvrir de feutrage mycélien après quelques journées sèches, ensoleillées et relativement douces. Avant qu'un nouvel arrosage, fût-il modique, ne vienne immanquablement enrayer le processus. Signe que le mycélium a tenté en vain de remettre le métier sur l'ouvrage.

Si la responsabilité de ces excédents pluviométriques ne fait guère de doute, l'absence de stress hydrique significatif sur les écosystèmes durant la belle saison doit être regardé comme un autre facteur limitant potentiel, quoique secondaire, quand on sait que le mycélium du Marteroet, comme celui des autres cèpes semble réagir plus vigoureusement aux périodes de sécheresse et de chaleur estivales qu'aux belles saisons plutôt humides et sans chaleur excessive.

Pour les quelques semaines qui restent je me garderai bien d'enterrer l'affaire, si mal engagée apparaisse-t-elle. Après des années à nous extasier dans les bois parfois jusque début-janvier devant quelques chapeaux émergeant de la feuillée, nous voici revenus (au moins temporairement) à des temps qu'on croyait révolus (pourtant pas si lointains) où tout s'arrêtait peu après la Toussaint. En l'état, même si tout invite à raccrocher (il le faudra bien si le froid s'en mêle sérieusement la semaine prochaine,) que pourrions-nous trouver de plus réjouissant que quelques jolis Marteroets ressuscités au temps de Noël ? Jet de lumière inespéré après cette interminable douche froide...

Adishatz !

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3 novembre 2024

Saison des cèpes 2024 : Jours de carence...

Adishatz,

Il arrive que je me morde les doigts d'avoir eu le nez trop creux. Et la saison 2024 des cèpes pourrait bien en fournir l'illustration la plus cinglante. À la fin du mois d'août, alors que l'unique pousse de l'année battait son plein sur mon coteau privilégié, tournant mes pensées vers le déroulement des semaines suivantes, notamment les mois de septembre et d'octobre qui sont habituellement ceux de la "grande pousse," j'étais plutôt sur l'idée que plus grand-chose ne sortirait avant la Toussaint là où le mycélium s'était montré particulièrement généreux, mais que par contre, à condition qu'un temps ensoleillé et chaud se rétablisse dès les premiers jours de l'automne et perdure, on assisterait peut-être d'ici-là à une pousse de "rattrapage" dans les fonds de bois et de coteaux frais et humides qui avaient été oubliés par le premier service.

Dans les faits, non seulement les cèpes ont été très rares sur les hauteurs et dans les bois bien exposés mais l'espoir d'une pousse dans les bas-fonds fut d'emblée balayé sans ménagement par les excédents de pluie des deux mois écoulés, qui ont d'ailleurs fini par démoraliser les espèces les plus hygrophiles comme les girolles et les trompettes de la mort. À deux ou trois reprises en octobre, à la faveur d'une remontée des températures liée au basculement du flux dominant au sud-ouest, j'ai pu voir deux ou trois jolis cèpes d'été se percher sur quelque bord de route ou de chemin ensoleillé, comme il advient souvent avant une levée plus massive et générale, mais les abats d'eau des jours suivants n'ont jamais permis à ces ébauches de pousse de dépasser ce stade de quelques spécimens sous un arbre isolé.

Déjà que nos bois étaient désespérément vides de cèpes thermophiles à cause de cette pluviométrie exceptionnelle, la remontée graduelle des températures des sols en octobre a pour sa part eu raison des quelques Marteroets ou cèpes de Bordeaux, qui se montraient çà et là depuis les nuits fraîches de la mi-septembre.

Des sols encore (trop) saturés en eau pour un regain des cèpes thermophiles et trop chauds pour un véritable démarrage de la saison des Marteroets. Telle est la situation dans mes terres à l'aube de ce mois de novembre. L'attente est longue, or le temps est désormais compté car nous entrons dans cette période de l'année où toute irruption sévère de l'hiver peut porter l'estocade. Notre configuration est à ce point inédite que je ne hasarderai aucun pronostic pour la suite. Il nous faudrait enfin une vraie baisse des températures, notamment nocturnes pour sortir le roi Marteroet de sa somnolence. (Même si je ne suis pas certain qu'il soit dans les mêmes dispositions que l'an dernier où il avait réhabilité toute la saison.) Dans l'attente, il n'est pas exclu que les cèpes thermophiles lui brûlent la politesse car avec le retour du soleil et de températures très douces ces derniers jours, les bois se couvrent d'affleurements mycéliens et on assiste au retour encore timide mais encourageant d'espèces à la biologie proche comme les amanites et les russules. Concernant une éventuelle résurgence des cèpes d'été et des cèpes noirs nous devrions être fixés vers la mi-novembre. Et d'ici-là chacun serait bien inspiré de surveiller ses coins...

