De la tentation de rétablir la peine de mort et de l'utopie malsaine du risque 0
Toute société générant "ses monstres", la violence, la barbarie, si abominables, si effroyables, si haïssables puissent-elles nous apparaître, sont inhérentes à la part d'ombre de l'humanité. Depuis longtemps des générations d'hommes de bien se sont attachées à prévenir et limiter au maximum leurs irruptions dans nos vies. Mais prétendre prévenir tout crime en éliminant son auteur n'est-ce pas se moquer du peuple ?... Le risque 0 relevant d'une utopie malsaine brandie par les tenants du tout sécuritaire, on nous ferait presque oublier qu'hélas, avant de passer à l'acte un criminel "non connu des services de police ou psychiatriques" est la plupart du temps un innocent, et que pour réduire au maximum le risque de "dérapage", il nous faudrait tous accepter une société de flicage généralisé, voire de séquençage génétique individuel à la naissance, afin de déterminer qui de nous présente les gènes, même en quantités infinitésimales et probablement inopérantes, qui du tueur en série, qui du pédophile, qui du violeur, etc... Avec chacun sa thérapie génique, éventuellement à vie, assortie... Je crois que nous aurions de forts désagréables surprises et que beaucoup d'entre nous serions fort gênés... Or la vie d'un être humain peut-elle se lire comme le déterminisme du seul séquençage génétique individuel ? N'est-elle pas aussi et avant tout le produit d'une éducation et d'une culture émancipatrices, celles-là mêmes sur lesquelles nos gouvernants ont cessé de miser depuis quelques décennies... Vivre comporte sa part de risques, dont certains inconcevables pour les gens civilisés que nous sommes, doivent être contenus au maximum, mais il est totalement irresponsable d'utiliser l'émotion du peuple pour lui donner à croire qu'on pourra éradiquer le mal...