Essai de projection fongique au 28 février 2013 : vers une piètre saison des cèpes...
Adishatz a tots/ Bonsoir à tous,
Une nouvelle saison de cèpes intrigue déjà en sous-sol qui inquiète nos méninges, au soir de cet hiver nombreux sont les passionnés brûlant de savoir quelle sera la teneur de l'exercice 2013.
S'il est quasiment impossible de prédire avec précision l'intensité d'une saison, sa chronologie et la quantité totale de bolets que celle-ci délivrera, la nature soumet à ses observateurs perspicaces et assidus, de précieux signaux autorisant à en dégager les tendances lourdes. Ma méthode, loin d'être infaillible car rudimentaire et écartant d'autres paramètres qui pour la plupart lui sont inconnus, tient que la courbe d'activité et de fructification du mycélium de cèpes serait plus ou moins inversement proportionnelle aux courbes de températures de la saison creuse. Autrement dit, plus un hiver sera rigoureux, plus nous trouverions de cèpes au cours des mois suivants, plus un hiver sera indolent, plus il serait à craindre que nos paniers volent au vent...
Pour établir et actualiser mes projections, je me réfère aux données climatiques "maison", entérinées, et je tiens compte des projections climatiques saisonnières actualisées et publiées régulièrement par certains services tels que celui le site de la chaine meteo qui fournit un outil précieux pour tout mycologue afin d'ouvrir des perspectives à plus long terme au cours de la saison froide. Au final, seul le temps validé par dame nature au sortir de l'hiver autorisera une projection fongique plus affine.
Des projections 2012 en grande partie validées in situ...
De l'avis de nombreux confrères, et sur la foi de mes propres statistiques, 2012 a validé en grande partie mon ébauche de projection mycologique (réalisée au cours de l'hiver 2011-2012) et qui voyait en elle une très bonne, voire une excellente saison, à défaut d'être exceptionnelle comme son aînée 2011. Toutefois, mes prévisions se sont heurtées aux limites inhérentes aux désordres climatiques propres à chaque année, la longue séquence de pluies très froides d'avril qui a retardé le démarrage de la fructification d'au moins quinze jours, mais aussi et surtout le refroidissement brutal et les gelées précoces de fin-octobre qui ont vraisemblablement scellé le sort de la saison, écourtant une grande pousse naissante et en interdisant peut-être d'ultérieures...
Saison des cèpes 2013 : Vers une piètre saison ?
La vague de froid faible à modérée de la dernière décade de février, si elle a au moins eu le mérite d'exister n'aura guère infléchi le ressenti général d'un hiver bien insipide, après un début de saison (à partir du 1er novembre) particulièrement doux, du moins sans froid mordant, sur la plupart de nos régions, avec quelques gelées blanches mais où, pour mon seul secteur de Salies, au 27 décembre 2012, je n'avais pas encore dénombré la moindre gelée inférieure ou égale à -5°, le niveau de froid, en dépit d'advections itératives, est resté extrêmement faible, que ce soit en janvier, de rares gelées à -1° en terrain dégagé n'affectant aucunement le sol des bois où mes thermomètres sonde ne sont pas descendus en dessous de 7°,1 à 15-20 cm de profondeur, ou encore en première quinzaine de février. Tous nos espoirs s'étaient donc reportés sur cette dernière décade de février, voire la première de mars puisque les vagues de froid de février-mars 2005 et mars 2010 ont récemment démontré que des gelées à -10 degrés pouvaient se produire très tard en saison en Gascogne. Hélas, avec 2 gelées isolées inférieures ou égales à -5 degrés, dont une à -7 degrés le samedi 23 février, faisant graduellement descendre les températures du sol de mon bois mitoyen entre 4°7 et 5°8 à 15-20 cm de profondeur, ce baroud d'honneur de l'hiver aura été très nettement insuffisant à inverser la tendance lourde repérée dès le mois de décembre et à présent, seules de très fortes gelées en mars (évènement rarissime après le 15) pourraient encore changer la donne. Dans ce contexte, tout en réitérant que seules importent les données météorologiques validées au moment de la projection, si nous devrions finalement éviter le scénario de l'année blanche (sans cèpe ou proche de la nullité) un certain pessimisme reste de mise quant à la teneur de la future saison 2013, d'autant plus que nous sortons de deux grands millésimes : la fructification des cèpes devrait être tardive, poussive et tout au plus médiocre. Seule une belle saison offrant des températures sensiblement supérieures aux normales, de longues séquences ensoleillées et sèches entrecoupées d'orages copieux, pourrait aboutir à cacher la misère, si ce n'est à l'atténuer. À ce jour, les projections climatiques ne donnent guère à espérer en ce sens.
Restent deux inconnues majeures, nous sortons de l'hiver le plus pluvieux depuis 1982-1983 et 1978-1979, cela ne me rajeunit pas et je n'ai qu'un très vague souvenir de ce que furent les saisons de cèpes consécutives à l'époque. La saison qui se profile nous donnera donc aussi de jauger l'impact éventuel d'un hiver extrêmement pluvieux sur le mycélium et sa fructification...
De même, lors de la saison 2012, il nous était apparu que le gel précoce d'avant Toussaints avait pu sensiblement écourter la fructification dans certains secteurs, notamment ceux de plaine où viennent les cèpes noirs et cèpes d'été, thermophiles. Si cette hypothèse dont nous n'avons pas encore fini de débattre se vérifiait, il n'est pas exclu que nous assistions ici et là à un report de fructification, 2013 héritant alors pour notre plus grand bonheur du reste de sporulation non assumé par 2012...
Enfin, pour les adeptes de cueillettes en montagne, après deux millésimes d'une indigence rare, et au sortir d'un hiver extrêmement neigeux et long dans la hêtraie-sapinière, on se dit que 2013 est condamné à mieux faire...
Adishatz !