Cèpes 2012 : Vers une nouvelle saison blanche dans les Pyrénées ?
Le verdict de ma troisième grande expédition annuelle en forêt d'Issaux est implacable et abondera les doutes qui doivent désormais habiter les bons chercheurs des versants pyrénéens. Déjà, les deux précédentes campagnes, quoiqu'un plus encourageantes que les premières de 2011 à la même époque, avaient validé les faiblesses d'un second printemps bien frais et surtout présentant un pourcentage d'heures ensoleillées, essentielles à réchauffer les pentes, faméliques. Il y avait bien quelques cèpes d'été entre 600 et 1000 mètres, sur les tertres et plateaux exposés au soleil, et davantage sur les crêtes orientées au sud, en lisière, entre 1000 et 1250 mètres. Cette fois, les hêtres grelotaient sur le sol détrempé et pavé des feuilles du dernier orage de grêle de samedi. Sur l'ensemble de la journée je n'ai totalisé que 5 misérables cèpes réticulés dont un seul était encore digne du panier. Et cette indigence vaut aussi pour les girolles qui pour le coup me semblent nettement plus à la peine et à la traine que l'an dernier.
De toute évidence l'été fait cruellement défaut en ce début de saison en montagne comme en plaine et le ballet des champignons, d'ordinaire luxuriant à cette époque, sonne le creux. Pour que le cèpe pousse en montagne en juillet-août, il faut que la fournaise des plaines le contraigne à y trouver asile, gîte et couvert. Lorsque la chaleur et le soleil forment les orages sur les sommets, dans le giron des Pyrénées cèpes et girolles foisonnent. Pour l'instant donc rien n'y fait, comment la chaleur pourrait-elle gagner les pâturages, à la peine qu'elle est en plaine ! Et ceci explique aussi pourquoi en Gascogne, le cèpe noir et l'oronge (amanite des césars), ne parviennent pas à prendre le dessus sur le cèpe d'été, moins thermophile et qui lui semble se mieux satisfaire de ces températures limitées.
Il est donc à souhaiter que l'été prenne ses quartiers le plus tôt possible, afin que le cycle fongique reprenne son cours, il est encore temps. Quelques semaines de chaleur modérée à forte, quelques pics caniculaires, de longues séquences ensoleillées toutefois entrecoupées d'orages salutaires lanceraient véritablement la saison estivale des champignons dans les Pyrénées. À tout le moins elles créeraient les conditions optimales de cette grande saison. Parce que malgré tout, il est impossible à cette heure d'écarter totalement l'hypothèse d'une seconde année "blanche" consécutive dans nos montagnes. Mais pour ce vérifier, lever les derniers espoirs et doutes, encore faudrait-il que les conditions météorologiques se normalisent.
Adishatz !