Saison des cèpes 2018 : le grand morne
Adishatz,
Je peine à renouveler mes titres tant la saison des cèpes 2018 en Béarn nous tient dans la perplexité bien plus qu'elle nous procure des moments de jubilation. Je vis aussi avec le sentiment de me répéter depuis le mois de mai et j'ai jugé préférable d'espacer mes articles sur le sujet. Précisons aussi que les albums photos que chacun peut voir sur ce blog font un peu illusion car j'ai photographié à peu près tout ce que j'ai trouvé et tout cela contient dans trois ou quatre placiers depuis le mois de mai.
Ceci dit, avant de me tourner vers la suite et la fin de la saison et d'envisager quelques issues, disons quelques mots sur l'été et le mois d'août qui vient de s'achever, non sans avoir opéré un revirement majeur des conditions atmosphériques avec l'installation d'un temps beaucoup plus sec après des mois de pluies excédentaires, ce qui a eu pour conséquence de mettre au point mort une saison fongique déjà moribonde.
Deux orages assortis de grêle et de fortes pluies ont affecté mes coteaux de Salies et de Sauveterre dans la première quinzaine du mois de juillet, le temps restant globalement instable jusqu'en première décade d'août. Dans la foulée de ces orages on a vu les cèpes s'enhardir quelque peu mais les pousses de juillet et de début-août sont restées très en deçà de celles des années précédentes d'autant plus que de mes meilleurs bois et placiers habituels, très rares furent ceux qui en délivrèrent. C'est si vrai qu'à l'heure où j'écris, 90% de mes stations n'ont pas produit de boletus en 2018. Dans ce contexte, les girolles ont été les grandes gagnantes de l'été, nous gratifiant de magnifiques levées entre le 14 juillet et le 15 août. Les oronges quant à elles, semblent avoir très mal vécu cet été trop pluvieux quoique chaud. Je n'en dénombre que 4 à ce jour, malgré des kilomètres de marche sur leur trace, et d'apparition fort tardive, le 23 août. Curieusement, c'est cette époque de l'été que choisirent les cèpes, alors que les bois commençaient enfin à craquer sous les pas, pour se montrer un peu en lisière de certaines lignes de crête.
Sur les raisons de cette indigence, tout en remarquant que des pousses exceptionnelles ont été observées récemment dans des régions voisines plus continentales, là où le temps fut à la fois plus sec et plus chaud depuis l'hiver, mon premier diagnostic ou pronostic semblait être le bon dès le mois de mai, trop de pluie en Béarn depuis l'hiver 2018 presque sans discontinuer. S'agissant des seuls secteurs de Salies et Sauveterre, je m'interroge de plus en plus sur l'impact réel des pluies exceptionnelles de début juin et des inondations qui s'ensuivirent. On sait que le mycélium ne goûte guère la noyade mais jusqu'à quel point ? Surtout que les sols de certains de mes placiers ont été décapés sur plusieurs centimètres.
Pour la suite et la fin de la saison on baigne dans l'incertitude et tout ce que nous savons de 2018 n'invite pas à l'optimisme. La sécheresse, ou du moins une longue période sans pluie, semble enfin là. Même si intervenant après le 15 août ce changement m'apparaît un peu tardif pour induire le fameux stress hydrique car le cycle végétatif des arbres s'achève, il laisse la porte ouverte à une fin de saison convenable, surtout s'il perdure avec des températures élevées et que la pluie revient à temps, bien entendu. Et puis, comme je l'ai exprimé dans mes messages précédents, au cas où l'automne des cèpes thermophiles ne décollerait pas, le salut de 2018 pourrait venir du troisième larron, le Marterouët ou cèpe de Bordeaux, plus tardif et dont le mycélium semble apprécier les fins de printemps pluvieuses et les étés chauds...
Adishatz !