Le temps de l'année 2024 près de Salies de Béarn (chronique.)
(Mise à jour le 4 novembre)
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Adishatz,
Impossible au démarrage de cette chronique annuelle au fil des mois, de ne pas resituer la narration qui suit dans le contexte d'un réchauffement climatique global qui se poursuit et multiplie les signaux de plus en plus inquiétants. En ce début d'année, les températures des eaux de surface des océans et des mers surclassent déjà tous les records de chaleur que l'année 2023 avait pourtant pulvérisés. C'est une très mauvaise nouvelle car jusqu'à présent la température des eaux de surface des océans et des mers, bien qu'en hausse constante, évoluait beaucoup plus lentement que celle des terres émergées. Or les océans et les mers qui représentent 70% de la surface du globe jouent un rôle très important dans la stabilisation du climat.
Sur les 30% restant, plus particulièrement dans l'hémisphère nord, l'anomalie positive de températures atteint des niveaux jamais vus depuis le début des relevés météorologiques, à plus de 1,5°C au-dessus de la moyenne 1979-2000.
Si je prends la peine de publier ces données c'est pour mieux vous convaincre de l'aberration et de l'inconséquence totale d'un funeste projet qui a cours en ce moment par chez nous et qui aboutirait à terme à couper des centaines de milliers d'hectares de bois et de forêts de notre belle Gascogne pour les transformer en "e-kérosène" dans une usine à Lacq, Bio Tjet. Ses promoteurs perfides, arguent qu'il faut couper les essences actuelles car elles seraient inadaptées au réchauffement climatique et promettent de replanter des essences à croissance rapide. Sauf leur menterie enrobée de green washing, cela revient à remplacer des capteurs de CO2 actuellement efficaces par d'hypothétiques capteurs de CO2 (encore faut-il qu'ils poussent) qui ne commenceront à fixer réellement du carbone que dans plusieurs décennies, sans oublier celui que le "e-kérosène" d'une petite élite prête à tout pour pérenniser son mode de vie devenu insoutenable pour les équilibres vitaux de notre planète, ne manquera pas de relâcher d'ici-là... Je vous invite à vous informer sur ce projet en vous rapprochant des associations environnementales locales, notamment la Sepanso. Des collectifs sont en cours de constitution.
Ce premier mois de l'année a vu la fin de la très longue et copieuse séquence de pluie démarrée à la mi-octobre, et qui aura eu l'heur de ramener nos nappes phréatiques à des niveaux satisfaisants. Après trois premières journées presque sèches, un gros passage pluvieux sévit du 4 au 7 janvier (52 mm,) puis un autre plus modeste (18 mm) du 14 au 17. Après le 18 janvier le temps se met au sec (hormis 5 bons millimètres le 22 et le 23.) De sorte que le mois termine en anomalie de précipitations de près de 30%.
Vous n'imaginez pas l'embarras qui est le mien au moment d'aborder le volet températures... Pour l'instant cet hiver est méconnaissable, j'ai beau chercher, il n'y a rien de tel dans mes relevés à Lasbordes depuis 1985. Non pas qu'il fasse très doux par moment en janvier chez nous, mais c'est surtout la quasi disparition des températures "fraîches", de saison comme on dit, autour de 10°C, et qui étaient le liant des hivers naguère entre les périodes froides et les inévitables redoux, qui me laissent dubitatif et inquiet.
Pourtant le froid n'a pas manqué de bravoure et a pu temporairement se montrer incisif. D'abord du 5 au 13 janvier après un début d'année à 13°C. Le thermomètre est resté bloqué sous les 5°C du 8 au 12 avec deux journées particulièrement froides (pas plus de 2°C) les 9 et 10. 7 nuits de gel consécutif avec un pic à -5°C le 9. Salies de Béarn n'aura vu passer que de rares flocons mouillés perdus dans la pluie glaciale le mercredi 10 tandis que le nord de l'Aquitaine faisait des bonhommes de neige.
