Saison des cèpes 2015, l'ah glas glas de nos espérances...
Adishatz,
La lumière décroît, les jours s'effacent, les phases lunaires se succèdent et n'y changent rien pour ceux qui veulent y croire, depuis près de deux mois maintenant, les pluies insuffisantes et la fraîcheur insistante ont sensiblement ralenti l'avance des cèpes dans de nombreux secteurs, ce qui illustre la prépondérance du facteur climatique dans les cycles fongiques.
Il y a peu je vous disais mon espérance en une hausse significative et salutaire des températures dans le courant du mois d'octobre comme il advient souvent au pied des Pyrénées, à l'avant des fortes pluies tant attendues portées par le flux zonal. Force est de reconnaître que pour l'instant les éléments s'acharnent contre nous. Malgré l'occurence de passages pluvieux un peu plus consistants ces dix derniers jours le fait majeur est la survenue des premières gelées dans les plaines du sud-ouest entre la matinée du 15 et celle du 16 octobre selon les zones géographiques.
Dans la droite ligne des températures trop faibles observées presque quotidiennement depuis le 1er septembre ces valeurs très basses pour la saison risquent fort d'emporter avec elles nos dernières espérances concernant aereus et aestivalis en aggravant considérablement le refroidissement des sols. À vrai dire je vous avais un peu préparés à ce scénario "catastrophe" que l'enchainement et la conjugaison des évènements défavorables rendaient plausible de semaine en semaine. Ce soir, il nous faut envisager la réalité pour ce qu'elle est et le reliquat de la saison sans trop nourrir d'illusions. La saison 2015 des cèpes thermophiles que tout promettait à l'anthologie, bien supérieure aux millésimes 2006 et 2011, risque fort de mourir essoufflée à quelques unités du "Top Five". Sauf à ce que un improbable réchauffement des températures vers la Toussaint ou début novembre n'autorise un miracle à la discrétion du mycélium.
En fin d'après-midi, regagnant mes terres du Nord-Béarn, au cours d'une halte j'ai brièvement passé en revue une de mes meilleures places. Dans l'humus détrempé, j'ai pu voir ce tout jeune bouchon d'edulis que les conditions climatiques avantagent décidément depuis près d'un mois. Désormais c'est bien vers cette seule espèce que tous nos espoirs et efforts consentis doivent tendre, je le crains, jusqu'à extinction de la saison...
Adishatz...