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Le Blog de Cristau de Hauguernes
29 décembre 2013

Champignons 2013 : une saison sauvée des eaux...

Au soir du 28 juin 2013, alors que, poussivement, mon bois mitoyen venait de me livrer son premier cèpe d'été, tout, depuis un hiver sans froid en passant par un printemps désespérément pluvieux et frais, jusqu'à cette trouvaille très tardive, concourait à nourrir pour la saison des cèpes 2013 de piètres ambitions.

Seule une improbable mousseronnière, entrée en éruption le 16 décembre 2012, détonne par son anachronisme et sa persévérance dans le courant de l'hiver, l'indigence fongique du premier semestre 2013. Entre la mi décembre 2012 et les premiers jours de juin 2013, après les abats d'eau itératifs considérables qui caractérisent cette période, y compris en février et mars, en bordure d'une petite route de l'Entre-deux-Gaves, dame nature me gratifie de quelques somptueux mousserons. À l'étonnement de les trouver à l'entrée de l'hiver, s'ajoute l'émerveillement et la stupéfaction de voir le mycélium remettre le couvert près d'une dizaine de fois depuis la mi janvier jusque début juin. Vous serez vraisemblablement déçu de lire qu'à l'heure où je rédige cette synthèse, malgré plusieurs fouilles obligées et méthodiques in situ, aucun calocybe n'a encore reparu.

L'honnêteté intellectuelle et la rigueur scientifique commandent de préciser que d'autres mousserons, au moins un, ont pu être trouvés au cours de l'hiver 2012-2013 dans l'Entre-deux-Gaves, comme ce fut le cas début janvier 2013 par mon beau-frère dans une localité voisine. Ce qui inclinerait à penser que cette espèce fût la seule à trouver cette basse saison exceptionnellement pluvieuse et obscure à son goût.

D'une manière générale, sans que l'on puisse parler de cueillettes pléthoriques, le printemps des mousserons, s'est avéré intéressant et particulièrement productif, les premiers plastronnant en première décade d'avril. Mais c'est surtout le mois de mai, particulièrement frais et pluvieux, après une embellie mi avril suivie de bons arrosages, qui a vu cette espèce, manifestement très à son avantage dans de telles conditions météorologiques, se multiplier et surprendre le simple promeneur autant que l'initié dans les lieux les plus inattendus voire inappropriés. Je me souviens ainsi d'une poignée de calocybes en voie de décomposition gisant au pied d'un poteau électrique à Burgaronne, ou encore de cet individu isolé, bonhomme, confondu sur une pelouse à quelques centaines de mètres sous les chênes américains. Mais ma plus belle trouvaille reste ces dizaines de mousserons robustes et rondouillets, organisés en demi-cercle, découverts de nuit sous un cèdre du Liban près du Cours Liautey à Pau, juste pour le plaisir des yeux et de l'insolite.

Cet intarrissable hiver de pluie ne semble pas avoir opéré les mêmes charmes sur la morille, dont la saison, comme ce fut le cas en 2011 et 2012, fut assez courte et très peu productive, du moins dans mes secteurs dévolus. Il aura fallu patienter jusqu'au 31 mars pour voir les premières poindre timidement. Ceci représente un retard d'une dizaine de jours par rapport à la date moyenne d'apparition, autour du 20 mars. En outre, déjà qu'elles étaient très clairsemées, ces infortunées morilles communes ont bientôt perdu leur course de vitesse contre la chaleur tout aussi soudaine qu'intense qui a fait irruption avant la mi avril. Seules celles qui avaient eu la bonne idée de venir à l'ombre ont survécu, après le pic à 32 degrés du 17 avril, les autres n'étaient plus que mitres étiolées dans l'ail des ours.

 

mv-13-04-13-22

 

Avec le retour de températures plus fraîches et de fortes pluies, un court instant nous avons caressé l'espoir d'une sorte de session de rattrapage des morilles en plaine. Il n'en fut rien. Après le 15 avril la saison se circonscrivit aux vallées des gaves, puis aux seules vallées pyrénéennes. où certains purent réaliser quelques cueillettes appréciables jusqu'à la mi mai environ.