La deuxième et dernière offensive du froid (après un très net redoux entre 13 et 17°C du 14 au 18 tandis que le nord de la France grelotait dans le froid et sous la neige) est advenue le 19 et le 20 janvier. Elle fut d'autant plus ressentie que la veille il faisait extrêmement doux et que nous avons perdu près de 15°C en quelques heures. Après une journée bloquée à 3°C le 19 il a gelé à -8°C le samedi 20 janvier. Journée de pèlerinage climatique d'une certaine façon, les fossés, talus et portions ombrées de nos paysages restant gelés toute la journée, comme cela advenait plus souvent il y a dix bonnes années.
Après une ultime gelée à -3°C le dimanche 21, le mois de janvier a définitivement basculé dans la grande douceur, 13 à 18°C, les températures nocturnes fluctuant entre 3 et 7°C.
Dans ces conditions on s'estime presque heureux que janvier 2024 termine avec "seulement" un petit peu plus de 1°C d'anomalie thermique positive.
Il aura fallu attendre la nuit du 27 au 28 février, pour arracher à la douceur d'un mois sans partage la piètre gelée qui nous évite de renouer avec le triste record du mois de février 1990. C'est dire...
Les six premiers jours du mois sont très agréables, presque sans pluie, avec des températures maximales oscillant généralement entre 13 et 15°C mais s'abaissant à 8°C le 5. Les minimales sont douces pour la période, entre 3 et 7°C.
Une très nette dégradation des conditions météorologiques s'opère dans l'après-midi du mercredi 7 et jusqu'au lundi 12. Près de 60 mm de pluie, principalement sur les journées du samedi 10 et du dimanche 11. Les températures sont très douces du 7 au 9 (16 à 17°C les après-midis, 8 à 10°C en cours de nuit,) mais fléchissent quelque peu après le 10 (8 à 9°C pour les maximales.) Dans ce contexte très agité, la journée du lundi 12 est marquée par une tempête virulente baptisée Karlotta. Quelque peu sous-estimée par la plupart des modèles météo elle sévit sans coup férir de 11h30 à 14h30, des dégâts aux toitures sont signalés ici et là, ainsi que des arbres abattus, notamment de vieux fruitiers pourtant aguerris, et des pylônes en bois de télécommunication sortis de terre et sectionnés. Les observations pointent un couloir de vent à plus de 100 km/h en flux tendu depuis la côte jusqu'à l'intérieur du Béarn. La station basque voisine d'Aïcirits enregistre des rafales à 110 km/h, valeur maximale approximative que l'on peut raisonnablement étendre aux secteurs de Sauveterre de Béarn, Navarrenx et Salies de Béarn au vu des dégâts. Orthez plus au nord, n'enregistrera "que" 80 km/h.
Les journées des 13 et 14 février sont beaucoup plus calmes et agréables. Après une nuit à 2°C le 13 la température grimpe à 21°C le 14.
Le jeudi 15 février reproduit cette température mais le temps se dégrade fortement. Un cumul de 27 mm est réalisé le 16 février sur 48 h.
Un intervalle sec plus durable advient du 17 au 21 février avec des températures maximales fluctuant entre 12 et 16°C et des minimales en dents de scie (2 à 9°C.)
Le jeudi 22 février se produit un nouveau changement radical. Précédé par un coup de vent de sud-ouest générant un pic de douceur à 19°C la bascule en vent d'ouest de la tempête Louis s'avère moins violente que redoutée, localement. Il faut dire que les services météo ont sans doute voulu anticiper après avoir été un peu pris de court par Karlotta. On a essuyé deux ou trois grosses rafales sous un gros nuage convectif vers 15 h 30 et le vent s'est très vite calmé. Nonobstant, le passage du front froid associé à cette tempête plus septentrionale avait dans son sillage un temps nettement plus pluvieux mais aussi plus frais et même temporairement assez froid pour terminer le mois. Les journées des 23, 24 et 25 février sont caractérisées par de puissantes giboulées avec grêle et coups de tonnerre. Par la suite ce seront plutôt des pluies continues. Si les températures maximales descendent brièvement jusqu'à 6 ou 7°C (le 24 et le 27,) on évolue généralement entre 9 et 13°C, renouant pour quelques jours avec des normales de fin d'hiver qu'on croyait surannées. Hormis la faible gelée du 28 les minimales ne descendent pas en dessous de 2°C.
