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Le Blog de Cristau de Hauguernes
13 décembre 2020

Randonnée au Cujala de Sesques

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Adishatz,

C'est depuis les Gorges du Bitet, près de deux kilomètres après avoir quitté la route du Pourtalet, que s'élance la randonnée qui mène au Cujala de Sesques, moins connue que celle du lac d'Isabe qui démarre un peu plus loin ou que celle du lac d'Er en remontant vers Gabas. Il ne faut pas manquer le chemin sur la gauche juste avant que la piste carrossable ne franchisse un pont, puis le sentier qui s'écarte des gorges pour passer sous une conduite d'eau aux abords de la cabane de Razies. Cette randonnée que nous avons accomplie le 4 août 2020 n'est pas balisée mais abondamment cairnée, de sorte qu'avec une bonne carte ign et un bon sens de l'observation et de l'orientation on ne risque pas de se perdre.

La partie la plus raide et la plus consistante de l'ascension commence peu après la cabane, quand le sentier se prend à serpenter dans la hêtraie-sapinière, non loin de l'Arrèc de Sesques, sorte de fil conducteur. Elle est un peu moins sévère et surtout moins longue que sa voisine d'isabe. La pente s'adoucit au fur et à mesure que nous approchons de la sortie de la forêt et de la cabane de l'Artigues de Sesques, sorte de vaste prairie à 1400 mètres d'altitude, vaguement plane, trufée d'énormes blocs et dominée par le cirse laineux. De cet endroit, dans la lumière matinale nous admirons le Bec de Sesques (1955 m), las Serous (2386 m) et le célèbre Capéran de Sesques (2410 m.)

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Puis le sentier se cabre à nouveau quelque peu avant d'entrer dans un bois qui conduit au pied du Cujala de Sesques. Sur la lisière supérieure des swerties pérennes splendides sont postées sur le canevas des sources qui dévalent la pente tandis que déjà les chardons bleus, fortement représentés dans le cirque se signalent un peu partout. En contrebas le port élancé et les casques jaunes pâles des aconits tue-loup délimitent la zone humide de l'Arrèc. Mais la beauté de toutes ces fleurs n'a d'égal que celle du vallon dominé par tous les sommets, Las Serous, le Capéran, Mondaut (2526 m) et l'Escarpu (2606 m) qu'on devine sur la droite. Et déjà, au creux de cet écrin naturel, nous apercevons le glacier, ou ce qui l'en reste, et dont l'étude pluridisplinaire constitue l'objet principal de cette expédition.

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À hauteur du Cujala de Sesques (1657 m) nous avons laissé derrière nous le bois et les arbres se font aussi rares que petits, pour l'essentiel des aulnes qui tètent l'eau du ruisseau et des sources, et, sous la chaleur imparable, nous progressons dans un univers fait de pierres et d'herbe grillée ou fraîchement broutée par les brebis. Qui évitent soigneusement les aconits panachés et anthores dont la splendeur d'a de comparable que la toxicité. Le dénivelé relativement faible qui mène au glacier tend à écraser les distances et la marche d'approche se revèlera assez longue en fin de compte.

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Après avoir atteint le névé je ne résiste pas à l'envie de pousser plus haut car je suis attiré par une belle cascade flanquée de verdure tout au pied du Mondaut et du Capéran. C'est là que commence la véritable ascension. Ces pentes plus sévères et verdoyantes sont peuplées d'allums et d'Iris des Pyrénées.

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Le temps d'une pause près de la cascade, qui offre une vue inégalable sur le fond de la vallée, alors qu'en files indiennes à travers les pierriers, les brebis montaient vers leur pitance, je rejoins mes acolytes qui ont déjà entrepris de fouiller le névé et les éboulis car pour nous aussi, il est temps de casser la croûte.

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Ce rituel de convivialité est agrémenté par la visite du berger, quadragénaire bondissant de pierre en pierre dans le sillage de son troupeau, liant, débordant d'humour et de bon sens populaire face aux tourments de l'année. "Les jeunes sont à plaindre quand même, nous, à 20 ans, on arrivait à b..... en se cachant, aujourd'hui, même pour s'embrasser ils sont obligés de se cacher, nous dira-t-il peu avant de reprendre sa marche vers les pâturages."

Les premières heures de l'après-midi chacun s'adonne à ses penchants naturalistes, les uns retournent les pierres en quête d'insectes rares, d'autres recherchent des minéraux ou scrutent les cieux ou les falaises à l'affût de quelque vautour ou autre aigle royal. Pour ma part je poursuis mon investigation des plantes du cirque. Pourtant c'est notre amie Anne qui dans la descente, entre les incontournables carlines et les doronics, décélera la rareté, quelques magnifiques pieds d'adonis des Pyrénées.

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Le retour vers les gorges du Bitet s'opère sous une fine couverture nuageuse, avec pour toile de fond la vallée d'Ossau et surtout les impressionnantes formations calcaires du Cézy. La descente finale est plus "technique" que la montée, mais nos efforts sont couronnés par la découverte d'un bel épipactis helleborine au bord du chemin.

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Cette ascension au Cujala de Sesques s'avère une fort belle randonnée doublée d'un indéniable intérêt naturaliste, sans difficulté majeure, outre la pente au départ du sentier. Il faut simplement bien suivre les cairns et se munir d'une bonne carte ign. Tenir compte aussi du fait qu'après la sortie du dernier bois juste avant le Cujala, vous ne disposerez d'aucun point d'ombre.

Adishatz

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