À cette époque, l'ami Fabrice Guillon avait déjà ouvert son "compteur cèpes", dans ses belles chênaies sud girondines. Il conserva longtemps cet avantage où l'abnégation avait toute sa part...

En ce qui me concerne, hormis un sujet trouvé en roulant dans le sud des Landes le 16 juin, il m'aura donc fallu patienter jusqu'au 28 juin pour noircir mon carnet. On notera à ce propos que les premiers cèpes 2013, exclusivement des aestivalis, sont à quelques jours près contemporains du grand tournant météorologique de l'année vers les beaux jours et la chaleur amorcé le 24 juin. Outre le réchauffement (encore timide) des températures, c'est surtout le retour en force du soleil qui a pu favoriser le processus.

Au cours des jours suivants, malgré la chaleur de plus en plus intense, je trouvai régulièrement quelques cèpes d'été, allant de l'individu isolé à quelques unités. Avec le réchauffement des sols, le 10 juillet me délivra mon premier cèpe noir de l'année. Finalement, les fortes chaleurs eurent raison de cette première pousse de la saison, très modeste mais qui de par sa vaillance eut le mérite de raviver l'espoir, le 21 juillet.

La période s'étendant du 22 juillet au 6 août, la plus chaude de l'été, n'offrit que de très rares cèpes en plaine.

Cependant, dès le 7 août, quelques sujets égayaient de nouveau les sous-bois de plaine. Cette fois, les têtes noires prédominaient et il se trouva aussi quelques oronges, à partir du 15. Dans le courant du mois, cette pousse en sourdine mais finalement significative ne se démentit pas. Déjà le petit cercle des passionnés bruissait... L'été très chaud qui avait déjoué les pronostics des climatologues était-il aussi en train de changer la donne dans les bois ?

Finalement, le manque d'eau fin août puis les fortes chaleurs début septembre eurent raison de ces belles dispositions. Jusqu'au 20 septembre il ne se trouva plus grand chose en sous-bois.

Mais au soir du pic de chaleur de la première décade, modestement d'abord, le ciel avait rouvert ses vannes, dans une ambiance très automnale. La semaine du 16 au 22 septembre, apporta un arrosage final plus copieux Alors, à peine les pluies avaient-elles cessé, comme pour marquer leur impatience, les cèpes validèrent les espérances que leur bon allant de l'été avait fait renaître. Dès le 21 septembre les premiers pointaient un peu partout. Cette pousse "explosive", à la septembre 2003, gagna rapidement en intensité, battant son plein entre le 24 et le 30 septembre 2013. Puis elle déclina aussi promptement qu'elle était venue, de sorte qu'après les 6 ou 7 octobre, en dépit d'un nouvel abat d'eau début octobre, il n'y paraissait plus rien en plaine. La terminologie d'explosif est justifiée d'une part par la brièveté de cette pousse sur une grosse dizaine de jours, son intensité remarquable, et d'autre part par la célérité de croissance des cèpes, hâtés par le retour de températures très élevées en dernière décade de septembre. La prépondérance des cèpes noirs sur mes secteurs historiques, environ 65% des effectifs, ainsi que la très belle pousse d'oronges qui leur emboita le pas, attestent les conditions climatiques chaudes qui précédèrent et accompagnèrent cette pousse, alors que l'entame de saison avait avantagé très temporairement les cèpes d'été.

 

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Aussi curieux que cela puisse apparaître, malgré un mois d'octobre d'une bonne tenue, offrant des températures assez élevées, un très bon ensoleillement et quelques arrosages intercalés, il ne se trouva quasiment plus rien en plaine. Tout se passa donc comme si le mycélium, après avoir réalisé son plan annuel de carpophores, était subitement entré en dormance.

Quoi qu'il en soit, je totalise 396 cèpes sur mes secteurs historiques, ce résultat était inespéré fin juin et nous avons pu mesurer tous les bienfaits d'un été très chaud et sec sur une saison des cèpes mal en point. 2013 restera donc, avec 1998, comme une des rares saisons à avoir su échapper au destin misérable qu'un hiver sans froid et un printemps désespérément frais et pluvieux (ce ne fut pas le cas en 1998) lui avaient tracé pour arracher une belle sixième place au tableau d'honneur. 2003, pourtant favorisé par un hiver plus sévère, avec l'été de sinistre mémoire qui s'ensuivit, affiche 90 cèpes de moins au compteur.