Ces huit dernières journées plus fraîches ont quelque peu estompé l'anomalie positive de températures de ce mois de février qui sans cela aurait pu surpasser certains illustres devanciers tels que février 1990. Côté précipitations, avec un cumul dépassant 195 mm les normales mensuelles sont plus que doublées et février 2024 se situe parmi les plus arrosés.
Malgré un fléchissement entre le 17 janvier et le 7 février, l'hiver 2023-2024 s'avère particulièrement pluvieux, 468mm (environ 30% d'excédent,) sur la lancée des mois d'octobre et de novembre. Malgré deux incursions froides assez incisives au cours des deux premières décades de janvier, le niveau des températures moyennes sur décembre-janvier-février présente une anomalie de douceur très forte, très légèrement inférieure à +2°C. Très peu de températures maximales inférieures ou égales à +5°C, un total de 20 gelées depuis le début de la basse saison (c'est très faible,) cet hiver est parmi les plus doux jamais enregistrés, en compagnie de 1989-1990, 2000-2001, 2015-2016 et 2019-2020
- Heurèr, heurèris, qu'ès passat e non t'èi vist, ce disè lo paisan au més de heurèr.
E lo més de heurèr que responè en hant un emprunt au més de març :
- Prèsta me'n un, prèsta me'n dus, prèsta me'n tres, prèsta me'n quate ! Que'us te s'i hèi tots pena abater...
- Février, temps de février, tu es passé sans que je te remarque, disait le paysan au mois de février.
Et le mois de février répondait en faisant un emprunt au mois de mars :
- Prête m'en un, prête m'en deux, prête m'en trois, prête m'en quatre, je vais leur faire un temps exécrable...
Les cinq premiers jours du mois furent particulièrement agités et frais dans la lignée de la dernière décade de février. Des températures maximales ne dépassant plus 11 à 13°C et une faible gelée ( 0°C) le 4. Près de 95 mm de précipitations parfois sous forme de giboulées ce qui devient tellement rare qu'on se doit de le signaler. Mention spéciale à la journée du dimanche 3, bien froide, température n'excédant pas 7°C et qui a vu voltiger quelques flocons de neige sous les giboulées les plus froides pour un cumul de 37 mm.
Après une nouvelle faible gelée ( 0°C) le 6 le temps s'assèche et s'éclaircit jusqu'au dimanche 10 à la mi-journée. Malgré un pic à 19°C le jeudi 7 les températures restent dans les normes de la saison, 13 à 15°C.
Dans l'après-midi du dimanche 10 mars une nouvelle dégradation sensible des conditions météorologiques s'opère, débouchant sur une journée du 11 très pluvieuse (près de 31 mm) sous forme de giboulées accompagnées de grêle. Les températures maximales oscillent entre 10 et 13°C. Les averses cessent la nuit suivante pour un cumul approchant 34 mm.
La journée du mardi 12 mars voit donc une très nette amélioration du temps qui tiendra bon jusque dans la soirée du lundi 25 malgré deux ou trois averses isolées. Après deux nuits un peu fraîches les 12 et 13 mars la période qui s'ouvre est caractérisée par une très nette hausse des températures, avec des maximales supérieures à 20°C presque continuellement du 13 au 22 mars, et un pic à 24°C ce même jour et des minimales entre 8 et 11°C du 18 au 22. À partir de la journée du 23 mars, toutefois, les températures dévissent lentement pour rejoindre les normales saisonnières à l'avant d'un nouveau changement de temps.
Les tout derniers jours du mois, de l'après-midi du 25 au dimanche 31 sont extrêmement agités et nettement plus frais, avec des minimales fluctuant entre 1 et 5°C et même une faible gelée (0°C) le 27 mars. Le dernier jour du mois ne dépasse pas 10°C. Sous l'emprise de puissants cumulonimbus les cumuls de précipitation de cette dernière semaine sont impressionnants (84 mm,) notamment la journée du vendredi 29 qui réalise à elle seule 42 mm. Ces mêmes cumulonimbus génèrent de puissantes averses de grêle et favorisent les fortes chutes de températures par isothermie, ce qui explique en grande partie la fraîcheur des soirées et des nuits.
