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Le Blog de Cristau de Hauguernes
10 janvier 2017

La saison 2016 des champignons

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Le froid qui semblait révolu et qui pourtant a jeté son dévolu sur nous dans les tout derniers jours de l'année, aura, entre autres bienfaits, acté le décès d'une saison des cèpes 2016 moribonde dès la fin du mois de novembre et qui depuis mes trois derniers Marterouëts du 16 décembre ne conservait en vie qu'un infime espoir alimenté par les 15 millimètres de pluie tombés au cours de la semaine précédent Noël. Pour la première fois depuis trois ans les edulis n'auront donc pas vu les vacances de Noël dans mes terres. La chose est d'autant plus remarquable quand on se souvient que la saison 2015 n'avait officiellement rendu l'âme que le 9 janvier lorsqu'elle me délivra son dernier aestivalis. On se consolera bien vite en se disant qu'il est heureux de ne pas battre ce genre de record chaque année et qu'une trêve hivernale suffisamment longue est nécessaire aux écosystèmes comme aux quêteurs.

Les morilles assurent l'essentiel :

La douceur historique et la pluviométrie exceptionnelle de l'hiver 2015-2016 n'invitaient pas à l'optimisme tant pour ce qui est des morilles que des cèpes. Et c'est avec un grand soulagement doublé d'une vive émotion que je photographiai les premières mitres dans mes placiers secrets le 26 mars, soit deux bonnes semaines plus tôt que l'an dernier. Dans mes terres la saison des morilles ne restera pas dans les annales, se démarquant nettement de la tendance générale. Avec moins de quarante sujets recensés jusqu'au 17 avril, au crépuscule de leur courte saison, les belles ne confirment pas le regain observé en 2014 et 2015, et la mauvaise série initiée au printemps 2011 se poursuit malgré un moins d'avril moins défavorable sur le plan climatique. Dans ce contexte, le fait que l'effondrement des effectifs observé à l'aube de la décennie semble endigué légitime l'espoir de meilleures saisons.

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Par la suite, je fus tout naturellement conduit à suivre nos chères mitres blondes et brunes dans leur remontée annuelle vers les vallées de montagne. Toutefois mon élan fut stoppé par une légère intoxication survenue courant avril. Ce qui ne m'empêcha pas de repartir fin-avril et courant-mai expéditions dans quelques expéditions coniques entre 1000 et 1700 mètres, mais pour tout dire j'ai systématiquement buté sur des dizaines de centimètres de neige là où tout m'inclinait à penser qu'elles se pouvaient trouver. J'espère que le prochain printemps sera plus conciliant.

La saison des mousserons tient à un miracle :

Bien plus que les morilles, les mousserons semblent avoir accusé cet hiver indigne. 2016 restera comme une année blanche dans la quasi-totalité de mes mousseronnières et ce n'est pas faute d'avoir multiplié les kilomètres depuis les premiers jours de mars jusqu'à la mi-mai. Finalement, la surprise a jailli de là où rien ne la laissait présager, le 17 avril, au bord d'une petite route ombragée, à proximité d'une ferme du voisinage. Un tapis de mousserons s'est fait jour parmi les herbes folles et les orties. Plusieurs petites pousses furent observées jusque début-juin dans ce placier où le calocybe n'avait jamais daigné se montrer (malgré de nombreux passages de votre serviteur qui a toujours l'oeil aux aguets lorsqu'il randonne). Début-juin c'est à cette même échéance qu'à la suite des pluies froides et diluviennes intervenues fin-mai, j'observai une autre petite éclosion de mousserons dans un placier inédit, à quelques kilomètres de là, en bordure d'une autre petite route, au pied d'un frêne.

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Les cèpes étaient bien au rendez-vous de la mi-mai :

Les températures un peu limitées, les pluies fréquentes et souvent froides, la modestie de la saison des morilles, l'indigence de celle des mousserons, c'est alors que je m'y attendais guère et avec un grand soulagement que je découvris mon premier cèpe d'été, le 14 mai 2016, près d'un mois après le record de précocité établi en 2015, mais finalement dans la fenêtre chronologique des meilleures saisons d'il y a quelques années encore. Loin de la luxuriance du millésime précédent, mais le climat de ce printemps ne s'y prêtait pas, le mycélium s'évertua à me délivrer quelques spécimens à l'unité au cours des semaines suivantes et contre la sinistrose qui déjà se propageait dans le microcosme j'y vis un signe encourageant dans l'attente de conditions plus favorables. Il est vrai qu'en ce début de saison une forte humidité prévalait dans les bois et les arions avaient tout loisir de dévorer le moindre bouchon de cèpe qui pointait avant que le quêteur ne le repérât.

