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Le Blog de Cristau de Hauguernes
10 novembre 2022

Saison des cèpes 2022 : La grande illusion...

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Adishatz,

Il n'y aura eu ni attente fébrile, ni déconvenue et la saison des cèpes 2022 a réalisé, presque trop facilement, le destin grandiose que je lui prédisais dès la première pousse à la mi-mai, aidée en cela par l'été torride et désespérément sec qui légitime bien des inquiétudes. Ma crainte étant que le grand public prenne en mauvaise part cette abondance automnale, effet d'aubaine oblige. Car c'est bien la souffrance extrême, si ce n'est la détresse des écosystèmes qui s'exprime à travers ces surenchères de cèpes depuis une vingtaine d'années. Cet été a vu de nombreux bois béarnais et gascons virer à l'orange dès la fin du mois de juillet, notamment les jeunes chênes qui sont la relève et ce fut un spectacle aussi triste qu'alarmant que personnellement je n'avais jamais observé. Nous n'en avons plus pour longtemps à voir se multiplier les cèpes chaque année un peu plus si les arbres-hôte dépérissent.

Après un mois de septembre très calme, émaillé de rares trouvailles principalement dans les veines de cours d'eau, les pluies diluviennes des derniers jours du mois ont brusquement débloqué la situation, à l'instar de la pousse d'octobre 2020. Joli pied de nez de la nature, mais je commence un peu à la deviner, ce sont les cèpes de Bordeaux qui sont sortis en premier, dans les placiers les plus propices (versants nord ombragés favorisant des températures plus basses et préservant un surcroit d'humidité dans le sol.) Les Marteroets n'ont pas été bien nombreux, juste assez pour les admirer dans le courant du mois et à l'heure où j'écris la plupart de mes coins n'ont pas vu le moindre chapeau de boletus edulis.

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Le "roi" a été supplanté dès le weekend des 8 et 9 octobre par la montée en puissance impressionnante des cèpes thermophiles, en préambule d'une pousse exceptionnelle tout au long de la semaine suivante. Et plusieurs jours durant, pour la première fois de ma vie de chercheur de cèpes, j'ai eu le sentiment que la situation m'échappait, qu'elle était hors de contrôle, très vite j'ai dû renoncer à différencier les cèpes noirs des cèpes d'été dans mes comptages journaliers car il y en avait tellement que la chose devenait impossible et je m'y perdais. De même dès les premiers jours je me suis contenté de photographier les spécimens que je trouvais en randonnant les après-midis au-delà d'un cercle d'un rayon d'un kilomètre autour de la maison pour ne pas en rajouter à la gestion des conserves qui m'ont laissé en repos certaines nuits à 3h du matin seulement.

À partir du 18 octobre la pousse a décéléré nettement, mais elle était montée si haut qu'il se trouvait encore quelques cèpes dans les tout premiers jours de novembre, probables créatures des puissantes averses des 11 et 12 octobre. Le bilan de ce mois d'octobre 2022 est exceptionnel, très rapidement les millésimes 2011, 2020 et même 2006 ont été dépassés puis laissés très loin derrière, qui l'eût cru... Toutefois, à y regarder de plus près, l'état des lieux est un peu plus contrasté, curieusement ce sont les bois en hauteur et les versants bien exposés qui ont été le plus à leur avantage, me donnant même de retrouver quelques cèpes dans des placiers où je n'en avais plus revus depuis la fin des années 1980. Les talwegs et les bois de barthe, habituellement les plus prompts à réagir après un été très chaud et très sec, ont eu un peu plus de mal à remettre le métier sur l'ouvrage avant de se refaire un peu après le 15 octobre.

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Cette levée en masse de cèpes thermophiles est survenue dans des conditions de températures très élevées, air comme sol, et j'ai dans l'idée qu'à un ou deux degrés près notre affaire eût pu prendre une bien plus fâcheuse tournure. Ces températures très/trop élevées dans un contexte de sécheresse en reconquête au fil des jours expliquent aussi pourquoi il n'y a pas eu de girolles et les espèces du cycle automnal (pieds de mouton, trompettes de la mort,...) que l'on voit quelque peu s'enhardir ces jours-ci ne se sont pas engouffrées dans la porte entrouverte. Etonnamment, de mon point de vue, les oronges ont été bien moins à la fête qu'en septembre 2020 même si on peut encore en trouver quelques unes ces jours-ci.

À présent, toutes les attentions se tournent vers les écosystèmes à Marteroets car la lente érosion des températures et les arrosages successifs depuis la fin du mois d'octobre ont enfin créé les conditions d'une véritable pousse du "roi." Nous sommes d'autant plus fondés à attendre une levée significative de cette espèce que le millésime 2021 en plaine avait été bien décevant et que son mycélium exècre la chaleur et la sécheresse au moins autant que celui de ses cousines thermophiles. Après, rien n'est réellement certain en mycologie, surtout par les temps inédits que nous traversons et sous une dizaine de jours le ton sera donné...

Adishatz !

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