Au bilan, le mois de mars 2024 termine sur un cumul proche de 220 mm de pluie, soit près du double des normales mensuelles. Malgré des minimales assez proches des moyennes attendues le mois termine encore en anomalies positive de températures de près de 1°C, signature de la longue période de très grande douceur survenue en milieu de mois. Nous n'observerons plus de mois en anomalie thermique négative tant que les périodes dites "froides" ou "fraîches" correspondront tout juste à ce que nous appelions les normales il y a encore quinze ou vingt ans tandis que les périodes de grande douceur ou de chaleur nous propulseront sans forcer à 5 voire 10°C au-dessus de ces dernières.
Les mois d'avril et de mai sont rarement faciles à résumer pour un chroniqueur climatique et chaque année je peine à trouver un fil conducteur dans ma narration tant les types de temps se bousculent et les températures varient, en attendant que le mois de juin et l'été imposent leur suprématie... Et c'est aussi pour cela que depuis deux ans j'ai opté pour une actualisation tout au long de l'année.
Une fois n'est pas coutume, cette année le mois s'est organisé en deux temps, une première partie chaude, parfois même très chaude et généralement ensoleillée jusqu'au 14, et une seconde, nettement plus fraîche et perturbée du lundi 15 au mardi 30.
Les deux premiers jours du mois sont perturbés et modérément pluvieux ( environ 15 mm ) avec même quelques giboulées de grêle. À partir du 3 le temps s'éclaircit et les températures s'envolent. Un pic à 30°C est enregistré dans mon versant de coteau boisé le 5 avril mais ce sont des valeurs approchant 33 à 34°C qui sont relevées dans les localités voisines. Cet épisode de chaleur très précoce n'est pas sans rappeler celui des premiers jours d'avril 2011.
Dans l'après-midi du 8 et toute la journée du 9 un important passage pluvieux ( cumul de 39 mm ) met fin à cette séquence chaude. Les températures maximales ne dépassent pas 13°C le 9 et 15°C le 10.
Toutefois, avec le retour du beau temps le mercure repart très vite à la hausse et on dépasse à nouveau 25°C du 12 au 14.
La journée du lundi 15 avril, beaucoup plus maussade et très faiblement pluvieuse marque une rupture très nette et saisissante avec les deux semaines précédentes. Les températures maximales descendent progressivement sous les 15°C jusqu'au 18 sous un ciel lâchant des averses bien froides descendant du nord. À la faveur d'une accalmie sèche et plus claire les températures remontent temporairement à 20 et même 21°C le vendredi 19 et le samedi 20 mais les nuits sont très froides, en dessous de 2°C, avec même une faible gelée (0°C) le lundi 22.
À cette date une nouvelle descente froide fait plonger les thermomètres plus nettement et la journée du 24 avril avec des valeurs comprises entre 0 et 10°C est digne d'un mois de Janvier. À noter aussi que cette période fraîche qui reculera lentement après le 26 avril avait dans ses bagages un nouveau train perturbé qui nous survivra à ce mois d'avril.
Bizarrement cette deuxième quinzaine perturbée et fraîche s'est avérée moins pluvieuse quantitativement que la première aux précipitations plus passagères mais aussi plus copieuses. Avril 2024 termine sur un léger déficit pluviométrique qui n'entame en rien les réserves reconstituées tout au long des mois précédents. Et malgré la forte baisse enregistrée en cours de mois on termine encore sur une anomalie positive de températures de près d'1 degrés.
"Nous n'aurons pas eu un joli printemps..." C'est ce que me disait souvent mon aïeule Nancie Camougrand lorsque les mois d'avril et de mai n'en finissaient plus d'instabilité, de grisaille et de fraîcheur. Les dernières semaines du printemps m'ont donné de ressasser ces paroles avisées.
Les premiers jours du mois de mai, jusqu'au 7 ont été particulièrement arrosés et globalement frais malgré un pic de chaleur à 26°C le 5. On note même une nuit à 3°C le 3. La veille a vu quelques giboulées de grésil.
Une très courte amélioration et une hausse des températures adviennent du 8 au 10.