Adishatz !

14 octobre 2024

Haut et court

Adishatz,

"Je ne savais pas que les cèpes pouvaient pousser à cette époque," (après le 15 août, cqfd) me disait naguère une dame de mon voisinage, issue de la paysannerie de l'Entre-deux-Gaves et donc plutôt au contact et au fait des rythmes de la nature. C'est dire si la pousse de grande ampleur intervenue en dernière décade du mois d'août en a surpris plus d'un, sans parler de ceux qui à cette époque-là avaient pris quelques vacances loin des bois...

Or la grande pousse de cèpes en plaine juste après le grand virage du 15 août, par le passé, n'était pas chose si rare, c'est juste devenu si exceptionnel dans le climat actuel que beaucoup de nos contemporains en ont perdu le souvenir, du moins ceux qui étaient nés la dernière fois que l'évènement s'est produit. L'occasion m'est donnée de rappeler à quel point le mycélium des cèpes thermophiles (cèpes noirs et cèpes d'été) est opportuniste et autrement plus sensible à la covariance des facteurs extérieurs d'ordre climatique (pluviométrie, températures ambiantes et de sol, hygrométrie, etc) qu'à la grande roue du calendrier. Dans un passé assez récent, les pousses prodigieuses des mois de juillet 2011 et 2014, entre autres, en furent l'illustration éclatante. Cette faculté d'adaptation que par anthropocentrisme abusif je nomme "opportunisme" étant moins évidente chez le Marteroet ou cèpe de Bordeaux qui apparaît rarement avant septembre en plaine quand les conditions favorables à sa venue semblent parfois réunies (de plus en plus rarement) dès le plein été.

Pourtant, la survenue de pluies torrentielles (près de 100 mm) de la soiré du 13 à la matinée du 14 août peu après une journée du 11 août torride, elle-même précédée d'un mois de juillet et d'une première décade d'août assez chauds et secs, aurait dû en alerter plus d'un. Surtout que les conditions météorologiques des journées suivantes, ni trop chaudes ni trop sèches, s'alignaient parfaitement pour une pousse.

Curieusement, les premiers bouchons de cèpes, des aereus de belle taille, étaient visibles dès le 21 août, vraisemblablement la progéniture de quelques averses antérieures tout autant que la signature d'un empressement à sortir. Cette pousse qui est très rapidement montée en puissance a duré 10 jours. À partir du 31 août et jusqu'au 21 septembre je ne trouverai plus que quelques cèpes à l'unité dans les bois, mis en train par les arrosages intervenus depuis la fin du mois d'août. Autant dire qu'il ne fallait pas être en déplacement en dernière décade d'août ou louper l'affaire, au grand désespoir de certaines connaissances rencontrées quelques jours plus tard et qui me dirent : "ah bon ? ça a poussé fin-août ?"

Outre sa brièveté, cette pousse se signale par la disparité des situations observées sur le terrain, parfois à quelques hectomètres de distance seulement. Si certains, dont je fus, ont été particulièrement soignés car leurs bois d'élection se situent sur les hauteurs ou en exposition sud, préalablement bien chauffés et séchés par le beau temps du milieu de l'été, les chercheurs des bas-fonds et des bois bordant les cours d'eau, notamment en versant nord, n'ont pas vu l'ébauche d'un cèpe. J'ai dans l'idée que les sols de ces écosystèmes n'avaient pas suffisamment séché, et ne s'étaient pas suffisamment réchauffés, au sortir d'un second semestre très pluvieux et peu ensoleillé, et que les abats d'eau des 13 et 14 août leur ont porté le coup de grâce au moment même où l'été commençait tout juste à leur prodiguer ses bienfaits. Cela ne consolera pas les infortunés mais depuis, la pluviométrie excessive et récurrente du mois de septembre et des premiers jours d'octobre nous a tous logés à la même enseigne...