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La saison connut un léger frémissement à la hausse, acté le 10 juin et coïncidant avec la découverte de mon premier aereus. Pour la première fois, mes trouvailles quotidiennes dépassèrent légèrement la dizaine. Puis, sans perdre de leur régularité, elles renouèrent temporairement avec les unités.

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Au faîte de l'année la saison prend son envol :

Cela devient une habitude qui n'est pas nous déplaire, depuis 2014, et dans une moindre mesure 2013, la saison des cèpes connaît sa première embardée significative entre la dernière quinzaine du mois de juin et le 14 juillet. 2016 n'a pas dérogé à cette tradition. Forte des précipitations abondantes de la deuxième décade, puis de l'installation enfin de conditions durablement ensoleillées accompagnées de températures plus stables et suffisamment élevées, une pousse plus significative s'est amorcée aux alentours du 24 juin. Si elle n'atteignit jamais l'intensité des pousses de juin-juillet 2014 ni même celle de fin-juin 2015, mais les conditions n'étaient pas réunies, cette poussée conforta mon optimisme quant aux perspectives réelles de la saison. Un maximum d'intensité fut observé en première décade de juillet. Par la suite il est noter que les cèpes ont fait montre d'une abnégation à toute épreuve, continuant à pousser, fût-ce à l'unité mais presque sans interruption dans le courant d'un été de plus en plus torride, ne s'éclipsant que très temporairement entre le 15 et le 25 août, puis refaisant héroïquement surface entre le 26 août et le 4 septembre alors que la fournaise atteignait des sommets. Seuls les deux improbables pics caniculaires de la première quinzaine de septembre eurent temporairement raison de leur hardiesse.

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Une forte pousse automnale avec les "moyens du bord" :

L'orage de grêle qui a éclaté en fin d'après-midi le 13 septembre a défoncé les vannes célestes jusque là intraitables. Mais les pluies qui lui ont emboité le pas sont restées modérées, loin par exemple des 120 mm de la première quinzaine de l'illustre mois de septembre 2006. Compte tenu de la chaleur du sol et du stress hydrique, la pousse de cèpes consécutive fut remarquable mais le qualificatif d'exceptionnel serait exagéré, du moins dans mes terres. Pour être précis, des aereus précurseurs, parmi lesquels quelques sujets majestueux, m'apparurent le 24 septembre, improbable progéniture des 9 mm de pluie tombés les 8 et 9 septembre, entre les deux pics caniculaires. Cette pousse préliminaire manufactura quelques têtes noires d'anthologie comme ceux que je débusquai le 29 septembre près de la maison.

Leur corpulence induisait un contraste saisissant avec les premiers bouchons de la grande levée qui se signala assez timidement le vendredi 23. Dès le dimanche 25 un gain sensible d'intensité ressortit de mes déambulations forestières. Le pic fut atteint entre le 27 septembre et le 1er octobre. Après quoi la pousse déclina, sapée par un taux d'hygrométrie rapidement devenu trop faible et le tarissement des ressources en eau du sol, jusqu'à son extinction le 9 octobre. Il y eut bien un ultime sursaut isolé le 14 octobre mais par la suite, tous mes efforts restèrent vains, plus aucun cèpe ne m'apparut dans mes petits bois électifs.

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On regrettera que la covariation des facteurs présidant à la pousse des cèpes ait joué contre nos espérances dans le courant de cet automne, du moins en plaine, car la grande sécheresse et des températures de sol très élevées en fin d'été nous plaçaient en situation idéale pour une pousse terrible de cèpes noirs et de cèpes d'été. Le réveil de certains de mes placiers ne délivrant des cèpes qu'au sortir des étés les plus torrides l'atteste. On connaît la suite. Reste que cette pousse automnale, même limitée et amoindrie, a réalisé l'objectif que le bon allant de la saison estivale avait fait naître : placer 2016 dans le quatuor de tête des saisons de cèpes depuis 1985 dans mes placiers historiques. La renaissance de certaines places éteintes depuis les années 1990 et l'accélération du déploiement mycélien observé depuis 2011 dans ma propriété (on atteint les 50 cèpes contre 18 l'an dernier) suffisent à mon bonheur.