Toutefois, après un pic de chaleur à 30°C le 11 le temps tourne à l'orage et on repart pour une longue séquence instable et fraîche jusqu'au 23. Les températures peinent à atteindre et dépasser les 20°C en journée et on repasse sous les 10°C en cours de nuit. Si les journées des 13, 18 et 22 mai se signalent par des précipitations plus abondantes (25, 19 et 17 mm) nul ne peut se sentir dispensé de sortir sans parapluie durant cette période. Dans ce contexte la journée du 19 s'est signalée par un orage extrêmement puissant accompagné de pluies torrentielles et localement de grêle affectant principalement les localités de Làas, d'Andrein, d'Orion et de l'Hôpital d'Orion, mais laissant le quartier Lasbordes et Salies en marge.
À partir du 24 les derniers jours du mois de mai sont un peu plus agréables malgré quelques passages pluvieux plus modiques. Mais les températures ne parviennent pas réellement à reprendre de la hauteur, de rares pics de chaleur isolés (27°C le 25 et 26°C le 29) étant rapidement balayés par la bascule du vent au nord-ouest, frais.
Au final mai 2024 termine en déficit thermique de près de 1°C dans le département, ce qui est devenu fort rare depuis le début de la décennie mais en excédent pluviométrique de plus de 50% par rapport aux normales mensuelles.
En dépit de quelques périodes ensoleillées et sèches, principalement en mars et avril, ce printemps s'est avéré particulièrement instable et arrosé avec un déficit d'ensoleillement qui a favorisé un ressenti bien morose. Le faible déficit pluviométrique d'avril qui faisait suite à un mois de mars en fort excédent a très vite fait place à un mois de mai très pluvieux de sorte que le trimestre termine sur un excédent de plus de 50%.
Malgré des températures en baisse après la mi-avril et un mois de mai plus frais que les normales ce printemps béarnais termine encore en anomalie positive d'un bon degré. Il faut rappeler que si la forte couverture nuageuse freine la hausse des températures diurnes, elle empêche aussi le refroidissement nocturne.
Cette année, une fois n'est plus coutume, les nappes sont bien remplies au moment d'amorcer le grand virage estival...
L'embellie observée fin-mai se poursuit jusqu'au 7 juin inclus avec des températures maximales remontant lentement jusqu'à 25°C puis culminant à 30°C le 5 et le 6, les minimales restant longtemps proches de 10°C.
Une brève mais très intense dégradation orageuse survient entre la fin de l'après-midi du 8 et le début de matinée du 9 juin. Le secteur de Salies est affecté par de très puissants nuages d'orages descendant de la Chalosse et du Gers et tournoyant très longuement sur le secteur. Ces cumulonimbus génèrent des précipitations extrêmes dans un tintamarre indescriptible mais miraculeusement pas de grêle. Mon pluviomètre totalise 88 mm en moins de 12 heures, certains voisins parlant de 90 à 100 mm, chiffres sujets à caution. Il semble que les quantités d'eau furent encore plus impressionnantes en allant vers L'Hôpital d'Orion, Lanneplàa et Orthez. Ce cataclysme a provoqué une crue très soudaine et dévastatrice de nos cours d'eau, débordant sur les routes et emportant des bandes entières de champs fraîchement mis en culture.
La période du 10 au 18 juin est plus agréable mais jamais totalement stable et sèche avec un risque d'averses ou d'orages certains après-midis et soirs. Elle est aussi un peu plus chaude (maximales de 23 à 29°C du 13 au 18) après quelques journées très fraîches jusqu'au 13 où on a eu toutes les peines du monde à dépasser 20°C en après-midi tandis que les minimales, inférieures à 10°C, sont descendues à 6°C le 13.
Une énième dégradation sensible s'opère dans la matinée du 19 juin avec plusieurs passages pluvieux copieux (cumul dépassant 35mm) jusque dans la nuit du dimanche 23. Dans ces conditions les températures maximales descendent sous les 20°C.
Après une brève accalmie ensoleillée et nettement plus chaude (31°C les 25 et 26 juin) le mois retourne à l'instabilité mais sans excès, avec des températures peinant à dépasser 25°C. Début d'été très instable et sans chaleur excessive, très loin des épisodes de fournaises des dernières années.
