Cèpes 2013 : entre espérance et scepticisme...
Dévalé de derrière les fagots, ce soir on peut considérer que le premier coup de semonce de l'hiver 2013-2014 est derrière nous... Cette fois, contrairement aux derniers mois d'octobre, la plupart d'entre nous ont échappé aux gelées précoces tant redoutées sur les terrres d'élection des aestivalis et des aereus. Pour l'essentiel les gelées blanches ont affecté les régions où viennent les cèpes de Bordeaux, espèce nettement plus cryophile et dont nous savons qu'une ou deux nuits flirtant avec la barre du zéro degrés constituent souvent le choc thermique tant attendu. Nous pouvons donc raisonnablement affirmer que ces premiers frissons, loin de sonner le glas des espérances pour les uns, auront vraisemblablement donné le coup d'envoi pour les autres...
Reste que ce week-end, en regagnant mes terres d'élection, je fus quelque peu étonné en constatant que, contrairement à ce que j'avais imaginé depuis une semaine, le long cortège des champignons de parcs et de prairies qui préfigure les pousses d'octobre ou de novembre en forêt, ne s'était pas ébranlé... Et il ne me fallut pas bien longtemps pour comprendre qu'il en était de même en sous-bois.
Tout à mes cogitations j'objectai que les dernières pluies d'orage étaient encore trop récentes chronologiquement pour que l'on voie déjà le résultat d'un processus fongique. Ensuite, le rafraichissement sensible intervenu en cours de semaine, se traduisant au niveau du sol, avait probablement dû freiner le processus et il faudrait quelques jours de bonne douceur pour le relancer. Malgré tous mes efforts, je ne pouvais chasser complètement de mes pensées cette idée que peut-être 2013, à l'instar de 2003 qui lui ressemble énormément de par son caractère de pousse "explosive", avait livré la quasi-totalité de ses cèpes en une quinzaine de jours, et que désormais, à quelques unités près, il n'y paraîtrait plus rien...
Pour que vous compreniez bien mon analyse de la situation présente je me dois d'exposer une théorie qui est mienne et que je mets depuis quelques années à l'épreuve du terrain : il m'est avis que la nature définit pour les cèpes (et d'autres espèces) un quota de spores à réaliser propre à chaque exercice. Ce quota s'affirmerait, fluctuerait ou s'infléchirait au gré des saisons car serait essentiellement fonction des aléas climatiques, lesquels influent directement sur la "santé" de l'espèce. La rigueur de l'hiver enverrait en premier sa "commande", elle donnerait par là-même le tempo de la saison. Puis interviendrait l'été, avec ses éventuelles vagues de chaleur et ses périodes de sécheresse, et il ne fait guère de doute pour nous que nos paniers doivent beaucoup au dernier mois de juillet. À charge pour le mycélium de réaliser ce quota, comme il l'entendrait, le plus souvent comme il pourrait (ceci expliquerait au passage pourquoi certaines saisons les cèpes pousseraient fortement en été et beaucoup moins par la suite). Pour en revenir à 2013, et à la question qui nous taraude, ce soir on ne peut exclure que la saison (qui au sortir de l'hiver et du printemps s'annonçait piètre) ait tout simplement atteint peu ou prou son plafond, autrement dit réalisé son quota de spores déterminé par le dernier été. Auquel cas nous ne trouverions plus que quelques cèpes jusqu'à ce que les conditions climatiques ne les rebutent.
Quoi qu'il en soit, comme beaucoup j'attends fébrilement la fin de la semaine après quelques jours de bonne douceur...
Adishatz !