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Le bel octobre du cèpe dans les Pyrénées béarnaises :

Finalement, le rapide effacement des cèpes de chaleur en plaine aura libéré du temps et de l'énergie pour goûter à la pousse exceptionnelle d'edulis (et dans une moindre mesure de pinophilus) qui sévissait en altitude. À vrai dire, je n'ai pas attendu si tard pour prendre de la hauteur, peu avant le 15 les premiers cèpes de Bordeaux se dressaient sur mon chemin dans les sapinières et j'opérai quelques très belles cueillettes en première quinzaine de septembre tandis que les plaines suffoquaient. Mais tout cela n'était rien à côté du spectacle grandiose qu'offrit le mois d'octobre dans les pentes, des myriades de cèpes flanqués de tue-mouches. Et il n'était que de compter les voitures stationnées au départ des pistes dans les lacets des cols pour se faire une idée de l'intensité du phénomène. De toute évidence les cèpes de montagne ont accusé la chaleur.

Avec le mois de novembre, les Marterouëts entrent dans la danse :

À vrai dire ils n'ont pas attendu le mois de novembre pour se montrer en plaine, quelques uns se faisant jour en dernière décade du mois de septembre, contemporains de leurs cousins thermophiles. Mais les températures malgré tout un peu moins fraîches et la grande sécheresse atmosphérique des semaines suivantes n'a pas permis leur installation dans la durée.

Le roi fit son retour quelques jours après les pluies diluviennes du premier weekend de novembre, au bout d'une attente si interminable que le doute avait fini par s'instiller. La pousse se concentra sur la deuxième quinzaine de novembre, elle fut de belle ampleur, même si tout indique que les pluies exceptionnelles survenues entre la soirée du 22 et l'aube du 23 ont noyé le mycélium, nous privant sans doute d'une extinction de saison en pente douce dans le courant du mois de décembre. Le 24 novembre m'honora d'une improbable cueillette de Marterouëts sur quelques dizaines de mètres carrés dans un de mes rares placiers. Mais ces cèpes magnifiques avaient souffert des intempéries et au cours des jours suivants il est significatif que plus rien ne fut trouvé à cet endroit.

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À force de courage quelques jolis Marterouëts reparurent ici et là, à l'unité, en première quinzaine de décembre. Mais après la noyade, des températures minimales approchant les gelées et surtout un taux d'hygrométrie désespérément bas, ne permirent pas un véritable redémarrage de la saison. Et tout s'arrêta donc le 16 décembre, à quelques heures des vacances de Noël, avec la découverte de mes trois derniers edulis. Après cette date je ne trouverais plus que des bolets à pieds-rouges et des golmottes, particulièrement dans les placiers thermophiles à aestivalis.

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Les aléas climatiques ont également fortement impacté à la baisse la saison des espèces tardives, les pieds de moutons sont restés bien discrets, les chanterelles en tube se sont repliées dans les bas fonds humides et les bois moussus, en très petite forme vu leurs pâles couleurs, et c'est encore plus vrai pour les trompettes de la mort, littéralement sinistrées.

Un été plus chaud n'avantage pas toujours les oronges, les girolles s'adaptent :

La saison 2016 des oronges n'a pas confirmé le regain de 2015 dans mes coteaux, la faute a un été qui après s'être fait longtemps désirer a écrasé nos plaines de chaleur dans le contexte d'une forte sécheresse. Les premiers "oeufs" sont apparus vers la mi-août, en beaucoup moins grand nombre que l'an dernier. La grande pousse de septembre donna à cette espèce de se montrer davantage, mais très vite les températures des sols se sont avérées un peu juste pour permettre sa pleine expression.

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Finalement seules les girolles dont une timide sortie avait été promptement découragée en début d'été, ont su tirer leur (tête) d'épingle du jeu à compter de la deuxième quinzaine d'octobre. Tant bien que mal elles confirment la tendance à la reconquête observé depuis 2014.

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Adishatz !

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