Et si la sécheresse brisait nos rêves de cèpes...
Les derniers jours d'août n'opérant vraisemblablement que des ajustements à la marge là où les orages auront été plus accommodants, l'été 2013 qui se retire avec son ensoleillement record et ses températures de haute volée, s'honore, entre autres bienfaits, d'avoir définitivement levé les inquiétudes que beaucoup fondaient légitimement depuis un hiver décevant et un printemps calamiteux, en une année sans cèpe. C'est que contre l'indigence accusée des précipitations et des températures oscillant souvent autour du seuil maximum propre à chaque espèce, les cèpes, d'abord aestivalis en juillet, puis davantage aereus en août, ont surpris et ravi bien des amateurs par leur dynamisme et leur détermination à sporuler, sans jamais toutefois soutenir la comparaison avec les étés 2012 et 2011 où le climat fut tout autre.
Si, au soir de la grande saison, il ne fait désormais plus de doute que les cèpes soient dans de relativement bonnes dispositions, l'espérance, pour ne pas dire l'optimisme qui se sont emparés du microcosme ces dernières semaines, votre serviteur y compris, gagneraient à être trempés dans cette donnée fondamentale afin de prévenir toute cruelle désillusion : 2013 reste une année éminemment ingrate sur le plan climatique. Or c'est ce même climat, si intangible puisse-t-il nous apparaître, qui tient le sort de notre saison fongique entre ses mains ces prochaines semaines.
Le scénario rêvé des chercheurs de cèpes, consisterait en de forts abats d'orages en septembre, voire début-octobre, 75, 100, 125 mm, se déversant en quelques jours sur un sol déshydraté et tenu bien chaud par les dernières ardeurs du soleil sur le déclin, induisant un choc thermique et hydrique comparable à septembre 2006. À défaut, beaucoup comme moi se satisferaient d'arrosages plus modérés mais itératifs au cours des deux prochains mois, favorisant une pousse moins fulgurante mais s'installant dans la durée et permettant à 2013 de recoller au groupe des années correctes.
Or, les rêves du mycologue, toujours fastueux et mirifiques, sont un, la réalité, souvent tenue par le contexte climatique propre à chaque année est tout autre. Ainsi, après l'anthologique premier semestre de pluie dont nous ressortons, mes statistiques personnelles, sises sur plusieurs décennies d'observation assidue, plaident plutôt en faveur de la poursuite de la sécheresse drastique de "compensation" qui sévit depuis juillet, au moins jusqu'à la Toussaint. Bien sûr, ce contexte général, si la nature le validait, n'empêcherait nullement une fenêtre météorologique de s'ouvrir et 100 mm d'eau de nous choir sur le rable en quelques jours, pour notre plus grand bonheur et soulagement, mais si la sécheresse devait effectivement jouer les prolongations, elle pourrait aussi s'avérer intraitable, comme en septembre-octobre 1985, 1988, ou encore 2001, jusqu'à l'avènement du froid et de la neige, début-novembre.
Voila, mes chers lecteurs, sans pessimisme aucun, ce dont je pensais devoir vous entretenir et vous prévenir, en ce mois d'août finissant...
Adishatz !