En effet, après cette pousse aussi précoce qu'intense, un temps j'ai espéré le retour de conditions durablement ensoleillées et chaudes dès le début de l'automne comme prérequis à une nouvelle pousse (fût-elle moindre,) dans le courant du mois d'octobre en allant vers la Toussaint. Les secteurs oubliés fin-août étant cette fois servis. Or, 2024 ne faisant rien comme les années précédentes c'est tout l'inverse qui est advenu : la pluie et la fraîcheur relative, après avoir rapidement mis hors jeu les oronges, ont fini par décourager les cèpes thermophiles, supplantés par les girolles dont l'abondance atteint des niveaux jamais vus pour ma part.

Actuellement nous nous trouvons dans un entre deux, les cèpes de Bordeaux ont fait un premier tour de piste (modeste mais apprécié) à la mi-septembre suite aux nuits très fraîches du début de la deuxième décade. Or les sols gascons qui affichent pour la plupart 18°C à -10 cm sont désormais redevenus beaucoup trop chauds pour cette espèce (15°C étant son plafond) et saturés d'eau pour ses cousines thermophiles. J'ai tout de même observé une recrudescence d'affleurement mycélien en fin de semaine dernière dans les placiers à aereus et aestivalis et je me dis qu'avec la hausse en cours des températures et si par bonheur il ne pleut pas trop, nous en trouverons peut-être à nouveau quelques uns ces prochains jours ou semaines, au moins sur les emplacements privilégiés (hauteurs et bords de chemins ensoleillés, bois surélevés,) comme souvent. Après, il faudra bien que les températures du sol dévissent pour que le roi Marteroet reprenne enfin ses quartiers, en novembre de préférence.

Adishatz !

28 juillet 2024

Saison des champignons 2024 : Les cèpes repartent d'un meilleur pied...

Adishatz,

Ceux qui suivent assidument ce blog le savent. Après une saison 2023 d'une indigence rare, dans un de mes derniers articles, j'avais écrit que le comportement des cèpes (plus précisément les espèces thermophiles) serait scruté attentivement, et avec une anxiété certaine, au printemps dernier, dès le retour de conditions climatiques favorables. Alors que le mois de juillet touche à sa fin, il est temps pour moi de revenir sur les premières semaines de la saison en cours et de vous livrer mes observations et analyses...

Autant vous dire que l'attente fut particulièrement longue et pénible dans la mesure où, alors que la première quinzaine d'avril avait montré quelques amanites encourageantes, l'établissement d'un temps humide et frais de la mi-avril à fin-mai n'a aucunement aidé à dissiper les doutes et les inquiétudes.

Curieusement, les cèpes noirs aux moeurs plus thermophiles ont brûlé la politesse aux aestivalis, le 10 juin, au soir d'une première décade un peu plus ensoleillée et chaude. Un premier cèpe qui à lui seul ne fait certes pas l'embellie...

Laquelle est advenue en deuxième quinzaine de juin, à partir du 16, lorsque les cèpes se sont mis à pousser, au compte-gouttes mais de façon de plus en plus rapprochée. Jusqu'à déboucher sur une véritable petite pousse, chose plus revue depuis 2022, entre le 27 juin et la fin de la deuxième décade de juillet.

À l'heure où je rédige le mois de juillet plus chaud et surtout beaucoup plus sec a contraint les cèpes à se faire plus discrets sans disparaître totalement. Une vigoureuse pousse de girolles (très en jambe depuis le mois de mai) aidant au sevrage temporaire.

Sans présumer de la suite de la saison (l'occurrence d'un mois d'août (très) chaud et sec) pouvant sensiblement alourdir nos paniers automnaux on peut d'ores et déjà se réjouir en observant que les cèpes semblent sur le retour après un millésime 2023 bien inquiétant. Toutefois, l'honnêteté commande de rajouter que cette amélioration reste fragile, la plupart de mes meilleurs placiers n'ayant toujours pas montré le moindre bolet depuis l'automne 2022, et d'autre part mes nombreuses virées en sous-bois s'achevant sur le constat que les champignons, d'une manière générale, y sont encore bien discrets...

