Saison des cèpes 2015, septembre a joué à chamboule-tout...
Adishatz,
Les saisons de cèpes ne s'affranchissent pas des lois de nature qui veulent que les mécanismes les mieux huilés peuvent subitement ou subrepticement se gripper comme le carrosse se transforme en citrouille. Pour filer la métaphore sportive je dirais qu'à cet instant, le millésime 2015 n'a pas concrétisé en chiffres les espérances qu'une première mi-temps exceptionnelle avait légitimées, du moins dans les territoires de mon ressort.
À y regarder de plus près, la situation en ce début d'automne est on ne peut plus contrastée dans les plaines du sud-ouest. Certains en me lisant auront peine à me croire tant leurs secteurs suffisamment arrosés ont joui d'une ou plusieurs pousses mirifiques depuis la fin août, preuve s'il en était besoin que les cèpes n'ont rien perdu de leur allant printanier. Or à quelques kilomètres de là seulement, parfois, d'autres amateurs restent pour l'heure à l'écart de toute pousse. À l'instar du lot qui est le mien, la grande majorité des territoires connait un sortie de cèpes faible à modérée en continuum depuis le mois de septembre mais on est vraiment très loin des grandes pousses de 2011, 2006, ou même octobre 2014.
La raison de ce déraillement tient au climat pour l'essentiel. Alors que les cèpes avaient montré un héroïsme sans borne en bravant les premiers jours de cet été caniculaire début-juillet, tous les épisodes pluvieux et/ou orageux survenus à partir du 17 juillet ont été trop inconsistants et beaucoup trop brefs car encadrés par de longues séquences ensoleillées et sèches, et la dégradation un peu plus sensible du temps en septembre n'a pas fondamentalement arrangé la chose.
Bien au contraire, l'orage virulent survenu les 31 août et 1er septembre, qui constitue un tournant majeur de l'année météorologique sans pour autant apporter suffisamment d'eau dans mes terres, avait dans son sillage un air beaucoup plus frais dont le mois de septembre ne s'est jamais relevé. Au final, ces pluies et orages brefs et modérés, dans un atmosphère rafraichi, ont essentiellement contribué à refroidir prématurément la température des sols en profondeur, lesquelles sont très vite devenues un peu faibles pour favoriser la plénitude d'une pousse de thermophiles. Dès le 15 septembre le sol de mon bois test avoisinait les 15 degrés. Tant et si bien que les premiers Marteroets (boletus edulis), pointaient dans certaines sylves les samedi 19 et dimanche 20 septembre, un bon mois avant leurs devanciers de 2014, en prélude à une dernière décade admirable du cèpe de Bordeaux dans mes coteaux, il fut bien le seul...
Pour la suite et la fin, je ne sais trop que dire. Le "tsunami" de cèpes automnal que le printemps 2015 laissait raisonnablement espérer, reste possible, même si les éléments météorologiques continuent à jouer contre la majorité d'entre nous. Il faut se souvenir de novembre 2011. Il nous faudrait une hausse sensible des températures, air puis sol dans le courant du mois d'octobre, suivie enfin par ce déluge généralisé que le ciel nous refuse depuis la première décade de juin. Et par la suite, que le froid attende un peu pour faire son nid. Autant vous dire que pour l'instant, les prévisions météorologiques dont je dispose ne vont pas dans ce sens, qui voient le mois d'octobre s'enfoncer dans la fraîcheur automnale, avec toujours quelques passages pluvieux trop limités et isolés pour être efficaces. Si la grande saison des cèpes thermophiles 2015 ne devait pas tenir toutes ses promesses, nous nous consolerions bien vite en constatant que le cèpe de Bordeaux, lui, probablement piqué par les fortes chaleurs de l'été, est dans tous ses états, notamment les meilleurs.
Adishatz...