La saison des cèpes 2013 nage en terre inconnue...
De par son absence de froid incisif et persistant ainsi que sa pluviométrie exhubérente, l'hiver 2012-2013 aura laissé plus d'un scrutateur inquiet quant à ses effets sur la future saison de cèpes. Du reste, ceux qui me lisent assidûment, connaissent déjà ma position sur la question. L'unique espérance qui subsistait alors en une saison médiocre se fondait sur le scénario rêvé d'un printemps enfin ensoleillé et nettement plus chaud, favorisant l'assèchement des sols et l'élévation de leur température, puis provoquant des orages sporadiques, eux-mêmes déclencheurs de processus de fructification mycélienne...
Autant le dire, à l'endroit où nous sommes rendus du printemps, loin de les réaliser, le temps qu'il a fait depuis le mois d'avril semble avoir rassemblé toutes ses forces et s'être employé avec magnificence à ce seul objectif de doucher nos rêves et illusions. Comme j'écris, seuls de rares confrères et amis girondins et landais aux sols plus réactifs ont déjà cueillis quelques cèpes d'été. Le reste du sud-ouest trépigne, les pieds dans l'eau, et de toutes façons les sols y sont encore tellement froids en profondeur qu'on est encore très loin du seuil d'activation du mycélium..
Reste que ce printemps aux précipitations exceptionnelles et aux températures désespérément basses n'augure à priori rien de bon pour la suite de la saison. En près de trente années d'observations météorologiques amateurs assidues doublées de la tenue de carnets d'observation fongique, je n'ai jamais vu un printemps globalement pluvieux et frais accoucher d'une bonne voire excellente saison des cèpes, surtout si l'été qui a suivi s'est avéré lui aussi plutôt frais et humide. Seuls des étés ponctuellement très chauds comme 1987 ou 1998 ont su récupérer une situation bien compromise pour aboutir à des pousses ultérieures conséquentes. Ceci signifie donc qu'un renversement total, au gré des séquences climatiques futures, ne peut être d'emblée écarté, mais que les statistiques plaident nettement en défaveur d'une telle issue.
Pour finir, nous restons sur les mêmes interrogations qu'au sortir de l'hiver, car la séquence climatique en cours depuis octobre est absolument sans équivalent dans mes relevés personnels et sans précédent dans la plupart des relevés des stations météos françaises les plus anciennes. Nous ne savons donc pas, au final, comment Monsieur Mycélium agréera l'expression de ces débords célestes. Soit ils l'indiffèrent, alors 2013 s'acquittera vraisemblablement d'une saison au mieux médiocre, soit il s'en porte fort bien, auquel cas les risques d'une saison "blanche" ne sont pas négligeables, soit au contraire trop d'eau finit par le malmener et l'irriter, à la manière des grands froids, où le meilleur, quoique très improbable, deviendrait alors possible.
En ce qui me concerne, je m'en remets d'ores et déjà aux edulis et pinophilus de moyenne montagne pour sauver ma saison de la misère...
Adishatz !