Essai de projection fongique 2014... (Mise à jour du 01/02/2014)
Adishatz a tots/ Bonsoir à tous,
Alors que nous sommes rendus au milieu d'un hiver méconnaissable, se dessine en sous-sol la future saison des champignons, qui ne connaît pas de trêve, et, quoi que cela s'avère fort difficile et hasardeux, nous sommes déjà nombreux à nous demander quelle sera la teneur du millésime 2014.
Prédire avec précision l'intensité d'une saison, sa chronologie et la quantité totale de bolets que celle-ci délivrera relève pour l'instant de l'impossible ou du charlatanisme. Reste que la nature gratifie les naturalistes appliqués et assidus, de menus signaux autorisant à en dégager quelques tendances lourdes. Ma méthode, loin d'être infaillible car rudimentaire et écartant d'autres paramètres que pour la plupart, je ne suis pas en mesure d'appréhender et donc d'intégrer, tient que la courbe d'activité et de fructification du mycélium de cèpes serait plus ou moins inversement proportionnelle aux courbes de températures de la saison creuse. Autrement dit, plus un hiver sera rigoureux, plus nous aurions de chances de trouver de cèpes au cours des mois suivants, notamment au printemps et en été, plus un hiver sera indolent, plus il serait à craindre que nos paniers volent au vent...
Pour dégager et actualiser mes projections, je m'appuie sur les données climatiques "maison", enregistrées, et je m'efforce d'intégrer les projections climatiques saisonnières actualisées et publiées régulièrement par certains services tels que celui du site de la chaine meteo qui fournit un outil intéressant pour tout mycologue afin d'ouvrir des perspectives à plus long terme dans le courant de la saison froide. Au final, seul le temps validé par dame nature au sortir de l'hiver autorisera une projection fongique un peu plus affine.
Des projections 2013 nettement surpassées par l'été...
Si le début de saison jusqu'à la fin du mois de juin a largement validé des projections fongiques sinistres au sortir de l'hiver, l'irruption d'un été 2013 très chaud et très sec a largement démontré par la suite qu'un été très chaud et sec non seulement pouvait atténuer les effets d'un hiver désastreux en favorisant une saison correcte (ce que mes projections avaient défini comme hypothèse la plus optimiste), mais mieux encore, transformer une citrouille en carrosse, propulsant 2013 dans le top 10 des trente dernières années... Seule 1998, par le passé, avait accouché d'un tel prodige.
Saison des cèpes 2014 : Faudra-t-il encore que l'été soit très chaud ?
Notre situation ne s'est pas améliorée depuis ma dernière publication : en effet, le curiculum vitae de l'hiver 2013-2014 reste famélique à ce jour, se bornant pour l'instant à la seule période de froid faible à modérée qui a sévi entre le 15 novembre et 10 décembre 2013 et qui n'aura quasiment aucun bénéfice sur la future saison des cèpes. Une seule gelée à -5 degrés c'est beaucoup trop peu et beaucoup trop faible. Si les températures se sont rapprochées des normales depuis une dizaine de jours, la période des fêtes et la première quinzaine de janvier furent particulièrement douces et pas trop désagréables du point de vue du ciel. Sans la moindre gelée la deuxième quinzaine de janvier a été caractérisée par des précipitations intenses, offrant des cumuls records, ringardisant ceux de l'hiver précédent. Si nous ne sommes pas actuellement en mesure de définir l'impact d'une saison hivernale exceptionnellement pluvieuse sur le mycélium (tout juste pouvons-nous soupirer d'aise en considérant que l'hiver et le printemps 2013 n'ont pas empêché une belle pousse automnale), l'absence de gelées et de grand gel ne sont pas générateurs d'un stress indispensable à la vitalité de la nature au printemps. En outre, alors que nous attaquons le mois de février, nous avons beau scruter, il faut bien admettre que pour l'instant, aucun organisme sérieux ne voit venir cette belle vague de froid salutaire que nous espérions encore il y a quelques jours. Dû à une mauvaise position de masses d'air qui n'en démordent pas, le froid cet hiver est partout mais pas chez nous. Autant dire que la teneur de la saison 2014 risque fort à nouveau de reposer sur les ardeurs de l'été. Plus concrètement, nous risquons fort de devoir encore nous en remettre à un été très chaud pour espérer trouver des cèpes à pleins paniers. Or rien ne garantit que ce qui est advenu en 2013, surgira encore en 2014. Si nous prenons l'habitude de collectionner les hivers indolents, inévitablement un jour viendra où l'été fera également pâle figure. Et cette année nos paniers voleront au vent.
Pour les prochaines semaines, un peu d'espoir tient en ce que les projections climatiques saisonnières ne sont pas non plus infaillibles, elles ont montré leurs faiblesses actuelles l'an dernier en étant débordées par un été qu'elles ne voyaient pas venir fin juin. Devant le caractère exceptionnel de la douceur actuelle, devant aussi le caractère exceptionnel des déséquilibres et anomalies constatés à l'échelle de l'hémisphère nord, on ne peut s'empêcher de penser que jusque là, cet hiver est un peu trop déjanté pour rentrer gentiment dans les rangs au cours des prochains mois, on se dit qu'une bonne vague de froid de fin d'hiver qu'aucun modèle ne prévoit, pourrait déjouer tous les pronostics. Mais, là-dessus, comme sur la saison des cèpes, je ne puis rien promettre...
Adishatz !