Adishatz !

2 juin 2024

Saison des champignons 2024 : le crépuscule des alvéoles

Adishatz,

Je rêve de ce jour où je pourrai vous faire part de l'abondance, retranscrire mon émoi, ma jubilation devant la multiplication des morilles au pied des frênes et des ormeaux de nos plaines gasconnes. Autant vous dire que je doute de plus en plus que ces jours heureux adviennent ou plutôt reviennent car au déclin régulier induit par la pollution des forêts de berge qui sont le déversoir et le creuset de toutes nos folies chimiques l'accélération récente du réchauffement climatique conduit la plupart des morchellacées au bord de l'abîme.

Alors que les mousserons sont sortis relativement tôt (les premiers dès la fin du mois de février) et nous ont gratifiés d'une saison plus qu'honorable jusqu'à ces derniers jours, ma prise de contact début-mars avec ma ripisylve de référence, au sortir d'un nouvel hiver beaucoup trop doux, fut assez édifiante. II y avait là, la végétation au sol dont la luxuriance est celle d'une fin de mois d'avril à l'accoutumée. Les orties, les lamiers, le lierre terrestre et les arums étaient déjà montés bien au-dessus des genoux du chercheur et l'ail des ours prêt à fleurir. Tout ce que la morille honnit...

Dans ces conditions j'ai su très vite qu'il faudrait se satisfaire de peu. Surtout que le climat a porté le coup de trop, dès les 5 et 6 avril, avec un pic de chaleur à 33/34°C dans tout le secteur, alors que les 3 premières morilles, petiotes, m'étaient apparu le 28 mars.

Malgré tout, une pousse modique, et sans doute amoindrie, a survécu à cet épisode brûlant bien trop précoce. Probablement portées à bout de bras par les conditions humides et tempérées qui avaient prévalu jusqu'à l'aube du mois d'avril, quelques morilles ont pu pousser jusqu'à la fin de la deuxième décade du mois. Mon décompte s'arrêtant à 19 mitres le 18 avril, ce qui est extrêmement peu et alarmant, mais un peu supérieur à l'an dernier. Les morilles ont été très rares voire introuvables dans tous les secteurs alentours de ma connaissance, malgré quelques signalements de cueillette un peu plus substantielle ici et là par des amis.

Il semble que l'indigence gagne aussi la basse montagne, nos prospections en dessous de 500 mètres d'altitude cette saison s'avérant bien plus faméliques que les années précédentes. Et de toute évidence la poussée de fièvre du début du mois d'avril a fortement sinistré la saison des morilles coniques beaucoup plus haut, nos sorties n'accouchant que de quelques spécimens clairsemés à chaque fois.

À présent place aux cèpes, notamment aux cèpes thermophiles, comme je l'ai écrit dans un précédent article, j'attends beaucoup de voir comment ces derniers vont se comporter dans mes terres après une saison 2023 calamiteuse. Et là aussi, autant vous dire que pour l'instant, cèpas la joie...

Adishatz.

15 mars 2024

E ns'en.hredèsse lo climat.../Et si le climat jetait un froid...

 

https://soundcloud.com/radio-pais/de-bitsegas-e-de-parpalhous-la-miaca-de-lamoc?in=radio-pais/sets/de-bitsegas-e-de-parpalhous

 

Quan l'ivèrn estó deus mei doç, en linha batenta de l'arrecauhament climatic, uns eslambrecs qu'esperrequèn lo cèu de las certituds deu moment, especiaument las deus climatologistas. Non que questionen la teoria de l'arrecauhament, mes qu'articles recents, pareishuts en revistas seriosas, e tiren tà la lutz tròbas estonablas per çò d'ipoteticas consequéncias esvarjablas a l'escala d'Euròpa e segon ua cronologia apressada.

