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Le Blog de Cristau de Hauguernes
10 février 2015

Données climatiques hivernales de 1984 à 2015, Chemin de Hauguernes à Salies de Béarn

Adishatz,

À quelques semaines de la saison des morilles, je vous poste un petit tableau récapitulatif des données chiffrées collectées par mes soins, portant sur les hivers 1984-1985 à 2014-2015 au fond de mon chemin de Hauguernes à Salies de Béarn... Nous savons combien l'hiver impacte notre saison fongique. En préambule à la lecture des chiffres assortis de quelques observations personnelles il me semblait nécessaire d'apporter les précisions suivantes :
1 En météorologie/climatologie la saison dite hivernale ne se borne pas à l'hiver stricto sensu (décembre, janvier février) mais court du 1er novembre a 30 avril...
2 Si une gelée ou tout autre météore ayant trait à l'hiver advient entre le 1er mai et le 30 juin inclus, il sera mis à l'actif de l'hiver achevé. à compter du 1er juillet et jusqu'au 31 octobre, on attribuera toute manifestation de nature hivernale à l'hiver suivant...

 

ivèrns-84-15

 

Observations :
1. Les hivers 84-85, 85-86 et 86-87 furent particulièrement rigoureux, rien de tel que les chiffres pour l'attester, le plus long de tous étant 85-86, glacial de la Toussaint au 30 avril. La saison des cèpes 1986 fut exceptionnelle. D'une manière générale il se trouva énormément de cèpes ces trois années.

2. L'hiver 1989-1990 fut exceptionnellement doux, comparable à 2013-2014. La saison des cèpes 1990 fut sauvée par un été 1990 historiquement chaud, offrant les mêmes températures que l'été 2003, réparties sur juillet, août et septembre, et faisant suite à un été 89 également très chaud et très sec. À cette époque, mes petits bois historiques étaient en restructuration, entre la mort du chêne le plus généreux et la croissance de jeunes châtaigniers qui n'ont commencé à produire qu'en 1995. Les statistiques fongiques portant sur le début des années 90, un peu faiblardes, sont donc à relativiser.

3. L'hiver 1990-1991 fut remarquablement long et froid, avec des tempêtes de neige en décembre et février, et des statistiques de gelées record. Hélas, un été 1991 désespérément frais et pluvieux a accouché d'une saison des cèpes au mieux médiocre.

4. Hormis 1996-1997 qui nous gratifia d'une bonne vague de froid entre Noël et 1er de l'an, et dans une moindre mesure 1998-1999, la plupart des hivers des années 1990 furent d'une douceur alarmante avec une tendance au déficit hydrique récurrent qui sonnait alors en écho avec certaines projections liées à la théorie de "l'effet de serre" dont le grand public a entendu parler pour la première fois en 1988 et 1989, en plein cagnard estival, même si nous savons que cela n'avait pas été fait exprès... Wink La moyenne annuelles des gelées a chuté de 45 à 30 dans les années 90 à Pau, mes chiffres ne démentent pas. Les saisons de cèpes des années 90, hormis 1996 et 1998, à cause d'étés trop frais, furent particulièrement décevantes...

5 L'hiver 2001-2002 a signé par son mois de décembre époustouflant le retour d'hivers plus froids en Béarn. Hormis 2003-2004 et 2007-2008, tous les hivers de la décennie 2000 ont été plus marqués voire rigoureux et les statistiques des gelées ont sensiblement remonté. Mention spéciale à l'hiver 2004-2005 très rigoureux de la mi-janvier à la mi-mars et à l'hiver 2005-2006. Dans un contexte de déficit hydrique croissant et chronique en basse-saison, il a peu neigé et de ce fait, ces hivers n'ayant pas causé d'embarras ont souvent été sous-estimés. Les saisons des cèpes des années 2000 accusent une hausse sensible, la saison 2006 est anthologique, 2005, 2009 et 2003 (canicule mais aussi bon hiver) furent excellente. Après la misère des millésimes 2000 et 2001 (moins de 50 cèpes autour de la maison), je n'ai plus souffert de mauvaises années.

6. L'hiver 2010-2011 (surtout décembre) fut particulièrement froid, avant une hausse sensible des températures au printemps (plus de 30 degrés début avril), vagues de chaleur et sécheresse en juin, puis déluge et fraîcheur en juillet. Tout le monde ici se souvient d'une saison 2011 mémorable s'agissant des cèpes.

7. Février 2012 fut la dernière grande vague de froid de la série, la saison des cèpes 2012 fut excellente. Depuis nous avons temporairement été soumis à un régime d'hivers exceptionnellement pluvieux, sans précédent, notamment 2013-2014 particulièrement doux. Un été 2013 très chaud et sec a permis une excellente pousse de cèpes à l'automne et la saison 2014 fut localement exceptionnelle, peut-être en liaison avec les tempêtes hivernales récurrentes...

8. Il est absolument impossible, au vu de ces statistiques, de corréler les épaisseurs de neige, sa tenue au sol, et l'intensité d'une saison de cèpes. Affirmer le contraire relève de la superstition ou du charlatanisme. L'hiver 1990-1991 fut particulièrement neigeux à Salies (20 cm en décembre, 5 en février), le millésime 1991 des cèpes fut très médiocre. De même pour l'hiver 2003-2004 où le sol de mes bois fut régulièrement couvert de neige fraîche (jusqu'à 12 cm) entre le 14 février et le 10 mars. La saison 2004 fut moyenne. Il est même fort possible que la neige au final, puisse jouer un rôle négatif dans le cycle du cèpe, non seulement en protégeant le sol et donc le mycélium de gelées sévères qui, elles l'impactent réellement, mais encore parce que des recherches récentes ont démontré que l'azote, très présente dans l'eau nivale et dont certains tiennent qu'elle serait un excellent engrais fongique, aboutit au contraire à la disparition de certaines espèces comme la girolle. Ce n'est peut-être pas tout à fait un hasard si les meilleures saisons de cèpes de ces trente dernières années ont surgi après des hivers (très) froids mais sans ou avec très peu de neige tenant au sol.

9. Mes observations manquent de recul s'agissant des morilles, la seule chose que je puis dire est que les hivers 2001-2002, 2004-2005 et 2011-2012, pourtant très sévères et pour deux d'entre eux tardifs, ont vu poindre les premières mitres dès la mi-mars, et que le millésime 2004, juste après les chutes de neige à répétition fut excellente. Il semblerait donc, même si cela demande à être nuancé et affiné que l'eau de fonte des neiges ait quelques bienfaits sur Morchella...

Adishatz !

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