De la contre-réforme des retraites
Cela ne vous a pas probablement pas échappé, depuis plusieurs mois notre pays s'escrime sur la très complexe question des retraites. Le gouvernement, arguant d'une augmentation linéaire de l'espérance de vie ainsi que d'une natalité insuffisante, serine à qui veut bien l'entendre que pour pérenniser le régime des retraites par répartition, il n'a pas d'autre choix que d'allonger la durée des cotisations et de reculer l'âge légal du départ en retraite de 60 à 62 ans, à l'instar des autres pays européens.
Ce projet de reculer l'âge légal de 60 à 62 ans, outre qu'il me semble relever de considérations purement idéologiques inhérentes à la bonne vieille droite française (à l'avenir comment expliquera-t-on à un salarié ayant commencé à travailler très jeune, s'étant acquitté de la durée de cotisation nécessaire et suffisante, qu'il lui faudra patienter 2 années supplémentaires pour goûter un repos bien mérité ?), semble cristalliser l'essentiel des critiques, résistances et oppositions au projet de loi global.
Pour ma part, je déplore que personne n'ait jugé utile ou du moins songé à attaquer le discours gouvernemental à la base, c'est à dire sur les deux arguments précités qui justifient, selon lui, la réforme :
- Qu'en est il réellement de l'augmentation de l'espérance de vie ? On nous dit trois mois par an en moyenne, de façon quasi linéaire, hormi l'épiphénomène de la canicule 2003. Que reste-t-il de ces trois mois, si l'on retire de la statistique tous les nouveaux-nés autrefois condamnés à très brève échéance à la naissance et que les progrés de la médecine permettent de maintenir en vie miraculeusement pendant quelques années d'une part, et les personnes très âgées hospitalisées qu'une certaine forme d'acharnement thérapeutique prolonge parfois contre leur propre volonté d'autre part ? Soit, à ces observations près, l'espérance de vie augmente, et tant mieux... Mais est-ce inéluctable, face aux dégradations de notre environnement (pollution), dont nous savons qu'il joue un rôle déterminant pour l'espérance de vie ? Qu'il me soit permis d'en douter au vu de l'augmentation inquiétante des cas de cancer affectant des personnes de plus en plus jeunes et dont nous avons tous à connaître dans notre entourage.
- Sur la natalité, le gouvernement argue qu'elle n'est pas suffisante à pérenniser le système des retraites par répartition. Sur ce point je suis d'autant plus sceptique que chaque année l'INSEE publie des statistiques flatteuses et rassûrantes, d'où il ressort que la France a le plus fort taux de natalité de tous les pays européens et qu'elle est même le seul pays européen où le taux de renouvellement des générations semble assûré. Aussi, si les staticiens disent vrai, que nos gouvernants ne s'appliquent-ils pas à créer les conditions d'un travail épanouissant à la jeunesse de ce pays, clé de voûte du système, au lieu de s'empresser de le réformer sur la foi d'arguments fallacieux ?