Si l'amour rend-il aveugle ou simplement ferme-t-il les yeux ?
En ces temps de nomadisme institué où glissent tant de silhouettes effacées, dissimulées, interchangeables, âmes grisées presque sans nom, où croisent tant de gens sans horizon où accoster, sans passé où jeter l'ancre et sans aspérité où accrocher, le destin de Florence Cassez ne serait-il donc pas au fond l'illustration parfaite d'une époque à ce point superficielle, inconséquente et évaporée qu'on pourrait vivre avec un pédocriminel, serial killer, dépeçeur de vieilles dames enterrées dans sa propre cave et terroriste d'Al Qaïda dans les camps djihadistes sans jamais apercevoir ni se douter de rien ? J'ai suffisamment eu à connaître de couples d'amis filant le plus parfait amour sans strictement rien savoir ni même s'intéresser à la vie passée et présente l'un de l'autre que je veux bien croire que ce soit, malheureusement, possible. Si l'amour est bien aveugle, comme on dit, c'est peut-être aussi qu'au présent, il juge souvent préférable de fermer les yeux...