Le glas des morilles et des mousserons...
La poussée de fièvre du mercure de cette fin de semaine, sonne le glas de la saison des morilles et des mousserons 2012, en basse altitude à tout le moins.
Finalement, après avoir longtemps fait redouter le pire, la sécheresse drastique qui avait étendu son empire avec la vague de froid de février, et les coups de chaleur précoces du mois de mars, ont miraculeusement cédé dans les premiers jours d'avril sous les coups de boutoir d'un flux d'ouest zonal fortement arrosé et frais. Cette inflexion météorologique dont beaucoup de mycologues et en premier lieu, les mycophages printaniers, avaient commencé à désespérer, a finalement permis in extremis aux deux fleurons du lever de rideau, morilles et mousserons, de s'offrir à leurs adorateurs en plus ou moins grande quantité selon les régions.
Quantitativement, le millésime 2012 n'aura pas été exceptionnel, c'est peu dire, mais la qualité des spécimens rencontrés et le soulagement d'avoir évité la saison blanche invitent à se retourner avec une certaine bienveillance.
Dans mes stations, les premiers mousserons, héroïques, ont pointé durant la dernière décade de mars à la faveur de quelques averses et malgré un taux d'hygrométrie encore très peu favorable à la fructification. D'autres sont apparus dans les premiers jours d'avril, en plus grand nombre, à l'ombre de leurs aînés intrépides, suite aux arrosages plus copieux. Cette levée de tricholome de la Saint George vint à terme peu après Pâques. Par la suite, les puissants arrosages favorisèrent une seconde pousse, quoique plus limitée, principalement sur les vestiges de la première, dont certains spécimens adultes étaient encore visibles au cours du week-end des 5 et 6 mai. Comme en 2011 l'épopée des mousserons 2012, contrainte par le climat, est restée limitée et toutes mes mousseronnières répertoriées n'ont pas fructifié.
Les premières morilles sont nées dans les tout derniers jours du mois de mars, de façon très confidentielle. Par la suite, les précipitations du mois d'avril et la baisse des températures ont favorisé la formation de nouveaux carpophores, en quantité un peu plus appréciable, dans les premiers jours d'avril, mais aussi en deuxième quinzaine avec la persistance de ces conditions météorologiques. C'est entre le 20 avril et le 6 mai que la plupart de ces morilles vinrent à maturité en plaine, dans mes stations, attestant un retard d'une quinzaine de jours du processus, comparativement aux dernières saisons. Ce retard excède même un mois si on se souvient qu'en 2011, les dernières morilles n'avaient pas survécu à la vague de chaleur exceptionnelle des 2, 3, 4, et 5 avril. Notez aussi que toutes ces morilles sont venues dans les secteurs ensoleillés de mes stations, ceux exposés au nord étant restés totalement improductifs ce qui est peut-être la signature de la vague de froid de février.
Enfin, me faufilant dans l'intervalle d'une rare journée sèche, je suis monté en plaine de Bedous le 27 avril, où les morilles sont un peu comme une déesse en son temple. À ma grande surprise, je découvris très peu de vieux spécimens, surtout de tout jeunes sujets en quantité bien moindre qu'à l'accoutumée. J'en déduisis donc que la saison avait été tardive, consécutivement à la vague de froid et à la sécheresse, et globalement moins productive que la plupart des autres années...