Juin 2024 termine en très important excédent de pluviométrie (près de 200%) mais avec des températures assez proches des normales.
Un mois de juillet "à l'ancienne," rappelant assez les mois de plein été des années 1980 et 1990 au 20° siècle, chaleur généralement contenue, assez constante et temps plutôt sec.
Jusqu'au 8 le temps est assez instable, sur la lancée de juin, mais les précipitations sont beaucoup plus faibles et de courte durée. Malgré quelques pics à 29 et 30°C (le 8) les températures peinent à atteindre 25°C et les minimales indiquant le plus souvent 11 à 12°C s'abaissent à 8 puis 9°C le 7 et le 8.
Même si les températures matinales restent encore parfois un peu basses (10°C le 13 juillet) la tendance générale est à la hausse à partir du 9, les maximales ne descendant quasiment plus sous les 25°C. On a même un pic à 32 et 33°C le 18 et le 19. Sur toute cette périodes seules de rares averses faibles (moins de 2 mm) et très brève affectent de résister à la mise en place d'un temps anticyclonique beaucoup plus sec.
Dans la nuit du 20 au 21 juillet un fort passage orageux advient, générant un cumul de 14 mm (seule valeur mensuelle dépassant les 10 mm/)
S'ensuivent quelques nuits assez fraîches du 22 au 25 (10 à 12°C.) Mais le temps redevient sec et les températures diurnes dépassent à nouveau facilement 25°C.
Poussant vers nous une très faible dégradation orageuse dans la journée du 27 juillet, la fournaise qui sévit en Péninsule Ibérique franchit les Pyrénées le lendemain. Si la valeur de 32°C relevée peut sembler modeste, c'est dans la soirée qu'on ressent nettement la poussée de fièvre. Seule la journée du lundi 29 juillet, avec 37°C mais dans une ambiance étouffante, sera véritablement caniculaire. Par la suite les orages de chaleur exsangues et surtout le vent d'ouest feront rapidement redescendre le mercure sous les 30°C.
Au final si ce mois de juillet 2024 termine assez proche des normales sur le plan des températures le déficit significatif de précipitations me donne à penser qu'on pourrait assez vite manquer d'eau en surface pour les cultures et la végétation. Mais bon, pour l'instant il faut bien dire que ces quelques semaines de temps sec et modérément chaud ont fait grand bien après les excès de mai et juin. Surtout qu'on est très loin des épisodes caniculaires à répétition qui ont caractérisé les étés de 2015 à 2022 et qu'on n'avait plus vu végétation aussi luxuriante et niveau des cours d'eau aussi hauts en Béarn depuis très longtemps à pareille époque. Il faut savoir apprécier les répits quand ils se présentent, nous en avons si peu...
L'été 2024 aura connu son moment le plus chaud entre le 28 juillet et le 11 août au soir avec des températures maximales souvent proches de 30°C. Le point culminant étant atteint très ponctuellement le dimanche 11 avec une envolée brusque des températures à plus de 40°C en Gascogne (38°C à Hauguernes béni des bois,) après un samedi déjà très chaud. Les onze premiers jours de ce mois d'août furent également particulièrement secs sur la lancée du moins de juillet. À l'exception d'un bref orage tonitruant vers 2h45 dans la nuit du 6 au 7 qui a généré 4 mm de pluie mais surtout un impact de foudre si proche de ma chambre que je le soupçonne d'avoir frappé mon antenne de toit avant de descendre sous terre par les réseaux électriques. À 3 h du matin pétante, pleine lumière et détonation, que dis-je explosion à la manière d'une bombe, d'une puissance jamais entendue pour ma part. Mes installations électriques ont disjoncté et le lendemain je mes suis aperçu que l'adaptateur du pc avait rendu d'âme dans l'affaire...