Lo chepic que vieneré de l'AMÒC (Meridional Overturning Circulation Atlantic,) Circulacion Meridiana de Partvirament Atlantic. L'AMÒC qu'ei un tròç d'un cerquit gigant de corents marins aperat Circulacion Termohalina, qui hè virar las moleculas d'aiga de susfàcia com las de pregondor deus oceans segon ua cronologia estimada de 1000 a 1500 ans en tot regular lo climat de las tèrras emergidas, especiaument lo d'Euròpa qui shens aquò e's semblaré hòrt au de Canadà. La circulacion termohalina qu'ei aviada per las diferéncias de densitat de l'aiga de mar. Aqueras diferéncias que vaden deus escarts de temperatura (termo) e de salinitat (halina) de las massas d'aiga. Totun que parlan meilèu de MÒC, a noste d'AMÒC, que de circulacion termohalina permor que permet aus especialistes d'integrar autes procediments fisics (vent, marejas, vitèssa) qui influencian tanben lo desplaçament d'aqueras massas. Enfin, aqueth AMÒC qu'ei sovent con.honut dab lo Gòlfe Stream, qui n'ei sonque ua componenta pro autonòma.

Las aigas caudas deus tropics que viatjan a la flor de l'Ocean Atlantic de cap tau nòrd en tot se densificar permor deus flumis de calor e de l'evaporacion. En uns endrets que son pro densas au par de las aigas a l'entorn entà càder e alimentar l'aiga pregona nòrd atlantica qui se'n torna de cap tau sud on puja tà la susfàcia au dret de l'Antartic.

Òr, segon estudis recents, la honuda deu conglaç, de la calòta de Groenlàndia e l'aumentèra de las precipitacions devuda a l'arrecauhament que horneishen flumis navèths d'aiga doça qui poderén abaishar la salinitat de l'Atlantic Nòrd. Escaloridas e mensh saladas aqueras aigas que caderén mensh aisidament tà la pregondor. Çò qui poderé provocar un alentiment de l'AMÒC, senon un arrèst. En alentint lo corent que carrejaré mensh d'aiga salada deus tropics e la salinitat de las aigas que baisharé enqüèra au punt de provocar l'ahoniment de l'AMÒC. Autes cercaires qu'averén gahat lo senhau d'aquera gran flaquejada.

Las consequéncias d'un ahoniment de l'AMÒC, qui segon autas cèrcas e poderé aparir abans 2050, que serén esvarjablas en Euròpa qui's poderé pèrder 4 a 10°C de temperatura mejana en un detzenat d'ans sonque e conéisher los ivèrns de Canadà, mes tanben calorassas e sequèr en estiu. Uns scientifics deu GIEC, qui vedè d'ua flaquejada de 10 a 70% de l'AMÒC au delà de 2100, au dret d'un arrecauhament globau de 2,5°C, que's disen questionats per aqueras tròbas quan un sarròt d'especialistes e admeten que coneishem pro mau tots los mecanismes deu demiei marin quan arrepresenta 70% de la susfàcia planetària.

L'embarràs d'uns scientifics que tien tanben a las resultas d'aqueths estudis. Per demandar d'estar ahortidas e precisadas que's desavienen dab lo devis aparat detzenats d'ans hè aus ciutadans. Quin explicar l'arrecauhament actuau que poderé arribar a ua quasi glaciacion a noste ? Dab lo risc d'adaigar lo molin deus climatosceptics. Òr que poderem arribar lèu au punt de basculament deus 2,5°C evocats peus sapients. Segon lo GIEC e l'Organizacion Meteorologica Mondiau que'ns situim enter +1,2 e +1,4°C d'arrecauhament globau e las temperaturas que pujan hòrt.

Fondadas o non, aqueras novelas que'ns pressan d'arredusir hòrt las emetudas de CO2.

 

Remarcas :

1 Per estar sovent con.honut dab lo de la flaquejada e de la horquejada deu Gòlfe Stream de cap tà las còstas nòrd africanas abondosament tratat peus mediàs dab chic o mic d'aunestat e de rigor, lo problèma de la flaquejada e de l'arrèst de l'AMÒC qu'ei un scenarìo coneishut deu demiei deus climatologistes. Uns paleoclimatologistes que trobèn traç d'aqueth fenomèn au conglaç de Groenlàndia, dab a còps cadudas de 5 grats de la temperatura globau mercadas en ua decenia sonque. Totun qu'ei lo purmèr còp qu'avem estudis seriós suu subjècte.

