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Le Blog de Cristau de Hauguernes
20 décembre 2010

Vers la fin des temps romains

Première invasion germanique :

Epargnée par la première déferlante de 259-260, la Gascogne est touchée de plein fouet par celle de 275 à 282. Les bandes barbares dévalent du seuil du Poitou comme aimantées par les trésors monétaires enterrés à la hâte par les aquitains de la Gironde à l'Adour, dans la haute vallée de la Garonne ainsi qu'à Lectoure. Finalement, entraînant avec elles leur sinistre cortège de pillages et d'outrages, elles n'envahissent que les cours supérieurs de la Garonne, du Gers et de la Save et n'atteignent pas Toulouse. Les sites n'étant pas fortifiés subissent d'autant plus de dégats que leurs richesses sont alléchantes. Les villes furent transformées, reconstruites à la hâte avec les matériaux détruits à la fin du III° et au début du IV° siècle. Paupérisés, les vieux quartiers bénéficient de réfections grossières à Saint Bertrand de Commenges, Lectoure et Eauze notamment. Les villes-basses relèvent la tête dans le courant du IV° siècle avec l'avènement d'un nouvel artisanat tourné vers le marché local. Les années 325 à 350 furent pour les villas de Montmaurin, Séviac, Beaucaire sur Baïse, Cadelhan Saint Clar et de Valentine celles du plus grand faste, l'apogée du marbre et des mosaïques. Quoique tourmenté politiquement ce siècle qui marque aussi le retour de la prospérité dans les campagnes reste donc fondamentalement romain, les bornes milliaires attestant la permanence d'un commerce intensif avec Rome.

Le déclin

Investis par l'aristocratie sénatoriale, Ausone et ses partisans tiennent tous les acquis et conquêtes de leur civilisation pour éternels, à l'instar de Rome, même si dès 360-370, et sans corrélation avec le triomphe du Christianisme, l'essor rural s'essouffle. À Montmaurin une stagnation économique est observée de 364 à 383 sous Valentinien comme à Saint Bertrand de Commenges, Séviac et Lectoure. À la fin du IV° siècle l'agitation et l'angoisse sociales sonnent le glas de la Renaissance Constantinienne.

En 409-410 les Vandales passés par Bordeaux envahissent Bazas, Eauze, Toulouse et Saint Bertrand de Commenges (ce qui restait de la ville basse fut détruit). Les villas de Séviac, Beaucaire sur Baïse, Montmaurin sont incendiées, démolies voire rasées. Depuis la Palestine Saint Jérome28 estime que la Novempopulanie compte parmi les régions les plus touchées. Pour l'évêque d'Auch la Gaule est "comme un bûcher fumant". Trois ans plus tard la première invasion wisigothique, très violente sur l'axe Narbonne-Bordeaux, parachève le tableau. La population fut soumise à leurs lois et dut abandonner durablement les faubourgs et se réfugier dans une enceinte auprès des autorités religieuses et municipales résiduelles. Dans les campagnes elle campa sur les ruines des villas incendiées et l'art de bâtir en dur se perdit pendant plusieurs siècles. Ne goûtant point la civilisation romaine les Barbares tinrent pour sièges les chapiteaux de marbres de Montmaurin, aménagèrent des stalles d'écuries sur les mosaïques de Séviac et enfoncèrent d'énormes pieux dans celles de Beaucaire sur Baïse. Barbares et aquitano-romains enterrèrent leurs morts dans les ruines. Dès le début du Vème siècle, l'accord passé avec l'Empereur Honorius29 en 418 fit des Wisigoths les nouveaux maîtres de la Novempopulanie. Effrayés par les villes les occupants se donnèrent Bordeaux et Toulouse pour capitales tout en fixant chefs et soldats en campagne. Guerriers officiellement au service de Rome ils n'avaient pas à travailler la terre et de ce fait rien ne changea. Au nombre approximatif de 100 000 ils étaient bien trop peu nombreux pour modifier le fond ethnique aquitano-romain, encore moins imposer leur langue. Ils confortèrent la pratique de l'inhumation et terrifièrent une population romanisée de par leur aspect farouche, leurs vêtements de peaux de bêtes et leur arianisme. Reste que si en Novempopulanie la cohabitation fut plus pacifique et prompte qu'ailleurs dûe au moindre nombre de Barbares en qui l'aristocratie aquitano-romaine vit les garants de ses privilèges, l'apport des Wisigoths à l'Aquitaine frise la nullité.

Notes :

28

Saint Jérome ou Jérome de Stridon (Eusebius Sophronius Hieronymus) : né vers 347, mort en 420. Auteurs de nombreux écrits mais surtout connu pour avoir traduit la Bible.

29

(Flavius) Honorius : né en 384, mort en 423, empereur romain d'Occident de 395 à 423.

Parties

I Introduction

II La Gascogne. L'Aquitaine de la Préhistoire au premier âge du fer

III La venue des Celtes

IV La conquête romaine en Gascogne

V La romanisation de la Gascogne

VI Vers la fin des temps romains

VII La reconquête des Basques et la naissance la Gascogne

VIII Et nouste Bearn dans tout çà

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