Saison des cèpes 2020 : Septembre a porté le coup du lapin !
Adishatz !
Pour ceux qui ne seraient pas au fait de la douceur de vivre campagnarde, précisons que le coup du lapin est un coup très sec porté avec l'arête de la main sur la nuque de ce très sympathique rongeur en vue de lui donner la mort avec le moins de souffrances possibles avant de le consommer en civet ou à la moutarde.
C'est en effet d'une situation totalement inédite en dix années d'existence de ce blog que je viens vous entretenir. À l'heure où j'écris la saison des cèpes et des champignons d'automne 2020 est temporairement au moins mise en pause suite à K.O technique au cours du dernier weekend. Jusqu'au 17 septembre le Béarn comme l'ensemble des pays gascons était soumis à un régime sec drastique et la chaleur atteignait des sommets jamais revus à cette époque de l'année depuis l'anthologique mois de septembre 1987. Par la suite, comme très souvent, le temps a lentement tourné à l'orage le vendredi 18 et quelques arrosages salutaires bien que modérés et espacés sont advenus au cours des jours suivants dans une ambiance de début d'automne. Dans ces conditions tout semblait concorder pour un déblocage progressif de la saison des champignons, encore que la première quinzaine de septembre, sur laquelle je reviendrai dans un prochain article, s'est avérée étonnamment intéressante eu égard au contexte que je viens de décrire. Hélas, nos affaires se sont bigrement compliquées à partir du jeudi 24 alors que bien timidement, quelques blancs commençaient à éclore dans les parcs et sur les prés. La puissante dégradation en provenance de l'Atlantique Nord nous a valu de très fortes précipitations attendues, certes, mais ces pluies associées à une coulée froide en altitude ont considérablement refroidi les sols et les températures très fraîches de dimanche matin ont apporté la touche finale à la dégringolade. Si une baisse brusque de la température du sol appelée choc thermique est indispensable à une belle pousse de cèpes cette dernière se doit d'être ponctuelle et si possible éviter de refroidir les sols en dessous du seuil d'activité du mycélium (on s'entend sur 10 degrés pour le cèpe de Bordeaux, 12 pour le cèpe d'été et 14 pour le cèpe noir).
Il en résulte qu'à l'heure où je m'adresse à vous, la saison des cèpes (et de nombreux autres champignons d'automne) est en pause forcée, dans l'attente d'une lente remontée des températures du sol, sauf peut-être dans le cas du cèpe de Bordeaux dont le mycélium est le moins thermophile de tous. Mes bois à espèces thermophiles sont absolument vierges de champignons et pour l'instant aucun affleurement mycélien ne se fait jour. Même les blancs dans les espaces verts et les prés ont reportés leurs projets de sortie.
Pour la suite, l'optimisme reste de mise car les sols étaient très chauds et le stress hydrique très important avant ce coup de massue des météores. Et il doit subsister énormément de chaleur dans les couches un peu plus profondes en vertu de l'inertie. On devrait reparler de cèpes dans le courant du mois d'octobre selon une chronologie qui reste à préciser car elle est fonction des séquences météorologiques à venir. Et celle de jeudi, vendredi, samedi et peut-être des jours suivants, nous interroge et nous inquiète fortement car on attend une nouvelle douche sur les pays gascons. Si des pluies douces pourraient aider à la remontée des températures du sol, la crainte réside dans l'hypothèse d'un nouvel abat d'eau en provenance du Groënland qui pourrait retarder encore le redémarrage du processus mycélien.
Dans l'immédiat, la scène du crime semble figée dans les bois mais le lapin est secoué de spasmes. Et je ne puis que conseiller à mes lecteurs de garder un oeil sur leurs cépères à Marteroets, car il en faut plus pour décourager le cèpe de Bordeaux et quelque chose me dit que cette espèce pourrait sortir sans attendre le réveil du mycélium de ses compères.
Adishatz