Randonnée au lac d'Arlet
Adishatz,
S'il n'est de randonnée qui avance sans la force des mollets, une bonne traction sera fortement recommandée pour accéder au départ de la montée du Lac d'Arlet au fond de la vallée d'Aspe. En effet, la petite route qui s'élance sur la droite, au niveau de la centrale électrique peu après Borce et le fort du Pourtalet, pour rallier le parking au lieu dit Lamourane, est particulièrement étroite et raide.
C'est à cet endroit que la petite équipe s'est transportée, le 25 juillet à l'aube pour une nouvelle excursion à travers la haute montagne béarnaise, aux confins de l'Espagne et de l'Aragon.
Nous nous projetons dans la fraîcheur matinale qu'accentue la présence du Gave de Barlet dont la marche sur des pentes peu sévères emprunte la vallée sur près de trois kilomètres. Sur notre droite d'étonnantes structures géologiques constituées de micaschiste rouge encadrent le parcours. La plus haute, d'aspect intrigant, dénommée La Mèze, culmine à 1953 mètres. Ces montagnes hautes en couleur qui préfigurent le Somport voisin offrent un contraste saisissant avec les tons de gris de la Pène d'Udapet que l'on aperçoit dans le prolongement en fond de vallée, ou encore le Massif du Pic d'Anie et le cirque de Lescun que nous apercevrons depuis Arlet. Elles nous feraient presque oublier que les paysages traversés, constitués de landes à bruyères et à myrtilles parsemées d'îlots de sapins et de hêtres près de gros blocs dévalés ou chariés par les crues, mais aussi de quelques prairies où fleurissent les cirses, les chardons bleus et les iris des Pyrénées, sont finalement assez pauvres en orchidées, hormis quelques dactylorhizas fanés près des sources
La longue mise en jambe s'achève peu après la cabane de Pacheu au franchissement d'un pont sur le petit cours d'eau. Le sentier se raidit et se met à serpenter en s'élevant à travers une étroite bande herbeuse et rocailleuse flanquée de plaisants bosquets de hêtres mêlés de quelques sapins. De sorte que les premiers hectomètres de l'ascension dont la pente n'est jamais excessive et qui ne présente aucune difficulté particulière pour un marcheur lambda autre que sa longueur, s'opère assez souvent à l'ombre.
La fin de cette portion la plus raide de la randonnée invite toutefois à sortir du bois et c'est à découvert que nous gagnerons la marge de la Coma de Banassa, haut lieu du pastoralisme. Chemin faisant nous aurons tout loisir de contempler la cascade du petit gave qui draine toutes les eaux du plateau et le ballet des vautours qui ont leur quartier sur les impressionnantes falaises de la Mèze.
Le plus souvent en pente douce mais se cambrant parfois pour franchir un affleurement calcaire, le sentier oblique ensuite à droite vers la cabane de berger de Gourgue Sec afin de contourner, parmi d'immenses prairies où paissent chevaux, vaches et brebis, l'imposante barre rocheuse rubiconde de Banasse. Nous retournant, déjà nous admirons le Massif de Sesques, le Jean-Pierre et sur notre gauche, dans le lointain, la très impressionnante Collarada, 2886 mètres.
Il ne nous en faudra pas tant pour apercevoir enfin le lac d'Arlet, son refuge, le col éponyme qui le domine (2095 mètres) et constituera le point culminant de notre périple. Sur sa droite, le Pic d'Aillary (2212 mètres) ne détonne pas avec son homologue Rouge qui se détache au nord sur le fond gris du cirque de Lescun dominé par la pyramide du Pic d'Anie (2504 mètres).
Au sommet du col d'Arlet la vue est époustouflante sur le lac, les sommets d'Aspe et d'Ossau précités, mais aussi et surtout sur ceux des Pyrénées ouest-aragonaises, le Visaurin (2669 mètres) et le Castillo de Acher (2390 mètres) avec sous nos pieds l'entaille vertigineuse et désertique de la vallée d'Anso.
Nous pique niquons au col parmi les iris et les chardons bleus. Un jeune berger très avenant, rencontré aux abords du refuge et qui est monté avec ses brebis, alimente notre conversation qui va de son activité à la nature environnante.
Outre sa longueur, le retour à la voiture ne présente aucune difficulté. Il faut juste bien assurer ses pas dans quelques passages de la descente sous peine de déraper. Sans aucun doute, la randonnée la plus aisée de notre pentalogie estivale.
Adishatz !