La forêt des hommes...
J'ai surmonté des ronciers hauts de deux mètres, avec mon seul bâton pour frayer mon chemin. J'ai gravi des pentes raides, avec mes seuls ongles pour m'agripper aux parois et soulever mon corps. J'ai dû braver les plus terrifiants orages de montagne, essuyer la mitraille de grêlons et la cisaille de vents furibards qui faisait voler des troncs d'arbres au-dessus de moi. J'ai dû franchir des ondes en furie, godillots vissés sur l'éperon glissant des rochers au fil de l'écume rageuse... J'ai mis la main dans l'anfractuosité où nichait le frelon en coulissant le long d'un chêne... Un jour, avançant dans un buisson, je me suis même vu cerné de huit serpents sur un sentier... Pourtant, de tout ce que j'ai vu, de tout ce que j'ai fait, rien ne m'apparaît encore plus effroyable, plus inextricable et incompréhensible que cette forêt où pousse l'homme...