2 Que i a prèssa pressadera entaus cercaires e entaus decidaires d'apregonir las coneishenças sus aqueth mecanisme de l'AMÒC, permor la nosta pena que's poderé cauçar e apressar d'un aute cataclisme en cors. Que n'avèvi déjà parlat en ua cronica. Shens que se n'i parla guaire, l'erupcion deu volcan Hunga Tunga deu mes de genèr de 2022 a las Islas Tongà qui progetè l'equivalent de 67 a 68 000 piscinas olimpicas a l'estratosfèra, aumentant de 13% la quantitat de vapor d'aiga d'aquera estrata hòrt ermetica de l'atmosfèra qu'averé déjà començat de descarar au pregon lo climat deu planeta. Estudis hidables, especiaument un deu CNRS, qu'estimèn a +1,5 grat lo potenciau de forçatge d'aqueth fenomèn sus la temperatura globau. Segon uns especialistes, l'envolada shens pariona de las temperaturas de la flor de las mars e de las tèrras emergidas observada tanlèu lo mes de mai o de junh de 2022 e qui sobra tots los scenariòs deu GIEC e de quant que seré lo hèit d'aqueth volcan. Òr, tà tornar au noste problèma de l'AMÒC, se l'estimacion majoritària d'un punt de partvirament a +2,5°C de temperatura globau ei la bona, tan vau díser qu'ei aqueth fotut volcan qui'ns poderé progetar lèu en ua dimension desconeishuda e esvarjabla deu climat shens qu'i podossim har arren d'ara endavant.

3 Au demorant, quan serén denegadas arron, aqueras naveras ipotèsis que s'escaden non poderén miélher entà arremandar cadun, scientifics com vulgarizators, a la prudéncia e a l'umilitat, qui l'usatge deu condicionau ei l'expression, mòde hòrt maumiat en ua epòca quan mei anar mei de desentenuts plens de glòria e s'estiman mei har córrer proseis e teorias gahats a la volada devant las telas, shens quitament at compréner tot a còps, com si estossen paraulas d'evangèli e la vertat revelada. Tròp de contemporanèus qu'erigeishen la sciéncia en navera religion, lhèu tà seguir los miaires e los lors mediàs segon l'ideologia "progressista", e que trasmudan las vertats màgerment admetudas e coneishudas deu moment en dògmas au subjècte deusquaus e enebeishen aus de mei lo mendre dobte e la quita expression de la mendra nuança au risc de l'escomenge, quin que sia lo maine, climat, medecina, etc ! Créder, desglarà's lo breviari o clavar la, com au temps de l'Inquisicion qui la pensada sola n'ei qu'ua fòrma destraviada e indolòra, au prètz d'un condicionament escusèr e de longaina. Shens desbrombar aqueras faiçons intolerentas e autoritàrias que fabrican hera mei de scepticisme de tot pèu qui non convençen. Òr l'istòria scientifica qu'at amuisha, per estar prodigiosas e sovent la resulta deu tribalh de gènis las tròbas e las "vertats" scientificas que s'apean sus las coneishenças e suus apèrs de cada tempsada e un navèth gèni o navèths apèrs que las pòden tostemps nuançar, questionar, passar, precisar o denegar mei enlà. A l'exemple de la fisica quantica qui au dia de uei e tira drin tà la lutz las hitas de la teoria de la relativitat d'Einstein. Dens lo hèit deu climat, tot çò qui los especialistes renomats e aparan, e qu'ei lo lor dever, que s'apea sus las coneishenças actuaus. Sonque la climatologia qu'ei ua sciéncia pro joena per çò deus apèrs de mesura, d'observacions e de carcul sofisticats, ua sciéncia qui avança pro viste bissè, mes a qui mancan lhèu enqüèra uas claus de compreneson deus mecanismes hèra complèxes deu climat planetari. Las modelizacions, los "scenariòs" de las equipas de cercaires com las deu GIEC, que gesseishen de carculs o simulacions hera sapients hèits dab suberordinators on entran totas las dadas coneishudas. L'existéncia possibla e probabla de factors desconeishuts, se lo cas ei de compte har e qui donc poderén faussar los carculs com las resultas que deveré abastar a justificar l'emplèc sistematic deu condicionau e de tots los torns de lenga de l'ipotetic.

Adishatz !

 

Et si le climat jetait un froid...

