Rencontres mycophiles tachenonsiennes en Alsace 2018, épisode 3 : Confluence tartantuesque à Acheneim...
Adishatz,
Où l'on s'aperçoit qu'à l'usure, une fine pâte perfide nappée de crème, de fromage fondu et de charcuterie s'avère redoutablement plus efficace dans l'art d'exploser les limites de la sangle abdominale, surtout si elle est accompagnée de vins délicieux, que ne le sont par exemple, nos confits de porc, de canard, nos magrets, notre poule au pot, notre garbure bien aimée et nos crespéishs de Carnaval, tellement prévisibles de part leur bonhommie et leur propension à suinter.
Après une nuit un peu plus longue que les précédentes suite aux épreuves de la veille, nous nous sommes transportés en milieu de matinée sur les rives allemandes du Rhin et ses bras morts en vue d'y observer un peu de leurs richesses naturelles tandis que nos hôtes alsaciens se regroupent et organisent leur plan d'attaque à Acheneim.
Coincés entre les différents ports et les agglomérations les rives boisées des bras morts du Rhin sont un lieu de promenade prisé des riverains allemands et français qui se croisent sur les différents ouvrages. Côté allemand on remarque aussi de nombreux pêcheurs, solitaires ou en famille, postés à l'ombre des arbres. Et il est vrai que la place ne manque pas.
Tant et si bien qu'on se sent bien vite minuscule dans cette immensité d'eau et de forêts à perte de vue peuplée de grands oiseaux et hanté par les silures.
Il ressort de cette courte visite des forêts rhénanes le sentiment d'une grande propreté même si les crues violentes de ces dernières années n'ont pas manqué de trimbaler quelques objets à travers l'Europe. Notre passage en période de sécheresse ne nous a pas permis de rencontrer beaucoup d'espèces de champignons. Mais nous nous sommes arrêtés à ces lathrées écailleuses, lathraea squamaria, que nous connaissons de nos ripisylves pyrénéennes et qui formaient des massifs au milieu des coquillages du fleuve.
juste avant de regagner la France je restai un peu songeur devant ces cygnes dont les foies et les magrets devaient sans doute être fort peu goûteux eu égard à la pollution et à leur régime alimentaire.
Comme nous approchions d'Acheneim, il m'a semblé apercevoir de menus objets analogues à des soucoupes de couleur claire, voletant et se posant près d'un lieu indéterminé dans le lointain, mais je n'en ai rien dit pour ne pas inquiéter mes compagnons. Sur place, une grande table était dressée à l'arrière de la maison de Sylvie et Dom', alias Nic67, nos hôtes. Et une bonne partie des membres alsaciens du forum Tachenon était réunie pour l'occasion. À Alain (Gigi67), Rexboy (Régis) que nous connaissions déjà, s'étaient ajoutés Idefix67 (alias Laurent) et mon ami Philippe, connu sous le pseudo de césar21, lequel, outre deux superbes kouglofs, avait apporté quelques gyromitres vulgaires et hygrophores de mars.
Le temps des présentations facilitées par les différents amuse-gueule qui invitaient au butinage et aux bavardages, tous les convives s'attablèrent, déjà un peu replets et qui n'étaient pas au bout de leur peine. Car ce fut le moment choisi par des bataillons de flamenkuches pour entrer en scène et se mettre à tournoyer de façon aquicheuse autour de la table avant de se poser sous nos yeux dans une posture des plus lascives. Et très vite de s'entendre dire "il faut y aller tant que c'est chaud" ou encore "il ne faut pas pas laisser refroidir !" Ah hilh de puta ! Qu'est-ce qu'elles étaient bonnes ces tartes flambées ! Un peu trop même. Et je ne vous parle pas de tous ces excellents vins d'Alsace qui nous furent servis, pour cause d'amnésie.
Pas plus que je ne vous parlerai, emporté que je fus dans le tourbillon des flamenkuches, des alcools, des conversations et des éclats de rire, des fromages dont les Vosges en produisent pourtant de fameux, mais dont j'ai oublié s'ils nous furent servis. Peut-être aussi pour la bonne et simple raison qu'un repas fait de tartes à base de fromages fondus peut raisonnablement faire l'économie du fromage avant le dessert. Mais, quid du raisonnable ce jour-là...
Lorsque l'attaque des tartes prit fin, reprenant un peu mes esprits, la torture donnant aussi dans le raffinement le plus abouti, les desserts m'apparurent sur la table, apportant une touche finale exquise à ce repas de roi.
En fin d'après-midi, tout le groupe se lança dans une promenade digestive dont le plaisant le disputait au salutaire, dans les rues d'Acheneim ainsi que le long de sa rivière, la Bruches, occasion d'admirer un peu de l'architecture alsacienne. Puis tout le monde se sépara, heureux et rempli du bon souvenir de cette journée de convivialité entre mycophiles tachenonsiens.
Adishatz !