Rejoignant ma bonne vieille ville de Pau, hier soir, après plus de deux mois d'absence contrainte, vers 23h15 je me lançais à travers les artères du chef-lieu béarnais, en vue d'écluser quelques pintes au comptoir du Garage...

D'emblée il m'apparut que la crise avait imprimé sa marque dans ces paysages suburbains si familiers. Les faubourgs de la cité étaient ceints d'une ample robe de verdure dont l'inhabituel n'était pas pour déplaire au naturaliste que je suis.

Du reste, comme propédeutique, l'insolite eut l'heur d'éveiller mon instinct de chasseur. Irrépressiblement déjà, j'allais précédé de mon regard folâtrant et furetant parmi les herbes folles alors que dépassant l'angle de la DDE je commençais à descendre le Cours Liautey.

À peine avais-je laissé sur ma gauche l'abri-bus de la Cité Administrative, mon attention fut aimantée par un attroupement de dômes rondouillets dont la clarté tranchait sur l'obscur de l'herbe grasse et des aiguilles du cèdre sous lequel ils venaient. Je me déroutai sur le champ, c'était à n'y pas croire ! Des mousserons ! Des mousserons splendides, poussaient en toute insouciance à quelques mètres d'une des principales artères de Pau. Transporté de joie et d'émotion je repris mon chemin vers les lumières du centre-ville. Toutefois, sur le chemin du retour, je pus en dénombrer une bonne quinzaine...

Les chiffres importent peu ! Pau, pour nos retrouvailles, s'était fendu d'un improbable présent... Un ravissant conciliabule de mousserons de nuit.