Et si les morilles n'étaient pas tellement dans notre assiette ?
... 23 mars 2013... Cela fait plus d'un mois que les jonquilles et les érythrones ont fleuri, les taillis blanchis de prunelliers ébruitent les amours ailées et le vol printanier des hirondelles fend l'azur des beaux jours revenus.
Dans ce contexte à priori très favorable, après un hiver très pluvieux, long, mais peu froid, après surtout un gros apport d'eau et d'azote délivrés par la fonte des neiges du mercredi 13 mars, nous sommes nombreux à scruter avec anxiété les berges de nos morillères dans l'espoir de voir enfin quelques mitres pointues ou oblongues s'ébaucher parmi l'ail des ours et la ficaire. Pourtant, après deux visites obséquieuses à ma minuscule ripisylve dédiée, la réalité du terrain nous somme de convenir qu'elles se font au mieux amoureusement désirer, comme à leur habitude...
Qu'aucune morille juvénile ne soit décelable dans nos stations favorites au 22 mars 2013, ne présente en soi rien d'alarmant surtout si nous sous-estimons l'impact que les pluies diluviennes et très froides de l'hiver et surtout l'eau de fonte des dernières neiges ont pu avoir sur la température des sols. D'expérience on les a déjà vues poindre en Béarn dès la première décade de mars après des hivers précoces, très froids en décembre mais finalement très ensoleillés et doux en février comme en 2001-2002. En d'autres temps, il fallut trépigner jusqu'à la mi-avril pour qu'elles daignassent enfin se montrer...
Reste que, l'extrême rareté des pézizes veinées (disciotis venosa) que j'ai pues inventorier, comme au sortir de chaque hiver, et l'absence remarquée des morillons (mitrophora semilibera) et dans une moindre mesure des verpes coniques (verpa conica), en cette dernière décade de mars où la maturité des premières égaie habituellement les frênaies de berge quand les seconds y érigent leurs tourelles reproductrices, ne sont pas sans prévenir l'observateur avisé que malgré toutes ses folles espérances et spéculations, un élément perturbateur (excès de précipitations, absence de froids incisifs, ...) s'est peut-être glissé dans le lent et fragile processus de ces espèces proches de la morchella, et qu'on ne peut donc plus écarter que la saison de cette dernière soit moindre que rêvée...
Adishatz !