Alors que l'hiver fut des plus doux, dans la droite ligne du réchauffement climatique, quelques éclairs ont déchiré le ciel des certitudes du moment, en particulier celles des climatologues. Non qu'ils remettent en question la théorie du réchauffement, mais que des articles récents, parus dans des revues sérieuses, mettent en lumière des découvertes étonnantes concernant d'hypothétiques conséquences effrayantes à l'échelle de l'Europe et selon une chronologie rapprochée.

L'inquiétude viendrait de l'AMOC (Meridional Overturning Circulation Atlantic,) Circulation Méridienne de Retournement Atlantique. L'AMOC est une portion d'un gigantesque circuit de courants marins appelé Circulation Thermohaline, qui fait tourner les mollécules d'eau de surface comme celles des profondeurs des océans selon une chronologie estimée entre 1000 et 1500 ans tout en régulant le climat des terres émergées, notamment celui de l'Europe qui sans cela ressemblerait beaucoup à celui du Canada. La circulation thermohaline est mise en route par les différences de densité de l'eau de mer. Ces différences naissent des écarts de températures (thermo) et de salinité (haline) des masses d'eau. Cependant on parle plutôt de MOC, chez nous d'AMOC, que de circulation thermohaline parce que cela permet aux spécialistes d'intégrer d'autres pocédés physiques (vent, marées, vitesse) qui influencent aussi le déplacement de ces masses. Enfin, cet AMOC est souvent confondu avec le Golfe Stream qui n'en est qu'une branche assez autonome.

Les eaux chaudes des tropiques voyagent à la surface de l'Océan Atlantique vers le nord tout en se densifiant en raison des fluides de chaleur et de l'évaporation. À certains endroits elles sont assez denses par rapport aux eaux environnantes pour plonger et alimenter l'eau profonde nord atlantique qui retourne vers le sud où elle remonte en surface au niveau de l'Antartique.

Or, selon des études récentes, la fonte de la banquise, de la calotte du Groenland et l'augmentation des précipitations due au réchauffement constituent de nouveaux flux d'eau douce qui pourraient diminuer la salinité de l'Atlantique Nord. Réchauffées et moins salées ces eaux plongeraient moins facilement vers les profondeurs. Ce qui pourrait provoquer un ralentissement de l'AMOC, si ce n'est un arrêt. En ralentissant le courant tranporterait moins d'eau salée des tropiques et la salinité des eaux baisserait encore au point de provoquer l'effondrement de l'AMOC. D'autres chercheurs auraient détecté le signal de ce grand affaiblissement.

Les conséquences d'un effondrement de l'AMOC, qui selon d'autres recherches pourrait advenir avant 2050, seraient effroyables en Europe qui pourrait perdre 4 à 10°C de température moyenne en une dizaine d'années seulement et connaître les hivers du Canada, mais aussi des canicules et la sécheresse en été. Certains scientifiques du GIEC, qui envisageait un affaiblissement de 10 à 70% de l'AMOC au delà de 2100, à un niveau de réchauffement global de +2,5°C, se disent interrogés par ces découvertes quand de nombreux spécialistes admettent qu'on connait assez mal tous les mécanismes du milieu marin alors qu'il représente 70% des terres émergées.

L'embarras de certains scientifiques tient aussi aux résultats de ces études. Bien qu'elles demandent à être confirmées et précisées elles vont à l'encontre du discours tenu aux citoyens depuis des décennies. Comment expliquer que le réchauffement actuel pourrait aboutir à une quasi glaciaction chez nous ? Avec le risque d'alimenter le moulin des climatosceptiques. Or nous pourrions arriver vite au point de basculement des 2,5°C évoqués par les savants. Selon le GIEC et l'Organisation Météorologique Mondiale nous nous situons entre +1,2 et +1,4°C de réchauffement global et les températures grimpent fortement.

Fondées ou pas ces nouvelles nous pressent de réduire fortement nos émissions de C02.