Le vent d'ouest qui s'est levé dans la soirée du 11 et a ramené ses trains de nuages depuis le Golfe de Gascogne a sonné le glas de cette séquence la plus chaude et la plus belle de l'été. Après quelques orages de mise en bouche le 12 et le 13, dans une ambiance vaporeuse, c'est un véritable déluge qui se déclenche dans la soirée du 13 et jusqu'en fin de matinée le 14 (environ 75 mm selon mes propres relevés, 80 voire 110 selon les relevés de certains voisins.) Temporairement les températures maximales redescendent sous les 25°C mais les minimales résistent à la faveur de la forte nébulosité nocturne.
Du 15 au 28 août le temps s'améliore et les températures remontent sans jamais toutefois revenir au niveau de la première décade car on atteint rarement les 30°C. Quoique souvent agréable cette période est également moins sèche car entrecoupé de brefs mais copieux passages pluvieux (principalement nocturnes) qui entretiennent l'humidité des écosystèmes après les orages de la mi-août. 7 mm dans la nuit du 17 au 18 et 6 mm dans celle du 24 au 25 par exemple.
Les trois derniers jours du mois marquent un nouveau tournant vers l'automne météorologique avec l'arrivée d'une goutte froide qui génèrent de brefs mais aussi puissants et copieux passages orageux dans une ambiance encore chaude (autour de 25°C.) Plus de 43 mm sont relevés sur la période (16 mm le 29 et 21 le 31.) Mention spéciale à l'orage du samedi 31 août au soir, qui s'est annoncé au sud-ouest peu avant 19h, par une sorte de double nuage mur ténébreux au-dessus des plaines des gaves et Sauveterre et a généré des rafales de vent de sud-ouest suffisamment puissantes pour mutiler et abattre de nombreux arbres d'une propriété voisine située en crête. Il n'est pas sans rappeler l'orage du 29 août 2022 qui avait abattu de nombreux chênes centenaires sur un périmètre plus étendu.
Sans rien retirer au ressenti essentiellement agréable et estival qui s'en dégage dans mon entourage le mois d'août 2024 termine en excédent pluviométrique de près de 50% et en anomalie thermique positive d'environ 0,5°C. Les précipitations nocturnes donc peu gênantes et le fait que les températures n'auront que très ponctuellement percé le plafond des 30°C sont pour beaucoup dans cette appréciation que je partage.
Il faut savoir apprécier les répits que le climat nous concède, fût-ce localement, ils sont de plus en plus rares. Même si partout ailleurs on ne voit que trop que le réchauffement climatique s'emballe et montre des valeurs catastrophiques à plus de 50°C, sans parler des incendies de forêts gigantesques qui ne manqueront pas d'aggraver la situation, je signe tout de suite pour que tous nos étés gascons soient du niveau de l'exercice 2024 jusqu'à la fin du siècle. Surtout après près de 10 ans de fournaise itérative. Nos paysages n'ont jamais été aussi verts et nos cours d'eau aussi hauts qu'en cette fin d'été. Merci pour eux ! Soufflons un peu ! Le climat ne manquera pas de revenir nous accabler...
Plus concrètement malgré un mois de juillet nettement déficitaire en pluie (-40 à -60%) et une première décade d'août encore sèche le trimestre juin-juillet-août termine sur un excédent avoisinant les 50%. Quant aux températures l'anomalie positive proche de 0,5°C est surtout portée par des températures minimales élevées, les maximales renouant quelque peu avec les standards de années 1980 à 2000. Un été très raisonnablement chaud dont personne ici ne s'est plaint.
Pour la première fois depuis une bonne dizaine d'année l'été n'a pas joué les prolongations. Après deux premières journées assez chaudes (26°C) mais ponctuées d'averses et d'orages, septembre est entré dans un long corridor de pluies, parfois soutenues (près de 83 mm le 6 et le 7 par exemple) et d'averses jusqu'au jeudi 12 en soirée. Les températures maximales oscillent le plus souvent entre 16 et 20°C, bien en deçà des normales, mais les températures minimales restent élevées pour l'époque, 12 à 16°C.
Dans le sillage des dernières averses du 12, alors que le temps s'assèche et s'éclaircit enfin, de l'air beaucoup plus frais s'engouffre par le nord. Les minimales dévissent, sous les 10°C du 13 au 18 avec trois nuits bien fraîches du 14 au 16 (4°C le 15.) Temporairement bloquées sous les 20°C les températures maximales remontent à 22 puis 23°C le 18 et le 19 septembre, à la faveur de journées bien ensoleillées et d'un basculement du flux au sud-est.