Si les abats d'eau considérables des trois premières semaines de novembre ont très vite douché les derniers espoirs quant aux cèpes thermophiles, les initiés restèrent tenus à un éventuel réveil du cèpe de Bordeaux, plus tardif. Dans le contexte d'une saison mi-figue mi-raisin, sans véritable pousse, alors que le gel modéré blanchissait les taillis, après des années, de longues heures de randonnée infructueuses à travers les chemins et les bois de mon Entre-deux-Gaves, je tins enfin quelques dizaines de sujets de cette espèce, à ce point rarissime sur mes coteaux que je ne l'avais jamais rencontrée jusque là, en deux stations distinctes. Ces trouvailles égayèrent ma fin de saison et motivèrent mes longues marches durant la trêve des confiseurs...

 

be-30-11-13-51

 

2013 en plaine, se caractérise aussi par une faible saison des girolles, le printemps diluvien et frais, autant que l'été très chaud et surtout sans orage, semblent avoir rebuté cette espèce et les pluies modérées du mois de septembre n'y ont rien changé. Ce constat vaut pour les espèces tardives, les pieds de mouton, apparus courant octobre mais restés très discrets cette année tout comme les chanterelles en tube qui cependant sortent encore un peu. Seules les trompettes de la mort peuvent être créditées d'un automne correct et les coulemelles, quoi que venues sur le tard, ont été particulièrement abondantes ponctuellement.

La saison 2013 en montagne :

Dès que la neige eut fondu, que la pluie cessa et que le soleil put enfin réchauffer les pentes, les cèpes d'été en surprirent plus d'un dans la hêtraie-sapinière. Quelques sujets en prélude fin juin, mais, loin de faiblir, sans l'ombre d'un orage, l'activité mycélienne s'intensifia graduellement dans le courant du mois de juillet, aestivalis entrainant même pinophilus dans sa fureur de vivre. Après deux années d'indigence, au faîte de l'été, de par leur abondance ces cèpes conférèrent finalement aux sous-bois de hêtres l'allure de la grande pousse automnale.

 

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Seules les fortes chaleurs et l'aridité de la deuxième quinzaine de juillet finirent par avoir raison de cette pousse. Toutefois, lorsque la baisse des températures à des niveaux raisonnables et les orages l'autorisèrent, après le 15 août, une autre pousse vigoureuse d'aestivalis démarra, dans le creux des torrents thermorégulés, puis gagnant les pentes.

Si l'été 2013 nous a comblés en cèpes d'été en moyenne montagne (encore qu'inexplicablement, certains secteurs sont restés improductifs), il n'en alla pas de même pour la girolle, les girolles, devrais-je dire. Au tout début, nous mîmes leur retard au démarrage sur le compte des intempéries du printemps. Mais après le 15 août il fallut bien admettre que cette espèce n'était vraiment pas dans son assiette, même si l'automne apporta une légère amélioration à ce tableau.

Tenue aux sautes d'humeur du climat, début septembre, le cèpe de Bordeaux initia sa grande descente annuelle des sapinières vers la hêtraie. D'une durée assez comparable (de début septembre au 11 novembre), la poussée ne sembla jamais en mesure de soutenir la comparaison avec sa devancière 2012, mais permit tout de même quelques jolies cueillettes. Elle s'acheva vraisemblablement un peu en "queue de poisson" sous les gelées, les hallebardes de pluie froide et la neige, si éphémère fût-elle, qui sévirent dès le début novembre.

En première quinzaine d'octobre, favorisée par les températures très élevées de la fin septembre, une ultime pousse de cèpes d'été très productive a sévi sous les hêtres en dessous de 1000 mètres. Dès lors, jusqu'à l'extinction de la saison début novembre, on a pu noter la présence en nombre de très beaux cèpes de sapins à tous les étages, attestant globalement une saison 2013 très copieuse en altitude...

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