 

Remarques :

1 Bien qu'il soit souvent confondu avec celui de l'affaiblissement et de l'inflexion du Golfe Stream vers les côtes nord-africaines par les médias avec plus ou moins d'honnêteté et de rigueur, le problème de l'affaiblissement et de l'arrêt de l'AMOC est un scénario connu du milieu des climatologues. Des paléoclimatologues ont découvert des traces de ce phénomène dans la banquise du Groenland, avec parfois des chutes de 5°C de la température globale enregistrées en une décennie seulement. Cependant c'est la première fois que nous avons des études sérieuses sur le sujet.

2 Il y urgence pour les chercheurs et pour les décideurs à approfondir les connaissances sur ce mécanisme de l'AMOC, parce que notre peine pourrait être aggravée et précipitée par un autre phénomène en cours. J'en avais déjà parlé dans une chronique. Sans qu'on en parle beaucoup, l'éruption du volcan Hunga Tunga du mois de janvier 2022 dans les Îles Tonga qui projeta l'équivalent de 67 à 68 000 piscines olympiques dans la stratosphère, augmentant de 13% la quantité de vapeur d'eau de cette couche particulièrement hermétique de l'atmosphère aurait déjà commencé à changer en profondeur le climat de la planète. Des études fiables, notamment une du CNRS, ont estimé à +1,5°C le potentiel de forçage de ce phénomène sur la température globale. Selon certains spécialistes, l'envolée sans équivalent des températures de la surface des océans et des terres émergées observée dès le mois de mai ou de juin 2022 et qui dépasse de beaucoup tous les scénarios du GIEC, serait le fait de ce volcan. Or, pour en revenir à notre problème de l'AMOC, si l'estimation majoritaire d'un point de retournement à +2,5°C de température globale est la bonne, autant dire que c'est ce fichu volcan qui pourrait rapidement nous projeter dans une dimension inconnue et effroyable du climat sans que nous puissions y changer quoi que ce soit dorénavant.

3 Au demeurant, même si elles venaient à être infirmées par la suite, ces nouvelles hypothèses tombent à point nommé pour rappeler chacun, scientifiques comme vulgarisateurs, à la prudence et à l'humilité, dont l'usage du conditionnel est l'expression, mode fortement malmené à une époque où de plus en plus d'imbéciles infatués préfèrent propager les discours et les théories attrapés au vol devant les écrans, pour certains sans même tout comprendre, comme si c'était paroles d'évangile et la vérité révélée. Trop de contemporains érigent la science en nouvelle religion, peut-être pour se conformer aux dominants et à leurs médias selon l'idéologie "progressiste", et transforment les vérités communément admises et reconnues du moment en dogmes au sujet desquels ils interdisent aux autres le moindre doute et jusqu'à l'expression de la moindre nuance sous peine d'excommunication, quel que soit le domaine, climat, médecine, etc ! Croire, réciter son chapelet ou la boucler, comme au temps de l'Inquisition dont la pensée unique n'est qu'une forme détournée et indolore, au prix d'un conditionnement sournois et de longue haleine. Sans oublier que ces procédés intolérants et autoritaires fabriquent bien plus de scepticisme de toute sorte qu'ils ne convainquent. Or l'histoire des sciences le montre, bien qu'elles soient prodgieuses et souvent le résultat du travail de génies, les découvertes et les "vérités" scientifiques s'appuient sur les connaissances et sur les outils de chaque époque et un nouveau génie ou de nouveaux instruments peuvent toujours les nuancer, questionner, dépasser, préciser ou infirmer par la suite. À l'instar de la physique quantique qui de nos jours met un peu en évidence les limites de la théorie de la relativité d'Einstein. Dans le domaine du climat, tout ce que les spécialistes reconnus avancent, et c'est leur devoir, s'appuie sur les connaissances actuelles. Sauf que la climatologie est une science assez jeune pour ce qui est des instruments de mesure, d'observation et de calcul sophistiqués, une science qui progresse assez vite certes, mais à qui manquent peut-être encore quelques clefs de compréhension des mécanismes très complexes du climat planétaire. Les modélisations, les "scénarios" des équipes de chercheurs comme celles du GIEC, sont issus de calculs ou simulations très savants faits avec des superordinateurs où on entre toutes les données connues. L'existence possible et probable de facteurs inconnus, potentiellement importants et qui donc pourraient fausser les calculs comme les résultats devrait suffire à justifier l'emploi systématique du conditionnel et de toutes les tournures de langue de l'hypothétique.

Adishatz !

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