Pourquoi malgré tout, nul n'effacera Mai 1968...
De plus en plus de collègues, notamment ceux marqués plus à gauche encore que moi, se rallient à ma position que finalement mai 68 fut l'année zéro du chaos en France et que dans beaucoup de métiers, dans notre vie de tous les jours, nous nous heurtons tous de plus en plus aux dysfonctionnements et difficultés inextricables, exténuantes et à bien des égards insurmontables que cette destructuration sociale, familiale et ce renversement de valeurs ont générés et qu'une fuite en avant dans les expérimentations fumeuses et hasardeuses, promue par les élites pensantes et dirigeantes, partagées entre laissé-aller néolibéral consumériste de droite et psychologisme sociétal de gauche, ont amplifiées.
Mai 68 était nécessaire à l'effondrement d'un vieil ordre du monde rigidifié parce qu'à bout de souffle et dépassé, ringardisé encore par l'évolution de la société. C'était du reste la principale aspiration des jeunes qui participèrent à ce mouvement en toute bonne foi. Le problème étant que pour l'instant aucune projection collective, aucune transcendance n'ont pu s'ériger au-dessus des individus, désormais libres parce que de plus en plus livrés à eux-mêmes dans un monde où tout continue à se dissoudre et à s'abîmer.
Reste que, devant l'impasse, la tentation est grande et sa mise en oeuvre de plus en plus ouvertement revendiquée par certains, d'un retour en arrière, d'une annulation de mai 68 via la restauration par les urnes d'une autorité, d'une verticalité qu'incarneraient par exemple l'aile droite de l'UMP et surtout le FN. Ces gens-là se fourvoient, outre que nous ne reviendrons pas en arrière parce que l'histoire ne repasse pas les plats et que les schémas sociaux et familiaux qui tenaient la société ante-soixante-huitarde sont parfaitement inapplicables à celle d'aujourd'hui, ces citoyens déboussolés oublient que les principaux pourfendeurs de mai 68 au FN et à l'UMP sont l'émanation la plus aboutie de ces évènements dont ils ont trop goûté les avantages personnellement pour les remettre en question quoi qu'ils en proclament...