Une nouvelle dégradation s'opère le 20 septembre. D'abord de façon espacée (passages pluvieux nocturnes ou averses de courte durée) et dans une bonne douceur (20 à 23°C,) puis beaucoup plus active avec de fortes pluies (près de 67mm) et des températures en baisse sensible après un pic de chaleur à 27°C le 25.
Ce bref rafraîchissement nous vaut une nuit à 5°C le 29, et les deux dernières journées du mois sont ensoleillées et douces (23°C le 30) car le flux bascule très vite au sud-ouest à l'avant d'un nouveau système perturbé, mais ça on se le garde pour octobre...
Au final un mois de septembre exceptionnellement pluvieux (plus de 250 mm,) la deuxième quinzaine un peu moins arrosée que la première, avec des températures nettement moins chaudes que les précédents même si les minimales ont relativement bien résisté aux coups de boutoir de la fraîcheur...
2024 restera dans les annales de la climatologie locale comme l'année des "aigats." Et ce ne sont pas nos amis de péninsule ibérique qui me démentiront. Un "aigat" en gascon (aïgat) désigne un abat d'eau, une chute de pluie très abondante générant un maximum de précipitations (au moins 75 mm) en un minimum de temps (24 à 48 heures.) Depuis le mois de mai ici, on ne les compte plus et le mois d'octobre s'est surpassé en la matière. Au passage j'observe que les aigats ne sont pas des évènements météorologiques rares dans le sud-ouest de la France, même si cette année ils se signalent par leur fréquence, leur intensité, mais aussi le fait qu'entre deux aigats il continue à pleuvoir plus modérément et par intermittence quand dans un passé assez récent ils étaient très souvent suivis et/ou précédés de bonnes périodes sèches et ensoleillées.
D'une manière générale, hormis un intermède sec du 20 au 24 et une amélioration très poussive à partir du 27 ou 28 ce mois d'octobre a multiplié les journées de pluie constituées en épisodes souvent copieux (32 mm du 1er au 3) puis 30 mm le 9 et le 10 au passage des restes de l'ouragan Kirk. Après de bonnes heures ensoleillées mais émaillées de puissantes rafales de sud-ouest le basculement brutal du flux au nord-ouest au passage d'un front froid associé a donné lieu à un impressionnant balayage tempétueux le mercredi 9 vers 17h, les vents les plus violents faisant rage dans un rideau de pluies diluviennes tombant à l'arrière d'un arcus ténébreux barrant tout l'Atlantique avant de traverser le département. Quelques rafales dépassant les 110 km/h ont été enregistrées par endroit et les nombreux arbres abattus, mutilés témoignent de la virulence de bref épisode.
Après quelques journées nettement moins arrosées le premier aigat est advenu de l'après-midi du 16 à la mi-journée du 19, générant entre 100 et 150 mm de pluie dans tout le secteur, la seule journée du 17 en totalisant près de 85. La ville de Salies a renoué avec les inondations mais on reste très loin du cataclysme de juin 2018.
Un deuxième aigat de moindre intensité (environ 63 mm) a affecté le département en allant vers l'ouest du vendredi 25 au vendredi 27.
Ces aigats et autres passages pluvieux copieux ont tiré les températures maximales mensuelles vers le bas, notamment le dernier qui les a durablement faites descendre sous les 15°C. Globalement la première partie du mois fut très douce voire assez chaude en après-midi, avec deux pics à 27°C les 9 et 13 octobre et la seconde un peu plus fraîche à partir du 17 où on dépassera plus difficilement les 20°C. Toutefois, il convient de signaler qu'après quelques nuits un peu fraîches à la mi-septembre les températures minimales de ce mois d'octobre ont eu beaucoup de mal à descendre sous les 10°C.
Au final octobre 2024 termine avec une pluviométrie record de 250 mm (comparable à celle de septembre,) et des températures assez proches des normales portées par des nuits relativement douces encore.
À suivre...